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"Grand Finale" : notre monde apocalyptique, par le chorégraphe israélien Hofesh Shechter, à La Villette

La guerre, les attentats, le chaos du monde traversent la dernière pièce du chorégraphe israélien Hofesh Shechter jouée à La Villette à Paris, avant une tournée en Grande-Bretagne, en Allemagne et au Canada.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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"Grand Finale" Hofesh Shechter, La Villette 2017
 (Christophe Raynaud de Lage)

Né en 1975 en Israël, formé à la célèbre Batsheva Dance Company à Tel Aviv, Hofesh Shechter, qui vit depuis 2002 à Londres, est devenu une figure de la danse contemporaine avec un style singulier aux corps électrisés, portés par des rythmes syncopés sur une musique qu'il compose lui-même en partie, mêlant classique et électro à forts décibels.

"Grand Finale", qu'il a écrit pour dix danseurs -quatre femmes et six hommes- et un orchestre de 6 musiciens (guitare, violon, violoncelle ...) présents sur scène, ne raconte pas stricto sensu une histoire, mais reflète la noirceur d'un monde déchiré. Sur un plateau plongé dans la pénombre, les corps semblent mener un combat frénétique, les mains s'agitent, fébriles, les bras se tendent parfois vers le ciel dans une muette invocation.

L'harmonie règne quelques instants lorsque le groupe danse à l'unisson mais les répits sont brefs, et les ruptures violentes. Les corps sont inquiets, la mort omniprésente. On traîne des corps, on les manipule sans égards comme des poupées de chiffon. Les bouches ouvertes sur un cri muet évoquent les morts des camps de concentration.

"La mort et le contexte sociétal chaotique actuel"

"Un sentiment général d'apocalypse plane sur la pièce qui laisse les personnages désemparés", a expliqué Hofesh Shechter dans la présentation de sa pièce. "Nous évoquons évidemment la mort et le contexte sociétal chaotique actuel. Quelque chose d'énorme, de violent est en train de se passer à l'échelle de la planète qui culbute dans une situation incontrôlée".

On est bluffés par la puissance de cette danse sans concession, la virtuosité des interprètes auxquels le rythme frénétique de la pièce laisse peu de répit. Après l'entracte, une percussion assourdissante fait sursauter le public comme une bombe, réveillant la peur de l'attentat.
"Grand Finale" Hofesh Shechter, 2017 à Paris
 (Christophe Raynaud de Lage)
La deuxième partie du spectacle propose pourtant des moments joyeux. Le chorégraphe a puisé dans les danses des Balkans pour évoquer la fête villageoise, mais une fête toujours hantée par la menace. "Entre possibilité du bonheur et mélancolie, il y a la persistance de la résistance, le besoin de ne pas abandonner le combat", commente Hofesh Shechter.

La noirceur du propos n'empêche nullement la beauté de se déployer dans le flot gestuel des danseurs, et le public en empathie avec la pièce a longuement applaudi ce "Grand Finale" en phase avec nos angoisses contemporaines.

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