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Faire danser la musique de Nico Muhly

Lieux de rencontres et de créations, Les « Subsistances » à Lyon, viennent d’offrir au public une passionnante rencontre entre un compositeur contemporain américain, Nico Muhly et quatre chorégraphes aux univers très différents.
Article rédigé par franceinfo - Franck Giroud
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (Matthew Murphy)
Depuis des années, le site de créations artistiques « les Subsistances » propose au public des expériences inédites et toujours pleines de surprises. Après David Lang en 2012 et Julia Wolfe en 2013, cette formule pouvait se résumer cette fois sous forme arithmétique : 1 + 4 = 1. Autrement dit, 1 compositeur + 4 chorégraphes = 1 « aire de jeu » pendant une semaine.

Tout commence par l’œuvre musicale de ce petit prodige de la composition contemporaine, muri sous l’aile bienveillante de la star minimaliste, Philip Glass. Nico Muhly, 33 ans a vu son nom associé à la fois aux grands interprètes classiques Hilary Hahn, le Lincoln Center à New York, ou Benjamin Millepied et le New York City Ballet. Mais aussi des noms de la pop comme Björk ou Antony Hegarty d’Antony and The Johnsons.

Les chorégraphes invités par les Subsistances à créer une œuvre autour d’une partition de Muhly ont choisi de travailler autour de pièces de chambre, mêlant piano solo ou piano et cordes interprétées sur le plateau.

Trois choses vues pendant ce mini festival
  (Xavier Boyer)
"Loom" de Yuval Pick se présente sous forme d’un duo au féminin. Une forme assez inédite pour ce chorégraphe, directeur du centre chorégraphique national de Rillieux la Pape (69) qui a beaucoup travaillé sur l’énergie brute masculine. Cette fois, deux danseuses en attractions répulsions dont les mouvements circulaires partant du bassin s’influencent l’une l’autre. L’une déclenche le mouvement de l’autre, l’autre repousse l’espace de l’une. Une sorte de champ magnétique semble les maintenir à distance. Sur leur rythme scandé par leurs souffles, la musique surgit par séquences de piano solo. A sa façon, musique et danse soulignent les silences de cette pièce à l’énergie douce.
 
  (Daniel Tchetchik)
"Lie like a Lion" de Yasmeen Godder, dansé et joué par Yasmeen Godder et son masque de lion aux crocs de loup garou et aux longs poils blonds. Entre animalité et provocation. Regard défiant le public, doigts crochus et démarche déterminée ou tremblante, Yasmeen Godder semble vouloir expulser des souffrances bien loin de la musique de Nico Muhly, piano-violon, piano-alto.
 
  (DR)
Kyle Abraham avec «Frail » était très attendu. Ce jeune danseur et chorégraphe new yorkais arrivait avec la réputation du meilleur danseur et chorégraphe de sa génération. Il faut dire qu’il est passé par le New York Live Arts dirigé par Bill T Jones. Chorégraphe noir américain qui a enchanté les années 90 de la danse contemporaine. Surgissant du fond de scène dans une lumière tamisée, Kyle Abraham propage d’emblée une énergie potée par la musique du piano et du quatuor à cordes interprétant les pièces de Nico Muhly. Vêtu d’une combinaison et d’une perruque en longs strass façon guirlande de Noël, il irradie la scène. Chaque mouvement de bras, chaque tour semble expulser son énergie. La lumière reflétée sur ce costume brillant crée une rémanence qui sans agression nourrit l’œil d’une force dansée. Et comme pour ne pas se limiter à l’effet visuel de ce costume lamé, le soliste quitte petit à petit ses strass pour continuer sa danse en simple costume noir. Le mouvement reste le même, sans artifice en parfaite symbiose avec la musique. Enfin 1 + 1 = 1. 1 chorégraphe rencontre 1 compositeur.
 
 
 

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