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Biennale de la danse : "Auguri" le marathon hypnotique d'Olivier Dubois

Le chorégraphe Olivier Dubois présente à la Biennale de la danse de Lyon la première française de sa nouvelle création "Auguri". Jusqu'au 24 septembre 2016, la scène du TNP de Villeurbanne se transforme en odyssée contemporaine où 22 danseurs courent vers une seule et même quête : le bonheur. Le spectacle partira ensuite en tournée en France.
Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 1min
  (Markus Scholz/DPA Picture alliance / MAXPPP )

Olivier Dubois, chorégraphe et directeur du ballet du Nord, pose avec "Auguri" le point final de sa trilogie "Etude Critique pour un trompe l'oeil".

Débuté en 2009 avec "Révolution" poursuivi avec "Rouge en 2010, "Auguri" s'inscrit donc comme la deuxième partie du très engagé dyptique "Tragédie".

Après "Tragédie", "Auguri" serait-il porteur de joie et de bonheur absolu ? Rien est moins sûr.... 


A la poursuite du temps qui passe 

Si "Tragédie" se terminait par une interminable marche d'hommes et de femmes nus, "Auguri" s'ouvre après une longue et lente introduction dans le noir puis ne fait que monter en puissance. La musique de François Caffenne et les lumières de Patrick Riou offrent une symphonie électro glaciale et inquiétante. Par ici un visage s'éclaire derrière un container, par là le bruissement d'un corps s'échappe dans la nuit. Bien installé dans le creux de notre fauteuil on se prépare à une suite fulgurante. 
  (FRANÇOIS STEMMER)

Ode à la joie 

Pour écrire "Auguri", Olivier Dubois s'est nourri de littérature, des textes de Lucrèce, et de philosophie, mais aussi de déambulations nocturnes dans les rues. Tout s'est alors articulé autour de la question de l'humanité et de la quête absolue du bonheur.

C'est précisément cet acte de vie que les 22 interprètes transcendent sur scène. Petit à petit, le groupe grossit et se concentre, les danseurs sont des coureurs de fond ou de vitesse. Ils fuient, s'évitent et s'envolent. La performance va durer près d'une heure dans un seul et même souffle. 

C'est une course d'urgence à l'endroit même du déséquilibre, les danseurs sont obligés de fournir beaucoup d'efforts pour ne pas tomber.

Olivier Dubois

Accouchement dans la douleur

 Dans "Auguri", Olivier Dubois, se révèle une fois encore dans sa complexité. Il livre une pièce monolithique et malgré tout protéiforme. "Je ne peux avoir qu'une seule idée en même temps", avoue-t-il. Et quand il en tient une d'idée,il ne la lâche pas, il la triture dans tous les sens jusqu'à l'épuisement. 

"Auguri" d'Olivier Dubois présenté au TNP de Villeurbanne dans le cadre de la Biennale de la danse
 (Markus Scholz/DPA Picture alliance / MAXPPP )


C'est à Hambourg, dans une ancienne usine que le chorégraphe a peaufiné cette nouvelle création.

Cette création ne s’est pas livrée facilement, ça a même été douloureux

Un coach sportif pour la préparation des danseurs

"Auguri" implique les danseurs dans un engagement physique tel que le lendemain de la première séance de travail, "90 % du groupe étaient au lit, ils ne pouvaient plus bouger !", se souvient-il. Mais pour Dubois, pas question d'abandonner. Le groupe doit rester uni.

Il fait alors appel à un entraineur sportif de haut niveau qui prend en charge l'alimentation et la préparation physique des danseurs. 

Je lui ai montré "Tragédie", il m'a répondu "Ah oui il y a du matos" !

  (Markus Scholz/DPA Picture alliance / MAXPPP )


Une fois la préparation physique acquise, ce sont des corps poétiques qui s'expriment dans une course effrénée. Chez Dubois le danseur est un être pensant confronté à l'urgence.  
 

Seul le vivant m'intéresse, la notion de résultat n'importe pas parce que c'est un travail vivant en perpétuel ajustement, au début c'est du gros œuvre et ensuite c'est de l'orfèvrerie

  (FRANÇOIS STEMMER)

Un plaidoyer pour l'humanité et la nature 

"Auguri" serait-il une image d'un bonheur prétendu ou l'image d'une humanité enchaînée ? L'oeuvre d'Olivier Dubois en abordant les questions philosophiques qui le tourmentent, peut plonger parfois le spectateur dans une mélancolie tenace. 

Si une chaîne humaine semble se créer, les corps fuyants tournoient, se laissent porter, s'entrechoquent puis disparaissent en dégoulinant. 

"Au début je voulais faire quelque chose d'optimisme mais le constat a été beaucoup plus pessimiste. Cette recherche du bonheur passe probablement par la disparition [...] La vie n'est que quête,  il faut peut-être disparaître pour trouver le bonheur",  explique le chorégraphe

  (FRANCOIS STEMMER)


Sur le plateau, les éléments se déchainent, l'océan gronde, les corps s'emmêlent dans une très belle fresque mouvante.
Tels des oiseaux de mauvaise augure, les volatiles migrent sur des containers transformés en "Radeau de la méduse".

On doute fort qu’Olivier Dubois n'ait voulu parler que du bonheur. Il y a dans ce mouvement de résistance comme un écho à l'actualité. Chacun y verra sa propre interprétation.

J'ai l'impression de me perdre sans arrêt . Je ne fais que m'égarer mais je le revendique cet égarement.

Olivier Dubois - Chorégraphe - Directeur du CCN Ballet du Nord
A la fin du spectacle, les 22 danseurs hagards et brûlants semblent eux-aussi en plein égarement. 

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Après Lyon, Auguri partira en tournée : 
30 septembre au Festival TorinoDanza - à la Lavanderia a Vapore di Collegno - 10124 Turin - Italie
4 novembre au Grand théâtre de Provence à Aix en Provence
6-7 décembre à l'Opéra de Lille
22-24 mars au Théâtre National de Chaillot

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