La "Folia" de Mourad Merzouki laisse les Nuits de Fourvière en apesanteur
Il y a des choses que l'on aimerait prolonger toute une nuit tant la beauté et la poésie sont rares. Mourad Merzouki sait à merveille convoquer ces deux perles de culture. "Folia", sa nouvelle création fusionne savamment les territoires. A Lyon, le festival des Nuits de Fourvière a savouré pleinement l'expérience.
L'infini mélange des styles
D'influence à la fois baroque et contemporaine, cette exploration du chorégraphe lyonnais est un énième pont lancé entre le lyrique et le hip-hop. Initié depuis "Récital" en 1998 ou "Boxe-Boxe" en 2010 avec le quatuor à cordes Debussy, le mélange de la musique classique et du hip hop fonctionne parfaitement sur "Folia". Tarentelles italiennes, ballerines classiques, danse hip hop, les solos comme les mouvements de groupe sont d'une infinie précision, d'une puissance extrême.Pour Franck-Emmanuel Comte, directeur musical du Concert de l'Hostel Dieu, le pari est risqué : "Avec les danseurs hip hop on doit s'obliger à plus de rigueur et plus de force dans le porté de la pulsation qui doit être plus ancré dans les corps pour permettre aux danseurs de s'exprimer", explique-t-il.
Présenté en première mondiale aux Nuits de Fourvière au théâtre Antique de Lyon, le spectacle a laissé les 2600 spectateurs K.O debout. "Il ne casse pas seulement les codes, il casse les frontières entre les codes", analyse une jeune spectatrice enthousiaste.
La nouvelle folie de Mourad Merzouki
Généreux, créatif, inventif, Mourad Merzouki est en recherche perpétuelle avec sa compagnie Käfig. Une générosité que le chorégraphe, originaire de Bron, partage avec ses interprètes et son public depuis plus de vingt ans. Sur le plateau, c'est tout un univers fantasmagorique que les dix-sept danseurs, les sept musiciens du Concert de l'Hostel Dieu et la chanteuse lyrique vivent en communion avec le public. "Ça me porte plus loin dans l'interprétation et ces mélanges de styles, je suis à la fois avec les musiciens et avec les danseurs" raconte la soliste Heather Newhouse. L'émotion est palpable sur les pierres du Grand Théâtre de Fourvière, elle est à son comble sur le final magnifique qu'on ne dévoilera pas. "J'ai eu plusieurs fois les larmes aux yeux", souffle une jeune femme. Dix minutes d'ovation clôturent ce moment magique, sous le regard attendri du créateur en personne. Quand on vous dit que ce Monsieur aime les gens, tout simplement.Après les Nuits de Fourvière, "Folia" doit tourner en Espagne et Merzouki reviendra à Lyon en septembre pour la Biennale de la Danse avec une autre création, "Vertikal".
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