"Cendrillon" à l’Opéra Bastille : success story à Hollywood !
L’ouverture de "Cendrillon" est assez traditionnelle, la souillon balaie, entourée de ses deux chipies de sœur, de sa marâtre (incarnée par un homme, Alexandre Gasse) et de son père alcoolique. Au fond du très beau décor avec verrière d’acier, une statue de la Liberté et sur la cheminée une caméra en or. Premiers indices que la Cendrillon, version Noureev de 1986, ne va pas vraiment tourner au mélo.
Pastiche
On est dans le registre du pastiche. Voici le conte de Charles Perrault transposé dans l’univers du cinéma hollywoodien des années 30. Avec une Cendrillon (Dorothée Gilbert) qui se déguise en Charlot ou se prend pour Ginger Rogers cherchant son Fred Astair : deux jolis moments. Et moult références aux réalisateurs du cinéma mondial : Stroheim, Lubitsch, Carné…Découverte par un producteur, la jeune fille va échapper au triste destin que lui promettait sa famille, faire ses débuts en séduisant la vedette masculine. Un univers hollywoodien qui aurait été soufflé à Noureev par son décorateur Petrika Ionesco. Une success story qui rappelle celle de l’immense danseur, qui s’est visiblement bien amusé à chorégraphier cette Cendrillon sur la musique de Prokofiev.
Starlettes, limousine et "King Kong"
On croisera des starlettes, de jeunes premiers, une superbe limousine qui fait office de carrosse. On assistera au tournage de "King Kong", et à la recherche éperdue de Cendrillon par l’acteur-vedette à travers une taverne espagnole, un bouge chinois, un cabaret russe.Cette Cendrillon à Hollywood distrait, mais la danse est un peu étouffée par la scénographie grandiose et kitsch. Seuls les pas de deux du couple vedette impriment notre rétine, éblouissants de légèreté mais poignants.
Dorothée Gilbert et Hugo Marchand magnifiques
Dorothée Gilbert est une Cendrillon dotée de grâce et d’une touchante expressivité. Hugo Marchand, un jeune premier d’une élégance désinvolte et d’une beauté à faire chavirer les cœurs. Convaincants, également, Alessio Carbone en producteur découvreur de talent et Alexandre Gasse en marâtre. Les deux sœurs, Emilie Cozette et Ida Viikinskoski, sont très drôles en danseuses maladroites.Ce ballet, on l’aura compris, n’est pas forcément celui que nous avons préféré au moment de Noël. Mais outre qu’il est tout de même un véritable spectacle de fête, nous y avons aimé le contraste entre le monde de l’artifice qui nous est décrit et la pureté de l’amour, autant dire la pureté de la danse.
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