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"Swan" de Luc Petton à Lyon : une danse avec les cygnes !

"Swan" la performance chorégraphique de la compagnie le Guetteur est à la maison de la danse de Lyon jusqu'au 10 février 2013. Luc Petton signe cette création inédite pour danseurs et cygnes. Patience et apprivoisement, le spectacle réunit danseuses et oiseaux en un seul lieu, et la relation se créée, comme par magie.
Article rédigé par Odile Morain
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
"Swan" de Luc Petton
 (France2 / Culturebox capture d'écran)
Reportage : D. Sébastien, T. Simonet, PH. Fivet
Au début était l'oeuf 
Car c'est ainsi que les oiseaux firent connaissance avec les filles. A peine éclos de leur oeuf, les danseuses ont apprivoisé les bébés cygnes. L'un et l'autre ont appris à se connaître, à grandir ensemble, à se faire confiance et à s'aimer. 
C'est ainsi que s'ouvre la chorégraphie de Luc Petton. Une danseuse baigne en compagnie d'un cygne noir (le Cygne noir est originaire d'Australie et de Tasmanie) dans une coquille d'oeuf empli d'un liquide saumâtre. Liquide amniotique ? Oui peut-être car il est bien question de maternité dans ce spectacle, de transmission aussi, de vie et de mort bien sûr. Quelque chose qui s'apparenterait au cycle naturel des choses. 
Les éléments sont exprimés avec puissance et élégance. Les six danseuses présentes sur le plateau se dégagent alors de l'eau et s'emparent des éléments. Frappant la terre avec force de leurs corps graciles (rythmiques et mouvements d'ensemble sont exécutés à la perfection) puis s'envolant dans les airs en un duo poétique et lancinant. 
Du Noir au Blanc : la langue des cygnes
Les cygnes blancs sont entrés en scène. Comme un balancier entre le yin et le yang, l'obscur et la lumière, le bien et le mal. Point de manichéisme pourtant dans la démarche de Petton  mais plutôt « un paradoxe éclairant comme un révélateur des territoires enfouis porteurs d’émotions étonnamment vivaces ». Leur danse en dandinement élégant fait retomber la pression, car enfouis dans nos fauteuils on ose à peine respirer, de peur que l'un d'entre eux ne s'envole dans la salle. 
On attend longtemps, parfois avec impatience, la présence des cygnes, mais c'est à force de lenteur que "l'accouplement" se réalise dans une langueur sensuelle. L'oiseau et la femme ne font parfois plus qu'un, les cous et les coudes s'entrelacent et les cygnes viennent embrasser les corps élancés des danseuses. La communion s'accomplit alors sous nos yeux émerveillés. Et la compétition entre les femmes s'amorce. Chacune voulant être la référente des petits. La mère nourricière et l'élue amoureuse en même temps. 
Swan, la poésie et la délicatesse réunie sur le plateau de la maison de la danse de Lyon 
 (France2 / Culturebox capture d'écran)
Ce n'est pas le premier coup d'essai ornithologique de la Cie le Guetteur de Luc Petton. En 2009, "La confidence des oiseaux" était née de cette rencontre inédite. Touché par la communion entre l'humain et l'animal il en avait fait un ballet au rythme d'une parade amoureuse. Il poursuit cette marche lente et majestueuse dans "Swan". Une idée qu'il est allé puiser au creux de ses souvenirs d'enfance. Un rêve qu'il redessine avec ses mots de grands. Pour accompagner son projet il fait intervenir en live le saxophoniste Xavier Rosselle qui interprète une partition contemporaine, une musique inquiétante et mystérieuse laissant parfois les oreilles en émoi.
  
"Swan", une chorégraphie de Luc Petton 
 (Laurent Philippe)
"Swan" ressuscite le cygne
La référence est flagrante, comment faire abstraction du ballet légendaire de Tchaïkovski en 1871 "Le Lac des Cygnes" revisité et dansé éperdument par Noureev en 1994 pour l'opéra de Paris. "Rien de plus lourd qu’un oiseau mort et la mort du cygne pèse son poids dans le ciel de la Danse ! Les poètes humanistes se saisissent du cygne comme un signe où se dessine dans l’abstraction blanche de l’hiver le visage de l’homme entre rêve et réalité, entre espérance et fatalité, entre la vie qui s’en va et la mort qui s’en vient. Le cygne est un miroir de l’homme se mirant sur la surface lisse et dure d’un lac réfléchissant qui sépare et renvoie dos à dos deux infinis : le ciel lumineux et les profondeurs noires insondables." A. Foix  
« Tel un palimpseste du Lac des cygnes de Petipa-Ivanov, nimbé dans l’atmosphère magico-poétique des Métamorphoses d’Ovide, Swan est une création qui réinitialise, avec un oiseau de grande taille, les nombreuses recherches menées pour La Confidence des oiseaux », résume Luc Petton. 
La chorégraphie se referme sous une pluie incessante qui inonde la scène, les oiseaux quittent docilement le plateau, deux danseuses s'unissent en forme ovoïde, rassemblant en seul corps le noir et le blanc. 
L'univers aquatique et limpide de Swan 
 (France2 / Culturebox capture d'écran)
Ce soir là, à la Maison de la Danse de Lyon les applaudissements étaient discrets, sans doute pour ne pas effrayer les artistes-volatiles partis se reposer. Certains spectateurs n'ont pas ressenti l'émotion recherchée, d'autres auraient souhaité une cohabitation réelle entre les cygnes noirs et les blancs. On salue par ailleurs la performance des danseuses qui interprètent une partition exceptionnelle s'adaptant chaque soir à la volonté des oiseaux.


Swan de Luc Petton est à découvrir à la maison de la danse de Lyon jusqu'au 10 février 2013 puis en tournée. 

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