[Feuilleton] L'école de danse de l'Opéra de Paris fabrique des rêves d'étoiles
L'école de danse de l'Opéra national de Paris forme les futures étoiles. Une formation longue et exigeante qui bénéficie des meilleurs enseignants, où la philosophie se résume en ces quelques mots : "L'essentiel dans la danse, c'est de ne pas montrer l'effort. Le chemin est dur". Une abnégation à la gloire furtive puisque la carrière d'un danseur étoile s'arrête à 42 ans. L'âge d'Aurélie Dupont, qui a fait ses adieux sur la scène de l'opéra Garnier lundi 18 mai.
La série de France 2 plonge dans un univers d'une extrême finesse où l'élégance et le port de tête sont de mise. Reportages : Valérie Gaget / Nathalie Duboz / A.Jeannot / L. Harper / I. Tartakovsky
Episode 1 : Petit rat deviendra peut-être étoile
Depuis trois siècles, l'école de danse de l'Opéra de Paris reçoit des milliers de petits rats. Située initialement à Paris, l'école se trouve désormais à Nanterre et accueille cette année 161 élèves. Dans un bâtiment lumineux de 9 000 m2, de jeunes danseurs s'entraînent sans relâche, chaque année. Tous ont été recrutés sur audition."Quand ils sont choisis, on peut dire qu'ils savent le minimum. On les prend pour des qualités naturelles puis ensuite c'est à nous de les former. Je compare ça à la construction d'une maison. Je fais les fondations. Donc il faut que ça tienne. Puis après mes collègues continuent à construire dessus", confie le professeur, Bertrand Barena.
Si l'exigence est le maître mot de l'établissement, l'autonomie et l'entraide comptent également parmi les valeurs de l'école... et ce jusque dans les vestiaires. Angélique, dix ans, ne le cache pas : si elle sait faire un chignon parfait aujourd'hui, c'est grâce "aux plus grandes".
Parmi les professeurs de l'école, certains sont d'anciens danseurs étoile. Comme sa directrice Elisabeth Platel qui dirige l'établissement depuis 2004.
Episode 2 : La tête et le corps
Les petits rats formés à l'école de danse de l'Opéra de Paris bénéficient d'un enseignement dédié à leur art mais poursuivent aussi leur scolarité. Toutes les matinées sont réservées à la aux matières traditionnelle. Au programme : mathématiques, français...avec les mêmes programmes qu'ailleurs. "On n'a pas beaucoup de temps pour la scolarité, mais c'est tout aussi important que la danse. Car si on n'a pas notre brevet des collèges, on n’a pas le droit de rentrer dans le corps de ballet", explique Isaac, 11 ans.Seuls onze élèves constituent la classe de terminale, tant la sélection est féroce. Ici, les adolescents passeront le bac et juste après l'examen d'entrée dans le corps de ballet de l'opéra. "C'est ça qui génère le plus de stress. Ce n'est pas tant d'avoir le baccalauréat, mais de concilier les deux", estime Simon. Les élèves sont d'excellents candidats, l'an dernier 100% a obtenu son bac.
À la cantine aussi on surveille son alimentation. Dès leur plus jeune âge, les danseurs ont des cours de nutrition et connaissent les principes de base d'une alimentation équilibrée. L'objectif ? Savoir quels aliments leur donneront l'énergie nécessaire pour danser tout l'après-midi, et ce, sans prendre de poids.
Avec son regard bienveillant et son sourire jovial, l'américain Scott Alan Prouty aborde la danse sous l'angle de l'improvisation et du jeu. Une facette essentielle pour les danseurs plus habitués aux règles et au placement parfait de la danse classique : "on travaille notre imagination et ça nous permet aussi de nous lâcher et de nous libérer" raconte une petite danseuse.
Episode 3 : La danse dans la peau
De nombreux petits élèves passent une grande partie de leur vie à l'école. Pour étudier, danser, manger et même dormir. Un internat accueille des enfants de toute la France. Une immersion complète qui ravit les internes : "la danse c'est une passion et c'est aussi une motivation de tous les jours", résume le jeune Enzo venus de Marseille.Au sous-sol, la grande salle reproduit exactement la scène de l'opéra. Après l'échauffement, ce sont d'innombrables répétitions qui attendent les danseurs. Dans les coulisses, les remplaçantes des titulaires ne ratent pas une miette de la chorégraphie. Elles doivent connaître tous les pas à la seconde près. Les filles répètent en ce moment un ballet exclusivement interprété sur pointe, une technique précise qui demande des heures d'entrainement.
Episode 4 : Le rêve d'étoile d'Aurélie Dupont assouvi grâce à l'école
Toutes les petites danseuses rêvent un jour de devenir étoile à l'opéra de Paris. Une carrière qui débute jeune et qui s'interrompt à l'âge de 42 ans. C'est la règle de la maison est c'est toujours un déchirement pour les artistes de dire adieu à toute cette féerie. A l'image d'Aurélie Dupont qui vient tout juste de faire ses adieux à la scène à l'issue du ballet "L'Histoire de Manon".Elle se souvient avec émotion il y a quelques années lorsqu'elle était encore petite fille : "J'ai toujours rêvé d'être danseuse étoile, c'est un rêve que j'ai accompli et qui m'a rendue très très heureuse et rendre le titre c'est un peu comme une fin de rêve".
Comme les petites danseuses d'aujourd'hui, il y a 20 ou 30 ans, la jeune Aurélie travaillait assidument à la barre. Suivie par sa professeur Claude Bessy (ancienne danseuse étoile), les cours exigeants et intenses lui ont permis d'intégrer le corps de ballet de l'opéra de Paris et de devenir à son tour danseuse étoile. "On redescend au bas de l'échelle quand on sort de l'école et il faut encore grimper là haut pour essayer de décrocher l'étoile" raconte-t-elle. Aujourd'hui Aurélie Dupont reste à l'opéra de Paris en tant que maître de ballet. Elle guidera peut-être dans quelques années, les élèves d'aujourd'hui.
Episode 5 : Des étoiles dans les yeux
Ce soir dans la grande salle du Palais Garnier, amis et parents occupent toutes les places pour admirer le spectacle des élèves. Dans les loges, les jeunes artistes se maquillent et évoquent "Le plaisir d’aller sur scène, de prouver de quoi on est capable". Les plus petits sont placés au premier rang, comme des invités de marque. Sur l’impressionnante scène ce sont les garçons qui vont ouvrir le bal, puis les filles sur une chorégraphie difficile de Maurice Béjart. Tous font preuve d’un éblouissant talent très prometteur. Le Ballet de l'opéra de Paris est aujourd'hui composé de 154 danseurs, 18 étoiles et 14 premiers danseurs et donne 180 représentations par saison.
Revoir la soirée d'adieu d'Aurélie Dupont sur Culturebox (20h) et France 3, le 30 mai
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