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Festival d’Avignon : avec "Autobiography" Wayne McGregor chorégraphie son ADN dans une transe ésotérique

Référence majeure de la danse contemporaine, le britannique Wayne McGregor créé à Avignon "Autobiography", un manifeste du corps comme archive vivante.

Article rédigé par Jacky Bornet
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié
Temps de lecture : 3min
"Autobiography", chorégrahie de Wayne McGregor, création à Avignon 2019. (© Christophe Raynaud de Lage)

23. C’est le nombre de séquences contenues dans l’ADN de tout être humain. Wayne McGregor a chorégraphié en autant de tableaux l’analyse de son ADN par les laboratoires de Cambridge et aux Pays-Bas pour Autobiography. Une expérience biologique et sensuelle, où s’imbriquent passé, présent et futur, donnée au Festival d’Avignon du 18 au 23 juillet, au Cour du Lycée Saint-Joseph.

Algorithme

Dans la magnifique cour du  Lycée Saint-Joseph d’Avignon, sous les étoiles, la scène se remplit de brumes qui galvanisent l’espace. Elles ne la quitteront plus. Le plateau est surplombé d’une structure métallique cruciforme en triangles répétés comme un plafond. Des éclairages savants accompagnent, surlignent la magnifique partition électronique de Jlin qui travaille depuis de nombreuses années avec Wayne McGregor. Les danseurs mus par une musique stroboscopique composent des pas qui passent du frénétique au langoureux, selon les tableaux.

"Autobiography" du chorégraphe britannique Wayne McGregor au Festival d'Avignon 2019. (© Christophe Raynaud de Lage)

L’existence humaine étant sujette aux aléas du hasard, du destin, de la providence ou de la volonté des Dieux, selon l'opinion de chacun, Wayne McGregor soumet les 23 temps de sa performance à un algorithme déterminé avant chaque représentation. Le premier, la naissance, et la dernière, la mort, restent inchangés, mais l’entre-deux suit un ordre différent à chaque représentation. Car la vie est changement. Un message dont se revendique Autobiography

ADN

Serions-nous donc soumis désormais aux algorithmes ? C’est à craindre, tant nos rapports à Internet, qui touchent jusqu’à nos vies les plus intimes, en émaneraient. Ce n’est pas sous cet angle que l’aborde McGregor. L’œuvre du chorégraphe est avant tout charnelle. Dans la danse, le travail rythmique des corps, corps raprochés, fusionnels, et désaccords, convulsions, étreintes et séparations. Des figures aériennes toutes venues de l’intérieur, traduisent le passage de l’intériorité (l’ADN) vers l’extérieur (le vivant). Un rapport explicite et magnifié.

"Autobiography" du chorégraphe britannique Wayne McGregor au Festival d'Avignon 2019. (© Christophe Raynaud de Lage)

L’on restera toutefois plus circonspect sur la répétitivité décelable dans chaque tableau. Reproche émis à propos de Outwitting the Devil d’Akram Khan, donné dans la Cour d’honneur la veille, et bien moins justifié à son égard. Ici, la frénésie est quasi-constante, voire épuisante. La comparaison entre les deux spectacles, à si peu de distance, est inévitable. Mais nous sommes dans les deux cas à un très haut niveau de beauté plastique. Et les mettre en compétition serait ridicule. Demeure que Autobiography a été mieux accueilli par le public du Cour Saint-Joseph que celui de la Cour d’honneur, alors que le nôtre, d'ADN, penche pour Akram Khan.

Autobiography
De Wayne McGregor
du samedi 20 juillet au mardi 23 juillet 2019

Cour du lycée Saint-Joseph
62 Rue des Lices, 84000 Avignon

Réservations : +33(0)4 90 14 14 14

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