: Vidéo "Clinamen" de Hugo Arcier : quand l'art numérique décoiffe sur la 3e Scène de l'Opéra de Paris
Nouvelle création à l’affiche de la 3e Scène : "Clinamen" de Hugo Arcier. Un film de danse étonnant, réalisé en images de synthèse. Le confinement imposé par le Covid-19 est l’occasion de redécouvrir cette salle de spectacle virtuelle accessible dans le monde entier.
Hugo Arcier, artiste numérique, a travaillé avec Roman Polanski, Alain Resnais ou encore Jean-Pierre Jeunet. C’est un spécialiste des effets visuels et des images de synthèse. Il décortique ce qui constitue les mondes virtuels et ce qu’ils ont de spécifique. Il met par exemple en valeur le fait que les univers virtuels sont constitués de surfaces creuses, comme des écorces. Hugo Arcier travaille sur le thème de la disparition et du remplacement de notre monde par un monde virtuel. Il retranscrit cette mutation sous une forme artistique et plastique. Sa dernière création est un film de 8 minutes présenté depuis le 25 mars sur le site de l’Opéra de Paris, 3e Scène.
Des points, pas des pointes
On pourrait parler d’une chorégraphie pointilliste voire atomique. Inspiré par le procédé "mocap" (motion capture, capture de mouvement en anglais), le film ne laisse entrevoir que la quintessence du mouvement de trois danseurs: Anna Chirescu, Simon Feltz et Pierre Guilbault. Dans différents espaces du Palais Garnier, la scène, le foyer, le grand escalier, ils apparaissent sous forme de points lumineux. Leurs corps , bien qu'invisibles, dessinent un ballet de micro-sphères.
Le Palais Garnier pulvérisé
Dans un jeu de perspectives mouvantes, le Palais Garnier lui-même entre dans cette danse essentialisée. Ses murs se font transparents. Le spectateur se retrouve flottant au dessus du célèbre plafond de Chagall puis dans le ciel de Paris. Sous ses pieds, la matière du monument, pulvérisée en millions d'atomes, s’anime et se met à crier. C'est à la fois magique et vaguement inquiétant.
Ce film futuriste est un éloge de la danse dans sa forme la plus pure. Il trouve toute sa place sur la 3e Scène, l'espace numérique de l'Opéra de Paris. Inaugurée le 15 septembre 2015, cette plateforme gratuite contient aujourd’hui près de 60 créations visibles dans le monde entier. Budget initial : 2 millions d’euros dont 50% de mécénat. Dans cette salle de spectacle virtuelle, des artistes de tous horizons sont invités à réaliser une œuvre en relation avec l’univers de la danse, de la musique et de l’opéra. Ils peuvent s’exprimer sous des formes variées : documentaire, fiction, animation, performance… il n’y a pas de limite.
58 créations en ligne
Depuis l’ouverture du site, 58 créations ont été mises en ligne et plus de 5 millions de vues ont été enregistrées. L'audience est étrangère à 44%. La moitié des spectateurs visionnent sur une tablette ou sur un smartphone. Les œuvres restent disponibles gratuitement sur le site operadeparis.fr/3e-scene et la chaîne Youtube. Une création inédite est ajoutée chaque mois.
Des formats courts pour l’essentiel. Le site n’a pas vocation à présenter les spectacles des deux autres scènes que sont le Palais Garnier et l’Opéra Bastille. Il se veut au contraire un espace vierge, un lieu de rencontre où différentes pratiques artistiques peuvent se croiser.
De Benjamin Millepied à Fanny Ardant
Parmi les nombreux artistes qui se sont déjà prêtés au jeu, on trouve les cinéastes Mathieu Amalric et Bertrand Bonello, les comédiennes Fanny Ardant et Clémence Poésy, les plasticiens Xavier Veilhan et Julien Prévieux, les écrivains Jonathan Littell et Eric Reinhardt, le chanteur Abd Al Malik, le chorégraphe William Forsythe... Sans oublier Benjamin Millepied, fugace directeur de la danse de l’Opéra de Paris, qui fut à l'origine de cette scène numérique.
La 3e Scène propose ces jours-ci une programmation spéciale pour découvrir certaines de ses oeuvres phares: Les Indes galantes de Clément Cogitore, Le Lac Perdu de Claude Lévêque, La Grande sortie d'Alex Prager ou encore Grand hôtel Barbès de Ramzi Ben Sliman. A l’heure du confinement, vous y trouverez de nombreuses pépites.
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