Cet article date de plus de deux ans.

Les petits rats de l'Opéra de Paris renouent avec l'euphorie de la scène

Après deux ans sans pouvoir monter sur scène, à cause de la pandémie, les petits rats de l'Opéra de Paris sont de retour. Au cours de cinq soirées d'exception, ils interpréteront des ballets classiques et abstraits. 

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Spectacle de l'École de danse de l'Opéra national de Paris, en avril 2012.  (FRANCETTE LEVIEUX)

Deux ans que les petits rats de l'Opéra de Paris n'avaient pas présenté leur spectacle annuel, pour cause de pandémie : au Palais Garnier, les élèves de l'Ecole de danse renouent avec l'euphorie de la scène. Jusqu'au 16 avril, ils danseront un ballet à histoire avec La Somnambule de George Balanchine, une œuvre typique du style classique avec Variations de Violette Verdy et une pièce plus abstraite avec Symphonie en trois mouvements de Nils Christe.

Dans le dédale de ce bâtiment historique, c'est l'effervescence quelques heures avant le lever de rideau jeudi après-midi, avec un ballet de garçons et de filles montant ou descendant les étages pour passer aux loges de coiffure, de maquillage ou de costumes. Des filles assouplissent leurs chaussons en enchaînant les sauts sur place ou les relevés sur pointes, d'autres s'aident à se maquiller ou à ajuster chignon, parures ou faux bijoux. Le long d'une rangée de miroirs de loge, on plaisante ou on lit un livre pour se détendre.

En décembre, les élèves étaient certes montés sur scène pour la première fois depuis deux ans mais pour présenter Les Démonstrations de la danse, un rendez-vous annuel où ils montrent au public les exercices répétés en cours.

Ecole de danse de l'Opéra national de Paris, en octobre 2010.  (AGATHE POUPENEY)

"Être sur scène et prendre du plaisir"

Cette fois-ci, l'excitation était à son comble pour ce spectacle de deux heures qui se poursuit jusqu'à demain, samedi 16 avril. Sous les dorures du Foyer de la danse, situé dans le prolongement du plateau, Rémi Singer-Gassner et Elizabeth Partington, 17 ans, enchaînent les échauffements. Pour cette soirée composée de trois courts ballets, ils sont distribués dans La Somnambule de Balanchine et Symphonie en trois mouvements, pièce contemporaine sur une musique de Stravinsky. "On avait presque oublié ce que ça faisait que de répéter à l'Ecole (située à Nanterre, ndlr) le matin et de venir ici... Le contact avec le public nous a manqué", commente Rémi.

Il est en première division, soit la dernière année de formation dans cet établissement, héritier du "Conservatoire de la danse" créé en 1713 par Louis XIV. "C'était dur de répéter tous les jours et de ne pas avoir fait de spectacle pendant deux ans. C'est facile d'oublier le but final : le fait d'être sur scène et prendre du plaisir", renchérit Elizabeth. "Ca fait rêver" de danser à Garnier, ajoute-t-elle.

Sur le plateau, Yann Saiz, ancien danseur de l'Opéra et professeur à l'Ecole, fait de dernières remarques à une élève, tandis que plus loin, des ballerines épient la salle qui se remplit à travers le trou du rideau."Je pense qu'on a fait du bon travail en amont, en studio, pour les préparer à affronter le trac, car pour certains c'était la première fois sur cette scène", souligne le professeur.

"Symphonie de guerre"

Elisabeth Platel, directrice de l'Ecole et ancienne danseuse étoile, parle de "renaissance" en opposition à la "déchirure" en 2020, lorsque les élèves s'apprêtaient à présenter le ballet Coppélia, deux jours avant le premier confinement."A la générale de lundi, lorsque les élèves ont entendu les applaudissements dans salle, ça leur a donné de la force", dit-elle. Sur le plateau, elle veille aux moindres détails et rappelle l'importance de ce passage sur scène notamment pour les élèves de la 1ère qui aspirent à rejoindre le Ballet de l'Opéra, s'ils passent le concours de fin d'année.

Pour ce grand retour sur scène, elle a voulu un programme aux styles très différents, avec comme point d'orgue La Symphonie en trois mouvements qui résonne particulièrement cette année. "C'est une symphonie de guerre", indique Mme Platel. "Les générations précédentes (qui) l'ont dansé, n'en avaient pas autant conscience que les élèves de cette année. Quand (le chorégraphe) Nils Christe est venu en mars, juste après l'invasion de l'Ukraine, il y avait un climat lourd, un grand sérieux, en même temps que cette joie de retrouver les équipes de l'Opéra"."On peut exprimer plus facilement ce que le ballet voulait raconter à la base en raison de l'actualité", assure Irina Chiriacescu, 17 ans.

"Spectacle de l'Ecole de danse", dirigée par Élisabeth Platel
Opéra Garnier
Place de l’Opéra, Paris IXe
Du 12 au 16 avril, à 19h30

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.