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Interview Dans la loge de Marie-Agnès Gillot à Garnier : rencontre avant les adieux

La grande Marie-Agnès Gillot nous reçoit dans sa loge une semaine avant ses adieux à Garnier, le 31 mars 2018, dans "Orphée et Eurydice" de Pina Bausch. A 42 ans, l’étoile part à regret, vibrante de passion pour son art et pleine de projets, comme toujours. Rencontre.
Article rédigé par Sophie Jouve
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Marie-Agnès Gillot fait ses adieux à Garnier
 (CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP)

Elle a laissé son empreinte dans ces quelques mètres carrés transformés en "caverne d’Ali Baba", c’est comme ça qu’elle la nomme. Voilà plus de vingt ans que Marie-Agnès s’y repose, s’y concentre, élabore des projets où se croisent tous les arts, car tout l’intéresse et "elle ne sait pas dire non". Son chien Gabi, teckel à poil long prend la pause, se pâme sous les caresses. Après avoir accusé le coup de ce départ contraint à la retraite, elle se projette maintenant dans l’après, avec un appétit qu’on lui a toujours connu.

La loge de Marie-Agnès Gillot
 (Sophie Jouve/Culturebox)

Pina Bausch en bonne place dans son panthéon

Tirer sa révérence dans "Orphée et Eurydice", comme elle le fera le 31 mars, c’est Benjamin Millepied qui lui a soumis l’idée lorsqu’il était encore directeur de la danse, les ballets se programment longtemps à l’avance. Elle a bien sûr adhéré, elle qui porte Pina Bausch au pinacle des nombreux chorégraphes qu’elle a rencontrés et interprétés. 

Marie-Agnès Gillot et Stéphane Bullion lors de la Générale d'"Orphée et Eurydice" le 23 mars 2018.

Egérie des chorégraphes contemporains

Sa grande taille, son magnétisme, ont très vite séduit les maîtres de la danse contemporaine que l’opéra Garnier, temple de la danse classique, a invité depuis plusieurs années. Elle fut l’une des plus heureuses partisanes de cette ouverture à la danse moderne et devint vite une référence pour Wayne Mc Gregor, Forsyth, Preljocaj… Parmi ses rôles les plus marquants celui de fée domestique dans "Appartement" de Mats Ek qui la voit danser en duo avec un bidet ou encore dans le "Boléro" de Béjart : le chorégraphe lui fait lui-même répéter le rôle qu’elle a repris il y a quelques semaines. Un des derniers qu’elle aura dansé ici. 

Force et endurance

Avant d’en arriver là, elle a tout enduré. Admise à l’âge de 9 ans à l’école de l’opéra de Paris, elle suit toutes les répétitions malgré sa double scoliose et ne lâche rien. Elle gravit tous les échelons du corps de ballet, mais devra attendre 29 ans pour être nommée étoile, c’était dans "Signes" de Carolyn Carlson et la première fois qu’on nommait un danseur dans un ballet contemporain. 

Garnier, sa maison

Aujourd’hui la distribution d’un même ballet peut voir se succéder des coryphées, des premiers danseurs ou des étoiles. Marie-Agnès a vécu cette évolution, quelle regarde avec recul. 

Curieuse et insatiable 

Une page se tourne, une autre s’ouvre. Celle qui a déjà collaboré avec Marianne Faithfull, Benjamin Biolay, des artistes hip-hop ou d'art contemporain, mais aussi avec les Enfoirés ou La Chaîne de l’espoir, fourmille de projets. Reprendre un solo de Carolyn Carlson, Rothko, incarner Barbara dans une création de Millepied, chorégraphier, chanter, flirter avec le cinéma et continuer à s’entrainer avec sa prof Florence Clerc qui va rejoindre l’atelier du Laac créé par Nicolas Le Riche, dans l’enceinte du théâtre des Champs-Elysées… 


On suivra évidemment Marie-Agnès Gillot dans ses dernières pointes sur la scène de "sa maison", son cher opéra Garnier. 

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