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Opéra de Paris : la nouvelle saison dévoilée côté musique et côté danse

La sérénité était de mise à l'Opéra de Paris pour la présentation de la saison 2016/2017 mercredi, six jours seulement après le cataclysme du départ de son directeur de la danse vedette Benjamin Millepied, remplacé au pied levé par l'Etoile Aurélie Dupont.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Stéphane Lissner, Aurélie Dupont et Benjamin Millepied le 4 février 2016
 (Christophe Bonnet/AFP)

Stéphane Lissner est revenu brièvement sur la démission de Benjamin Millepied, se disant "déçu et triste" tout en "respectant la décision de l'artiste" de se consacrer à son travail de chorégraphe. Il a souligné que son départ ne signifiait par l'arrêt des réformes: "je suis très heureux des réformes déjà engagées et heureux qu'Aurélie Dupont les continue", a-t-il souligné, tout en notant qu'il y avait eu "parfois trop d'impatience" dans la méthode Millepied.

Benjamin Millepied, très grave dans un élégant costume noir, a présenté une saison qui porte profondément sa marque avec un florilège de ballets contemporains surtout américains et seulement deux grands ballets classiques, "Le Lac des cygnes" et "La Sylphide".

L'ancienne Etoile Aurélie Dupont, qui succèdera au chorégraphe en septembre, a promis lors de sa nomination jeudi dernier de programmer davantage de grands ballets classiques, pour faire danser au maximum les 154 danseurs.


BALLET

Seulement deux ballets classiques

Benjamin Millepied, qui a démissionné après un peu plus d'un an à son poste, pour se consacrer à son travail de chorégraphe, a livré une programmation fidèle à sa vision avec neuf créations et six entrées au répertoire : beaucoup de danse contemporaine, surtout américaine (Jerome Robbins, George Balanchine, Justin Peck, William Forsythe) et seulement deux grands ballets classiques, "Le lac des cygnes" et "La Sylphide".

Cinq Georges Balanchine

Cinq ballets de George Balanchine seront à l’affiche au cours de la saison : trois ballets abstraits réunis dans une même soirée avec l’entrée au répertoire de "Mozartiana" imaginé sur une partition de Tchaikovski en hommage à Mozart ; "Violin Concerto", oeuvre qui s’inscrit dans l’esprit des ballets « en noir et blanc » de Balanchine et Brahms-Schönberg Quartet, avec des décors et costumes signés de Karl Lagerfeld. Également une entrée au répertoire avec un des rares ballets narratifs de George Balanchine, "Le Songe d’une nuit d’été". "La Valse", cette chorégraphie de George Balanchine de 1951 sera proposée dans le cadre d’une soirée autour de Maurice Ravel, encadré par En sol de Jerome Robbins et par un Boléro fascinant de Sidi Larbi Cherkaoui et Damien Jalet électrisé par la scénographie de Marina Abramović et les costumes de Riccardo Tisci.

Deux Forsythe entreront au répertoire

Cette année verra également l’entrée au répertoire de deux oeuvres de William Forsythe. "Trio" sur une musique de Ludwig van Beethoven. Une soirée complétée par l’entrée d’une oeuvre majeure de Merce Cunningham créée en 1968. "Walkaround time" sur une musique de David Behrman et dans des décors imaginés d’après le Grand Verre de Marcel Duchamp.

"Blake Works" de Forsythe, spectacle conçu en juillet 2016 pour les danseurs du Ballet de l’Opéra national de Paris, élaboré en collaboration avec l’étoile montante de la musique électro britannique James Blake, sera présenté lors du Gala d’ouverture de la saison chorégraphique pour une soirée tournée vers la modernité avec la création de la canadienne Crystal Pite qui investira pour la première fois la scène de l’Opéra avec une pièce conçue sur une musique de Max Richter inspiré de Vivaldi.

Tino Sehgal, Justin Peck, Wayne McGregor

Tino Sehgal travaillera aussi pour la première fois avec le ballet de l’Opéra qu’il mettra en scène tant dans les espaces publics que dans la grande salle du Palais Garnier et "In Creases" de Justin Peck entraînera les danseurs sur une musique de Philip Glass.

Création encore avec "Tree of Codes" de Wayne McGregor. Il fait appel ici au musicien Jamie xx qui compose une musique à la lisière de la pop et de l’électronique et à l’artiste Olafur Eliasson pour la scénographie.

Deux créations de Millepied

Également deux créations de Benjamin Millepied : l’une inspirée des mots et timbre de l’artiste Barbara, devenue un des symboles de la chanson française, proposée dans une même soirée avec la dernière oeuvre majeure d’Antony Tudor sur la musique amoureuse d’Antonín Dvořák, "The Leaves are Fading", créée en 1975 et souvent considérée comme la plus « abstraite » du chorégraphe.

L’autre associe Philippe Parreno, artiste français qui a redéfini la notion même d’expérience de l’art et qui conçoit ses expositions comme un espace scénarisé donnant lieu à une série d’événements.

Les danseurs chorégraphes présenteront leur travail

Suivis et encadrés par Benjamin Millepied, avec la participation de William Forsythe, quatre chorégraphes, Sébastien Bertaud, Bruno Bouché, Nicolas Paul, Simon Valastro présenteront le fruit de leur travail élaboré au sein de l’Académie chorégraphique de l’Opéra national de Paris lors d’une même soirée. 


OPERA  


"Cosi fan tutte" par Anne Teresa Keersmaeker

Coté opéra, Stéphane Lissner a pris soin de panacher parmi les onze nouvelles productions les découvertes ("La fille de neige" de Rimski-Korsakov) et grands standards de l'opéra, avec la nouvelle "Carmen" que Roberto Alagna chantera pour la première fois à Paris, la production de "Löhengrin" de la Scala de Milan reprise avec René Pape et Jonas Kaufmann (également présent dans "Les Contes d'Hoffmann"), et un nouveau "Cosi fan tutte" mis en scène par la chorégraphe belge Anne Teresa de Keersmaeker.

Thomas Jolly et Guillaume Gallienne signeront chacun un opéra

L'Opéra de Paris accueillera la saison prochaine cinq nouveaux metteurs en scène, dont le Belge Guy Cassiers, le jeune irlandais Tom Creed et le cinéaste italien Mario Martone. Deux Français feront leurs premiers pas à l'opéra: Thomas Jolly, auteur d'un "Henry VI" et d'un "Richard III" très remarqués au théâtre et Guillaume Gallienne, sociétaire de la Comédie-Française.

Thomas Jolly, 33 ans, ouvrira la saison à l'Opéra Garnier, la salle historique de l'Opéra de Paris (1875) avec une oeuvre baroque de Francesco Cavalli, "Eliogabalo", portrait d'un jeune empereur sanguinaire qui s'habillait en femme. Avec le contre-ténor Franco Fagioli, dirigé par Leonardo Garcia Alarcon.

Guillaume Gallienne, auteur d'une comédie savoureuse au cinéma sur la famille ("Les Garçons et Guillaume, à table!") replongera dans la cruauté des relations familiales pour "La Cenerentola" de Rossini en fin de saison.

Un nouvel opéra français

La fin de saison sera également marquée par la commande d’un nouvel opéra en français passée au compositeur Luca Francesconi, Trompe la Mort, dirigé par la chef d’orchestre Susanna Mälkki et mis en scène par Guy Cassiers, avec une distribution largement française : Cyrille Dubois, Julie Fuchs, Jean-Philippe Lafont, Laurent Naouri, Philippe Talbot, Béatrice Uria-Monzon, aux côtés de Thomas Johannes Mayer et d’Ildikó Komlósi.

Nouveaux publics

L'Opéra poursuit en 2016/17 son effort en direction des jeunes, qui bénéficieront comme cette saison d'avant-premières à 10 euros (15 spectacles). "L'obsession pour un directeur, c'est de rendre plus accessible l'opéra", a souligné M. Lissner.

Une nouvelle catégorie de places à 50 euros est créée, tandis que les tarifs les plus élevés grimpent certaines soirées. 282.000 places sur près d'un million au total seront proposées à moins de 50 euros la saison prochaine.

L'Opéra de Paris termine l'exercice 2015 "à l'équilibre" en dépit du choc des attentats de novembre, a annoncé son directeur. L'Opéra a immédiatement mis en place des portiques de sécurité et après "un petit trou" en novembre, les deux salles de Garnier et Bastille, soit 4.700 places au total, ont affiché complet en décembre.
             

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