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La nouvelle vie de Nicolas Le Riche dans son atelier d'art chorégraphique

Interprète magnifique, Nicolas Le Riche a fait ses adieux à l'Opéra de Paris en juillet dernier à 42 ans, l'âge de la retraite, mais il continue de danser, seul ou avec sa femme Clairemarie Osta. Aujourd'hui il annonce la naissance du "Laac", l'atelier d'art chorégraphique, domicilié au Théâtre des Champs-Elysées. C'est là que le couple souhaite transmettre une vision très personnelle de la danse.
Article rédigé par Sophie Jouve
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 8min
Clairemarie Osta et Nicolas Le Riche créent l'Atelier d'Art chorégrraphique
 (Jean-Philippe Raibaud)

Après ses adieux à l'Opéra, Nicolas Le Riche a imaginé et créé un spectacle, "Itinérances", avec trois belles étoiles de l'Opéra de Paris, Isabelle Ciaravola, Eleonora Abbagnato, et sa propre femme Clairemarie Osta. Il a collaboré avec le Japonais Saburo Teshigawara pour l'Opéra Solaris, à l'affiche en mars du Théâtre des Champs-Elysées. Comment envisage-t-il sa nouvelle vie, après 34 années passées à l'Opéra de Paris ? Quels sont ses projets ? Nicolas Le Riche et Clairemarie Osta répondent aux questions de Culturebox.

Culturebox : Vous annoncez la naissance du Laac, l'atelier d'art chorégraphique, que vous allez diriger avec votre femme Clairemarie Osta, dans les locaux du théâtre des Champs-Elysées. À quel type de danseurs est-il destiné ?

Nicolas Le Riche : C'est un atelier qui est ouvert aux enfants, le mercredi. Il y a trois cours pour des 8-12 ans. Et puis tous les jours il y a des classes et des ateliers pour les amateurs, les apprentis et les apprentis pro.

Je m'explique, ce sont ces jeunes danseurs qui ont fini leurs études, qui sont en voie d'insertion professionnelle, donc dans des années transitoires très importantes et très compliquées à négocier. Nous souhaitons les aider à ce moment précis, avec notre expérience, notre réseau, etc.

L'idée de cet atelier est de recréer ce qui se passait au temps jadis dans les ateliers des peintres. Les apprentis venaient se perfectionner auprès des maîtres, avant de voler de leurs propres ailes. C'est donc vraiment une transmission d'artiste à artiste que nous souhaitons faire.

Solo de Nicolas Le Riche
 (Sébastien Mathé/Opéra national de Paris)

Pourquoi au Théâtre des Champs-Elysées ?

Nous avons une relation très privilégiée avec ce théâtre qui nous accueille dans une espèce de résidence. Michel Franck nous a accueillis très chaleureusement. C'est un théâtre qui a une longue histoire avec la danse. J'y ai pris des cours. Mon premier spectacle à Paris était au Théâtre des Champs-Elysées et puis Michel Franck a décidé de revaloriser la présence de la danse dans ce théâtre, avec le festival TranscenDanse notamment, auquel j'ai participé et auquel je participerai également l'année prochaine, avec Clairemarie, pour une nouvelle création.

Un spectacle plus intimiste ?

En mars 2016 nous serons au Théâtre des Champs-Elysées avec une chorégraphie qui s'appelle "Parallèle". Un spectacle poétique et très intime, que nous créons avec Clairemarie sur une musique de Matthieu Chedid (qui l'avait accompagné à la guitare lors de sa soirée d'adieu à l'Opéra Garnier, ndlr) et des costumes d'Olivier Bériot. Je crois en des projets très personnels. 

Nicolas Le Riche avec Matthieu Chedid, Sylvie Guillem et Guillaume Gallienne
 (Sébastien Mathé/Opéra national de Paris)

Le 9 juillet dernier, vous faisiez vos adieux à l'Opéra Garnier lors d'un gala inoubliable, composé par vous seul. Comment avez-vous vécu cette première année hors de l'institution ? 

Très très bien comme vous le voyez, avec le "Laac" et cette création "Parallèle", c'est une année de renaissance. Je l'ai très bien vécu. Je veux souligner que les équipes du Théâtre des Champs-Elysées et mon producteur Albert Sarfati nous ont beaucoup aidés et beaucoup soutenus dans nos projets.

Ce projet d'atelier est très important pour nous car c'est aussi une voie pour exprimer notre vision de la danse. Une danse sans clivages et sans frontières. Souvent on oppose la danse classique, contemporaine et la danse moderne. Moi je crois, comme disait Maurice Béjart dans "Lettre à un jeune danseur", à "Une" danse, riche de toutes ces influences et de toutes ces techniques. Cet atelier est pour nous l'occasion de prendre voix et de poursuivre dans cette direction.

Quel regard portez-vous, avec le recul, sur toutes ces années passées à l'Opéra national de Paris ?

C'était formidable, c'est une maison magnifique où nous avons eu la chance de rencontrer de nombreux créateurs. Je pense à Bagouet, Trisha Brown, Forsythe, Mats Ek, Roland Petit, Béjart, Robbins… Toutes ces personnes que nous avons côtoyées, avec qui nous avons travaillé, créé. C'est tout à fait extraordinaire et justement, riche de tout ce patrimoine et de cette culture, nous avons très envie de transmettre. 

Nicolas Le Riche danse "Boléro" de Maurice Béjart
 (Sébastien Mathé/Opéra national de Paris)

Vous n'avez pas dansé si souvent que ça en couple, avec Clairemarie ?

Vous avez raison, et cette année c'était l'occasion avec Clairemarie de se retrouver pour le meilleur. Nous avons très peu travaillé ensemble à l'Opéra : une création avec Roland Petit, "Clavigo", quelques ballets comme "L'Histoire de Manon" ou "Carmen". Assez peu en fait. C'est dire combien ce "Laac" est un projet de cœur. Et ce n'est un secret pour personne, on s'entend plutôt bien !

Clairemarie, que vous apporte de danser aujourd'hui avec l'homme qui partage votre vie ?

Clairemarie Osta : C'est l'occasion de découvrir des facettes de lui que je ne connais pas, que je connais différemment. Compte tenu de son talent et de sa place d'artiste, c'est l'occasion aussi de partager une expérience artistique enrichie de sa personnalité, que l'on soit mariés ou pas. Ce sont des vases communicants. La curiosité de le découvrir autrement et un enrichissement en tant qu'artiste.

C'est important pour vous de continuer à la fois de danser et de transmettre ?

C'est extrêmement important. La transmission, la passation, je les vis depuis longtemps car on apprend toujours des autres. Dans cette partie de vie que nous abordons, cet intérêt ne fait que croître.

Continuer à danser, c'est plutôt  une proposition de la vie qui s'est faite à nous et qui permet de croiser encore de nouvelles personnes, de construire des choses qui sont encore plus le reflet de nous-mêmes.

Vous avez des enfants (deux filles de 8 et 11 ans), la transmission se fait aussi de ce côté-là ?

Elles ont envie d'avoir aussi leur propre trajectoire, leur manière de s'exprimer, même si elles le font aussi très bien corporellement. Elles en héritent dans leur environnement, mais ce n'est pas la vocation qu'elles vont suivre, pour l'instant !

Il est important de préciser que ce qui nous réjouit dans l'aventure qui s'annonce, ce n'est pas la transmission d'une méthode ou d'un programme. C'est plutôt la transmission de notre expérience de la danse, notre vision de la danse vécue, cette idée de partager un élan de créativité.

Vous donnerez des cours tous les deux ?

Oui tout à fait. On ne se privera pas d'ouvrir à d'autres, pour justement élargir cette vision. Une originalité de ce "Laac" est d'être installé dans un théâtre où il se passe des choses. Tous les artistes de "TranscenDanse", par exemple, interviendront à leur manière dans des workshops, des ateliers. Les interactions seront aussi riches que possible.

Tous les matins il y aura trois cours. Et ensuite des ateliers de perfectionnement et des créations. Car les danseurs seront amenés à se produire sur scène.

Vous organisez une journée portes ouvertes le 1er juillet ?

Oui, une journée type, pour les différents publics. Les inscriptions sont ouvertes. Ce projet concrétise nos rêves. On a vraiment hâte de faire ces rencontres, de partager cette passion de la danse !


Tous les détails pratiques sont sur le site du Laac 

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