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Brigitte Lefèvre quitte l'Opéra de Paris : 15 grands souvenirs en photos

Article rédigé par Sophie Jouve
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
A Garnier le 4 octobre, une soirée exceptionnelle rendra hommage à Brigitte Lefèvre, directrice de la danse pendant 20 ans (une soirée à suivre en direct sur Culturebox, à partir de 20h30). Cette grande dame à la poigne de fer qui sera remplacée par Benjamin Millepied, a fait de cette troupe l'une des toutes meilleures au monde. Elle commente pour nous, 15 grands moment de sa carrière.

Eric Fefernerg/AFP

"C'est l'école de danse de l'Opéra, à l'époque c'était vraiment vétuste. Cette classe A, je m'en souviens bien, là je regarde avec attention Huguette de Vanel, professeur terrible, très très exigente et le chorégraphe Harald Lander. Ce n''est pas par hasard que j'ai souhaité vous montrer cette photo, c'est parce que j'ai vraiment voulu que son ballet "Etudes" puisse être présenté lors du programme du 4 octobre. Il était directeur de l'école de danse, il était danois, je le regardais avec beaucoup d'attention, je voulais savoir si ce que je faisais convenait.  
Je suis entrée à l'école de danse à 8 ans, là je dois avoir une quinzaine d'années. C'est touchant de revoir toutes ces jeunes filles. Il y a beaucoup de mes camarades que je vois là qui ont été renvoyées. On avait de la peine quand elles partaient, il se liaient quand même de réelles amitiés; plutôt complexes, car les places étaient réduites, on voulait être la meilleure, il fallait savoir résister à toute cette pression". 
 (Roger Picq)
"Cette photo, c'est un grand moment ! Me voilà avec Jacques Garnier, mon compagnon de route, mon frère d'affection et de travail, avec qui j'ai créé en quittant l'Opéra national de Paris en 1972, la Compagnie du silence ,que nous avons installée à la Rochelle jusqu'en 1985. 
Le 4 octobre, Elisabeth Platel a proposé que l'on reprenne "Aunis", un trio de garçons que Jacques Garnier avait chorégraphié avec beaucoup d'émotion. Ce ballet qui évoquait son enfance à Saint Gilles Croix de Vie, mêle danse classique et danse traditionnelle.
Cette photo est hors du temps, je suis maquillée comme une idole asiatique, un gros maquillage, presque un masque ! J'aime bien cet abandon retenu sur Jacques".
 (Francette Levieux)
"Là nous interprétons, avec Jacques Garnier, un ballet absolument magnifique de Merce Cunningham pour lequel je continue à avoir une admiration sans bornes. C'est quelqu'un qui sait rendre la complexité de la nature. J'ai été éduquée en regardant les ballets de Merce qui étaient à la fois très virtuoses, très complexes, et qui nous donnaient l'occasion d'être en relation avec quelque chose de plus expressionniste. Dans ce ballet -Summerspace-, nous sommes habillés de façon identique, avec des collants qui se confondaient avec le décor. C'est une merveilleuse expérience de travail avec Merce, qui m'a appris à être, sans vouloir paraitre". 
 (Francette Levieux)
"Etudes" de Harald Lander, avec Karl Paquette, Dorothée Gilbert et Josua Hoffalt.
 (Sébastien Mathé/Opéra national de Paris)
"Rolland Petit est chez lui à l'Opéra de Paris, c'est Sa maison. Il n'aimait rien de tel que saluer les techniciens, la presse, il était plus réticent vis-à-vis de la direction et des autorités. Il aimait aussi beaucoup parler aux jeunes. Il est venu créer-Notre dame de Paris- à l'Opéra. Dans le rôle de Quasimodo, il était extraordinaire. Moi je dansais dans le Corps de Ballet, c'est pour ça que j'ai beaucoup de respect pour tous les danseurs. Cela m'a appris qu'on peut faire un petit rôle et être vraiment investie.
C'est un être incroyable, très changeant, mais en studio quand il montre un mouvement à un danseur on est transporté, il était tellement juste avec une saine théâtralité si je peux dire. Il nous disait -Soyez branchés ! -on comprenait ce qu'il voulait dire par là".
 (Icare/Opéra national de Paris)
"Forsythe, c'est la modernité incarnée. Il sera également présent dans cette soirée qui marquera mon départ. Il a travaillé sous la direction de Rudolf Noureev, qui l'a sollicité pour  "In the middle", qui a permis à une génération de danseurs vraiment remarquables de danser ce grand ballet contemporain (Laurent Hilaire, Manuel Legris, Isabelle Guérin, Sylvie Guillem puis repris par José Martinez…). Et moi même je lui ai demandé de faire deux créations qui seront présentées le 4 octobre : Woundwork et Pas/part. Des ballets remarquables, stimulants. Ils montrent à quel point cette technique classique, utilisée dans une pensée d'aujourd'hui, additionnée à presque une science de l'espace et à cette façon de détourner le mouvement, peut être extraordinaire. Regarder Forsythe faire répéter, il a un avant et un après".
 (Anne Deniau/Opéra national de Paris)
"Maurice Béjart et son Ballet du XXe siècle. C'est lui qui a fait entrer la danse dans les palais des sports, Jean Vilar l'a invité au Palais des Papes, c'était le premier grand chorégraphe en Avignon. Il avait cette façon, parfois grandiloquente, d'aborder les plus grands thèmes par la danse, comme dans Messe pour un temps présent. Il avait des danseurs fabuleux, évidemment Jorge Donn et son fameux Boléro. Et puis il y avait la présence de Maurice à l'Opéra de Paris, moi j'étais très fan club ! Il a voulu confier "L'oiseau de feu" à Michael Denard, et il lui a proposé de prendre ses amis comme partisans. C'était un moment magnifique. La première a eu lieu au Palais des Sports, avec un immense succès pour Michael et aussi pour nous".
 (Jacques Moatti/Opéra national de Paris)
"John Neumeier était très ami avec Maurice Béjart. Je l'ai découvert au théâtre de la Ville avec son "Sacre du Printemps", et avec son "Magnificat" dans la Cour d'Honneur en Avignon. C'est un homme d'une grande culture chorégraphique, un grand collectionneur de tout ce qui concerne Nijinski et Diaghilev. Un immense chorégraphe qui a une connaissance de chaque mouvement, l'art des pas de deux. J'ai été très heureuse de faire entrer son "Onéguine" au répertoire. Je suis fière de pouvoir dire que je suis son amie".
 (Jacques Moatti/Opéra national de Paris)
"Mats Ek, je voulais absolument qu'il fasse une création pour l'Opéra et il l'a fait. C'était - Appartement - avec une distribution magique : Le Riche, Gillot, Kelarbi, Martinez… Mats Ek a une vraie force théâtrale. Ce bidet devant le rideau me fait penser à Marcel Duchamps ! "
 
 (Sébastien Mathé/Opéra national de Paris)
"Et puis Pina. Je trouve que c'est une belle photo, parce qu'on connait bien sûr ces magnifiques clichés de Pina toute jeune fille, mais là c'est elle dans la grâce d'une femme en pleine maturité, avec ses lunettes. Elle reste d'une beauté absolue. Elle est en train de montrer, de donner, et en même temps de ne pas faire une démonstration. J'adore ses mains. C'est quelqu'un qui a énormément compté pour la danse, qui a énormément compté pour moi, parce qu'il y a elle et beaucoup d'amis autour. Gérard Violette, Dominique Mercy…Une espèce de bande autour de cette femme, si discrète et en même temps si volontaire". 
 (Ursula Kaufmann/Opéra national de Paris)
Les chorégraphes, Brigitte Lefèvre voudrait les citer tous : "Jiri Kilian, Angelin Preljocaj, Edouard Lock, Pierre Rigal, Nicolas Paul, Blanca Li, José Montalvo, Pierre Lacotte… Découvrir des chorégraphes c'est formidable. Millepied qui va me remplacer a un vrai  charme, un style de synthèse et à la fois personnel. Et Jérôme Bel, quelqu'un de très étrange, en rupture permanente. Il a fait parti de ce mouvement qu'on appelle la non danse qui peut paraitre très provoquant, mais je l'apprécie beaucoup. Il a travaillé avec des gens différents, des handicapés... J'avais très envie qu'il marque sa présence. Il m'a proposé un solo d'une danseuse du Corps de Ballet, Véronique Doisneau. Elle y montrait ce qu'elle était, ce qu'elle faisait, ce qu'elle aimait et ce qu'elle aimait moins. C'était vraiment formidable". 
 (Icare/opéra national de Paris )
"Aurélie Dupont, j'aime beaucoup cette photo, avec ce voile ultra léger dans le ballet Siddharta d'Angelin Preljocaj, chorégraphe qui a beaucoup compté pour la compagnie. Aurélie Dupont est une très très belle artiste, une des premières que j'ai nommé étoile. Elle me surprend toujours".
 
 (Anne Deniau/Opéra national de Paris)
"J'aime beaucoup Laëtitia Pujol, sa grâce..."
 (Anne Deniau/Opéra national de Paris)
"Les danseurs, je pourrai en parler des heures, j'en suis fatigante. Marie-Agnès Gillot, Alice Renavand... Mais je ne suis pas là pour donner des points. Je suis très heureuse de voir que Kader Belarbi est le patron du ballet de Toulouse, Manuel Legris celui de Vienne, José Martinez est à Madrid et j'espère que ça continuera. Nicolas Le Riche m'a toujours vampée, étonnée".
 (Laurent Philippe/Opéra national de Paris )
"Sur cette photo du défilé, ils sont tous là ! J'adore les voir défiler (ce sera l'un des évènements du gala du 4 octobre retransmis sur Culturebox à partir de 20h30). C'est une magnifique compagnie qui est impatiente de découvertes..."
Un livre relate les années Brigitte Lefèvre à l'Opéra de Paris : "1992-2014 Ballet de l'Opéra naional de Paris" (ouvrage disponible à la librairie de l'Opéra Garnier)
 (Elena Bauer/Opéra national de Paris)

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