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"Cold Blood" des chorégraphes Kiss & Cry : sept petites morts sur ordonnance

Nouvelle création du collectif belge Kiss & Cry, "Cold Blood" est actuellement présentée au Théâtre des Célestins de Lyon. Une plongée cinématographique, chorégraphique, musicale et théâtrale qui embarque le spectateur avec humour et gravité aux confins des derniers instants de la vie. Du bout des doigts, le fil de nos vies se déroule comme par magie. Le spectacle poursuit sa tournée en France.
Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4 min
"Cold Blood" la nouvelle perfomance chorégraphique, théâtrale, cinématographique du collectif "Kiss & Cry" raconte  sur le plateau et sur écran sept morts 
 (Julien Lambert)

Vous êtes bien installés dans votre fauteuil ? Alors fermez les yeux un instant, comptez jusqu'à trois. Vous pouvez les ouvrir à nouveau et embarquer pour un voyage un peu particulier.

Après le succès mondial de sa première création, "Cold Blood" est le nouveau périple fabriqué de toutes pièces par le collectif "Kiss & Cry". Durant une heure et quart, sept petits univers singuliers racontent sept morts uniques.  

Danse avec les mains

Par la magie et la virtuosité de Jaco van Dormael (cinéaste de Toto le héros) et de la chorégraphe Michèle Anne de Mey, le trépas décrit dans "Cold Blood" devient poétique, magique et drôle. Une voix chaude et rassurante d'un narrateur invite le spectateur à franchir le pas, à pousser la porte pour regarder de l'autre côté. Et ce qu'il découvre est loin d'être terrifiant. 
  (Julien Lambert)

Sur le plateau, huit manipulateurs mettent en scène sous nos yeux le film de la vie qui s'éteint. Un "work in progress" qui allie le théâtre d'objets, la vidéo et toujours le même étonnant ballet de doigts et de mains. « Il faut être tout à fait synchronisé, chacun se surveille du coin de l’œil », explique le cinéaste au Progrès.

Dans l'ombre, les manipulateurs exécutent des prouesses techniques et artistiques. Ils filment à l'intérieur de minuscules castelets, commandent la lumière, lancent des fumigènes, allument un kaléidoscope et bien sûr dansent avec les mains.
  (Julien Lambert)

La mort sur grand écran

Projeté simultanément sur un écran géant, "Cold Blood" déroule le fil de sept vies stoppées en plein vol. Sur la scène comme à l'écran, les personnages principaux sont joués par des mains et des doigts. Tour à tour sensuels et dansants, ou tordus de douleur, les doigts se mettent à nus dans une succession de décors miniatures et deviennent des corps qui s'animent, s'étreignent et s'éteignent. 
  (Julien Lambert)

 A la croisée des chemins artistiques (cinéma, danse, musique, théâtre), Jaco van Dormael et Michèle Anne de Mey, donnent naissance à ce qu’ils appellent une "nano-danse" où l'infiniment petit prend des proportions immenses à l'écran. D'une ville grise et désolée à l'intérieur d'une fusée, d'une patinoire à une scène de strip-tease, il y a des morts en silence et puis "il y a des morts érotique", raconte la voix.

Que se passe-t-il juste avant de mourir ? Quelles sont nos dernières pensées ? Quels sont nos derniers gestes ? Le collectif Kiss & Cry pose ces grandes questions existentielles sans tomber dans le pathos. Tel un grand film qui se déroule devant nos yeux, les sept saynètes du scénario se succèdent en fondus enchainés imagés et musicaux. 

Jaco Van Dormael au dessus de décor de "Cold Blood"
 (Julien Lambert)

Soutenue par une bande son impeccable qui mêle jazz, classique et rock, le spectacle rend hommage en musique à de grands artistes. De Nina Simone à Lou Reed en passant par le Boléro Ravel dansé par Béjart, la grande histoire vers l'infini se délecte d'un numéro de claquettes, d'une comédie musicale des années 1950 et s'envole au firmament sur l'inoubliable "Space Oddity" de David Bowie. 
Le Boléro de Ravel révisité par les mains de "Cold Blood"
 (Julien Lambert)

La mort : quelle drôle d'histoire !

Chaque mort est unique, alors chaque nouveau voyage est singulier et poétique. Ode au temps qui passe et à la vie qui s'interrompt soudain, "Cold blood" s'arrête sur ce moment qui précède la fin. C'est une caresse, un dernier pas laissé dans la neige, ou un baiser soufflé dans le cou d'une inconnue.

Quant aux circonstances du décès, elles sont parfois drôles. Il y a celui qui se trouvait aux toilettes au moment d'un crash aérien (tous les autres voyageurs ont survécu), il y a celui qui meurt d'une intolérance à la purée et puis il y a celui qui n'a jamais digéré une agrafe de soutien-gorge. 
  (Julien Lambert)

Durant tout le voyage, l'humour noir ponctue les aventures fatales des protaganistes sans tomber dans le morbide. "Je pensais qu'il ferait plus chaud ici, j'aurais dû prendre un pull", dit un personnage coincé entre les capitons de son cercueil. Racontée comme une berceuse, la mort devient plus douce et donne presque envie d'aller voir de l'autre côté du miroir car la mort c'est un peu comme "L'odeur d'une très bonne cachette où l'on ne vous trouve jamais". 
  (Julien Lambert)
  
"Cold Blood" en tournée : 
28.02 > 01.03.17 – Théâtre de Cornouaille – Quimper (FR)
07.03 > 18.03.17 – KVS, Bruxelles (BE)
22.03 > 23.03.17 – Festival Les Composites –Compiègne (FR)
31.03 > 01.04.17 – Centre culturel de Welkenraedt (BE)
06.04 > 07.04.17 – La Comète – Châlons-en-Champagne (FR)
25.04 > 27.04.17 – Le Quai d’Angers (FR)
13.05.17 – Festival Bregenz – Bregenz (AT)
01.06 > 03.06.17 – Festival Perspectives – Saarbrucken (DE)
15.08 > 26.08.17 – Festival d’Edimbourg (EN/SCO)
28.09 > 30.09.17 – Scène Nationale de Château Vallon (FR)
17.11 > 19.11.17 –Théâtre de Liège (BE)
22.11 > 24.11.17 - Théâtre de Bonlieu, Annecy (FR)
12.12 > 23.12.17 - Théâtre National, Bruxelles (BE)

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