Cet article date de plus de dix ans.
Europe : le régime des intermittents est une exception française
Le régime d'indemnisation chômage des intermittents du spectacle français, pour lequel ils se mobilisent depuis plusieurs mois, fait figure d'exception en Europe, les artistes et techniciens des pays voisins, privés d'allocation spécifique, étant souvent contraints de trouver un autre travail en parallèle.
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Temps de lecture : 4min
ALLEMAGNE : les régions ont la main
Les compagnies de théâtre sont massivement financées outre-Rhin par les États régionaux et les communes avec d'importantes variations d'une région à l'autre. De nombreux comédiens sont ainsi employés de manière permanente, contrairement à la France qui ne compte que de rares troupes permanentes, comme la Comédie-Française, le Théâtre du Soleil ou le TNP Villeurbanne. En revanche, il n'existe pas de régime d'assurance chômage spécifique pour les artistes qui bénéficient cependant d'un régime particulier d'assurance retraite et maladie. Ils peuvent bénéficier d'une allocation chômage normale s'ils ont travaillé pendant deux ans. Mais il existe aussi, depuis 2010, une allocation réduite pour les métiers soumis à des contrats de courte durée, ce qui vaut pour les artistes, mais aussi les écrivains ou les journalistes par exemple.
ITALIE : beaucoup de travail au noir
Pas de régime spécifique en Italie où les aides culturelles proviennent des régions. Plus la région est riche, comme dans le nord jusqu'à la Toscane, plus les soutiens financiers sont importants. Toutes les grandes villes, Milan avec "La Scala", Rome, Venise, Naples et Palerme, ont des théâtres lyriques qui sont des fondations (ce qui permet d'obtenir aussi des aides privées) financées à la fois par la mairie et la région. Ils emploient à demeure des salariés (techniciens, mais aussi danseurs de ballet, costumiers, etc.). Reste que l'écrasante majorité des travailleurs du spectacle sont précaires et que le travail au noir est important. En outre, le budget du ministère, qui baisse d'année en année, a reculé d'un milliard en dix ans pour s'établir cette année à 1,4 milliard d'euros.
ESPAGNE : le règne de la précarité
Les professionnels du spectacle espagnols sont le plus souvent "autonomos", des auto-entrepreneurs qui doivent payer de lourdes cotisations sociales mensuelles même lorsque leurs revenus sont faibles. Il sont souvent payés à la mission ou dépendent d'un contrat "fijo discontinuo", sorte de CDI qui s'interrompt en fonction de la saison (par exemple à la télévision, le salarié est mis au chômage lorsque l'émission s'interrompt en été). Si la précarité a toujours régné, la profonde crise économique et les lourdes coupes budgétaires ont asséché les financements publics. Le secteur a reçu, en outre, un dur coup en septembre 2012 avec la hausse de la TVA, passée à 21% pour les spectacles culturels.
GRANDE-BRETAGNE : "petits boulots" et temps partiel
Les artistes britanniques sont assujettis au régime général et aucun aménagement n'est prévu pour leurs conditions aléatoires d'emploi. Nombreux sont ceux qui sont contraints de trouver un autre travail pour gagner leur vie, quitte parfois à accepter des petits boulots ou à travailler à temps partiel. Le gouvernement finance l'art et la culture en Angleterre par l'intermédiaire du "Arts Council England", l'institution nationale pour l'art, qui est un organisme public mais indépendant. Une grande partie du marché artistique est aussi financé par des fondations et des financements privés.
BELGIQUE : des règles spécifiques mais pas de statut
Les artistes et techniciens belges n'ont pas de statut particulier, mais bénéficient depuis 2002 de règles spécifiques en matière de sécurité sociale, en particulier de droits aux allocations chômage. Ce système est toutefois très complexe et varie selon que la personne travaille sous statut de "salarié" ou de travailleur "indépendant", qu'elle est "artiste" ou technicien. Pour de nombreux artistes, la précarité reste de mise, la culture ayant souffert ces dernières années des économies budgétaires. La crise politique historique de 2010-2011 et l'absence de nouveau gouvernement depuis les élections du 25 mai ont relégué ce dossier au second plan.
SUISSE : pas les mieux lotis
Les intermittents suisses ne sont pas les mieux lotis et la plupart doivent aussi cumuler deux emplois pour parvenir à joindre les deux bouts. Au sein de la fédération, qui ne consacre en moyenne que 0,3% de son budget à la culture, les aides sont plutôt accordées à des projets culturels précis portés par des professionnels confirmés.
Les compagnies de théâtre sont massivement financées outre-Rhin par les États régionaux et les communes avec d'importantes variations d'une région à l'autre. De nombreux comédiens sont ainsi employés de manière permanente, contrairement à la France qui ne compte que de rares troupes permanentes, comme la Comédie-Française, le Théâtre du Soleil ou le TNP Villeurbanne. En revanche, il n'existe pas de régime d'assurance chômage spécifique pour les artistes qui bénéficient cependant d'un régime particulier d'assurance retraite et maladie. Ils peuvent bénéficier d'une allocation chômage normale s'ils ont travaillé pendant deux ans. Mais il existe aussi, depuis 2010, une allocation réduite pour les métiers soumis à des contrats de courte durée, ce qui vaut pour les artistes, mais aussi les écrivains ou les journalistes par exemple.
ITALIE : beaucoup de travail au noir
Pas de régime spécifique en Italie où les aides culturelles proviennent des régions. Plus la région est riche, comme dans le nord jusqu'à la Toscane, plus les soutiens financiers sont importants. Toutes les grandes villes, Milan avec "La Scala", Rome, Venise, Naples et Palerme, ont des théâtres lyriques qui sont des fondations (ce qui permet d'obtenir aussi des aides privées) financées à la fois par la mairie et la région. Ils emploient à demeure des salariés (techniciens, mais aussi danseurs de ballet, costumiers, etc.). Reste que l'écrasante majorité des travailleurs du spectacle sont précaires et que le travail au noir est important. En outre, le budget du ministère, qui baisse d'année en année, a reculé d'un milliard en dix ans pour s'établir cette année à 1,4 milliard d'euros.
ESPAGNE : le règne de la précarité
Les professionnels du spectacle espagnols sont le plus souvent "autonomos", des auto-entrepreneurs qui doivent payer de lourdes cotisations sociales mensuelles même lorsque leurs revenus sont faibles. Il sont souvent payés à la mission ou dépendent d'un contrat "fijo discontinuo", sorte de CDI qui s'interrompt en fonction de la saison (par exemple à la télévision, le salarié est mis au chômage lorsque l'émission s'interrompt en été). Si la précarité a toujours régné, la profonde crise économique et les lourdes coupes budgétaires ont asséché les financements publics. Le secteur a reçu, en outre, un dur coup en septembre 2012 avec la hausse de la TVA, passée à 21% pour les spectacles culturels.
GRANDE-BRETAGNE : "petits boulots" et temps partiel
Les artistes britanniques sont assujettis au régime général et aucun aménagement n'est prévu pour leurs conditions aléatoires d'emploi. Nombreux sont ceux qui sont contraints de trouver un autre travail pour gagner leur vie, quitte parfois à accepter des petits boulots ou à travailler à temps partiel. Le gouvernement finance l'art et la culture en Angleterre par l'intermédiaire du "Arts Council England", l'institution nationale pour l'art, qui est un organisme public mais indépendant. Une grande partie du marché artistique est aussi financé par des fondations et des financements privés.
BELGIQUE : des règles spécifiques mais pas de statut
Les artistes et techniciens belges n'ont pas de statut particulier, mais bénéficient depuis 2002 de règles spécifiques en matière de sécurité sociale, en particulier de droits aux allocations chômage. Ce système est toutefois très complexe et varie selon que la personne travaille sous statut de "salarié" ou de travailleur "indépendant", qu'elle est "artiste" ou technicien. Pour de nombreux artistes, la précarité reste de mise, la culture ayant souffert ces dernières années des économies budgétaires. La crise politique historique de 2010-2011 et l'absence de nouveau gouvernement depuis les élections du 25 mai ont relégué ce dossier au second plan.
SUISSE : pas les mieux lotis
Les intermittents suisses ne sont pas les mieux lotis et la plupart doivent aussi cumuler deux emplois pour parvenir à joindre les deux bouts. Au sein de la fédération, qui ne consacre en moyenne que 0,3% de son budget à la culture, les aides sont plutôt accordées à des projets culturels précis portés par des professionnels confirmés.
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