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Festival Paris L’Eté : la "Ville éphémère" d'Olivier Grossetête se bâtit ensemble

Du 17 au 30 juillet, La Villette (Paris, 19e) accueille dans le cadre du Festival Paris L’Eté la “Ville éphémère” du plasticien Olivier Grossetête : huit immenses bâtiments en carton construits jour après jour par le public. Cette cité utopique, vouée à la destruction et au recyclage, célèbre de façon poétique et ludique Paris et le vivre-ensemble.
Article rédigé par franceinfo
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Du 17 au 30 juillet 2017, la "Ville éphémère" est à construire et découvrir sur la place de la fontaine aux lions, à La Villette (XIXe)
 (Elise Koutnouyan / Culturebox)

Voilà seulement quelques jours qu’Olivier Grossetête a posé ses cartons dans le 19e arrondissement de Paris et déjà, la première construction du plasticien trône devant la fontaine aux lions. Malgré ses 16 mètres de haut, l’immeuble de carton siège en toute légèreté. Il a trouvé sa place, entre la Cité de la musique, la Grande Halle de la Villette et, au loin, la Philharmonie. On pourrait presque le confondre avec le H.L.M. usé qu’on aperçoit, de l’autre côté de l’avenue Jean Jaurès.

Une cité de carton en plein coeur de La Villette

Bientôt, ce double en carton-pâte sera accompagné de sept autres structures monumentales, formant la “Ville éphémère” et utopique d’Olivier Grossetête. Le principe de l’installation est simple : pendant quinze jours, du 17 au 30 juillet, le plasticien invite le public à venir découper, scotcher et assembler des cartons. Puis, chaque soir, à monter à la seule force des bras les réalisations pour donner corps à la cité de papier. “Les levées sont assez sidérantes : le rapport faible poids - gros volume donne un côté ‘Obélix’ marrant à voir !”, glisse Olivier Grossetête dans un sourire.
Des enfants aident à assembler les cartons, mercredi 19 juillet
 (Elise Koutnouyan / Culturebox)
Mercredi 19, sous le péristyle métallique de la Grande Halle, les bâtisseurs du jour sont une bande de petits écoliers en gilet jaune, des animateurs de centre aéré et un groupe d’adultes handicapés mentaux. Ils naviguent entre les piles de cartons, cubes, parallélépipèdes et arcs de cercle, sous le regard bienveillant d’Olivier Grossetête. Cela fait presque vingt ans que le plasticien bâtit ses bouts de cité provisoire à travers le globe : de Mexico à Helsinki, de Marseille capitale de la culture 2013 aux “Invites” de Villeurbanne (Rhône) le mois dernier.

La participation du public indispensable

Grossetête imagine ses constructions en s’inspirant librement de son hôte. Sans verser dans le cliché : pas de tour Eiffel bis à la Villette, mais un arc de triomphe, une sphère - clin d’oeil à la “géode” située de l’autre côté du bassin -, un immeuble angulaire haussmanien… “Mon but est de recréer un petit quartier parisien, quasiment à l’échelle. J’intègre la fontaine aux lions, je vais faire partir des rues autour d’elle,” explique l’artiste. On s’imagine déjà déambuler dans les allées du Paris cartonné joyeux et poétique de Grossetête.
Le plasticien Olivier Grossetête construit ses "villes éphémères" à travers le monde depuis 20 ans
 (Elise Koutnouyan / Culturebox)

L’installation du plasticien est l’un des temps forts du Festival Paris l’Eté, ex- Paris Quartier d’Eté, créé en 1990 par Jack Lang. Cette année, le directeur historique Patrice Martinet a laissé sa place au duo Laurence de Magalhaes et Stéphane Ricordel, du Théâtre Le Monfort (Paris XVe)  : “Le maître mot du festival est ‘avec’ : le partage, la co-construction... Ces termes peuvent paraître galvaudés aujourd’hui, mais avec la ville en carton d’Olivier Grossetête, c’est réel. C’est dire : ‘on est tous architectes’. On a besoin du public parce que sans lui, l’installation ne se fait pas”, souligne ce dernier.

Détourner le pouvoir de l'architecture

Il y a un plaisir enfantin à bâtir ces monuments en carton : qui n’a jamais rêvé de se replonger dans ses Lego ou Kapla quelques heures ? De se cacher à nouveau dans sa cabane au fond du jardin ? Derrière cet aspect ludique, le projet invite à la réflexion sur notre environnement urbain : “Faire une fusée en carton, ça ne m’intéresse pas. Il y a une dimension spirituelle à faire un bâtiment qui n’est pas destiné à s’abriter, à se protéger. Aussi, l’architecture est hautement symbolique : mairie, prison, palais de justice… Le pouvoir s’incarne dans la façade. C’est donc une manière de tourner en dérision cette image.”
L'installation, entre la Grande Halle de la Villette, la Philharmonie et la fontaine aux lions
 (Elise Koutnouyan / Culturebox)
Quoi de mieux pour cela que le carton, matériau basique s’il en est. Souvent délaissé mais pourtant incroyablement pratique, résistant, léger et adaptable. “Le carton, c’est juste du papier : ça ne fait peur à personne, décrypte le maître d’oeuvre. La ‘Ville éphémère’ doit être accessible à tous.” Depuis le 17 juillet, environ deux cents personnes sont venues chaque jour mettre la main à la pâte. Il en faudrait dix fois plus pour que les huits bâtiments prévus soient montés à temps, prévient Grossetête. 

Point d’orgue du projet, le week-end de clôture verra le grimpeur Antoine Le Menestrel escalader à mains nues les structures. Puis, le 30 juillet, les participants sont invités à détruire ensemble leur cité provisoire, avant que les cartons ne partent au recyclage. Un pur moment de plaisir juvénile, où chacun pourra profiter un dernier instant de sa “maison en carton”. Pirouettes, cacahuètes...


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