Nuits de Fourvière : Marie Chouinard met Satie et Michaux en mouvements
Fraîchement créé à Belem au Portugal, « Gymnopédies » est une pièce pour 12 danseurs qui fait la part belle aux duos. Mais pour initier un ballet il faut des interprètes. Marie Chouinard les fait naître sur scène. Ils sortent chacun leur tour d’un cocon de tissu blanc et quittent la scène deux par deux, nus, clin d’œil aux danses grecques anciennes des jeunes Spartiates dansant les gymnopédies sacrées.
Puis se met en place une série de duos jaillissant du groupe de danseurs en boxers et maillots noirs. Des mouvements de bras souvent brusques, des poses, des portés érotiques mains entre les cuisses, enlacements des couples. Sur le côté de la scène, au piano, les interprètes des trois gymnopédies de Satie se succèdent.
Ce sont les danseurs eux même qui se disputent le clavier. Des petits groupes de femmes, puis d’hommes portant des nez rouges de clown viennent observer les jeux de couple. Les changements d’état se mêlent alors dans un joyeux désordre. Un groupe salue, le public applaudit croyant la pièce finie. Puis la danse reprend. Les clowns investissent la scène, un couple continue à batifoler dans les gradins du public. Nouveau salut, nouvelle fausse fin et la musique poursuit ses thèmes obsessionnels de Satie.
On sourit de ces charmants instants d’une soirée d’été.
Plus ambitieux, et déjà plus éprouvé, « Henri Michaux : mouvements » est un ballet créé par la compagnie de la Canadienne en 2011. Il s’agit de mettre en scène les textes et dessins de l’ouvrage d’Henri Michaux, « Mouvements ». Littéralement, Marie Chouinard transpose en gestes et corps les dessins de Michaux projetés un par un et page par page sur un écran en fond de scène. En solo, puis par petits groupes, selon les besoins des dessins, elle fait reproduire l’encre de chaque calligraphie du poète. Le dessin projeté précède le danseur et l’interprète prend la pose. Il se retrouve ainsi illustrateur d’une projection de chacun des dessins. L’œil du spectateur court de l’écran à la scène pour jouer la comparaison. Jamais le mouvement n’atteint la force du dessin, excepté dans la dernière séquence où l’effet lumineux stroboscopique sur les interprètes décompose judicieusement le geste en effet graphique.
« Gymnopédies » et « Henri Michaux : mouvements » par Marie Chouinard à l’Odéon aux Nuits de Fourvière (Lyon) le 1er juillet et en tournée en France en novembre prochain.
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