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Envie de rire ? Courez passer "Une bonne soirée" avec Kyan Khojandi au Casino de Paris

Si vous n'avez pas pu voir le dernier one man show à pleurer de rire de Kyan Khojandi (le gars de "Bref", vous vous souvenez ?), c'est le moment de foncer : après un report de presque deux ans, "Une bonne soirée" est donné au Casino de Paris jusqu'au 16 janvier. 

Article rédigé par Laure Narlian
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
L'acteur, humoriste, scénariste et réalisateur français Kyan Khojandi, à Rome (Italie) le 19 octobre 2020. (ETTORE FERRARI / EPA / ANSA)

On l’a découvert avec Bref, en 2011, une série de vignettes télévisuelles au succès retentissant sur le quotidien d’un trentenaire célibataire, chômeur et loser ordinaire, écrit avec son fidèle binôme de l’ombre Bruno Muschio alias Navo. Un programme court devenu générationnel, dont nombre de répliques restent cultes dix ans plus tard.

Kyan Khojandi, acteur, scénariste et réalisateur passé par le Cours Simon, est devenu depuis une figure et une plume de l'humour très demandée, que l'on retrouve en compagnie de Navo notamment derrière les séries Bloqués (2015-2016 avec OrelSan et Gringe) et Serge le Mytho (2017, avec Jonathan Cohen). 

Un one man show reporté depuis deux ans

Sur scène, il a explosé en solo avec Pulsions, spectacle de stand-up créé en 2016 qui a triomphé en salles avant d’être gracieusement partagé sur YouTube. Pour son second seul en scène, Kyan nous convie cette fois à Une bonne soirée, une des meilleures de sa vie. Une soirée qui s’avère mémorable pour le public aussi, en tout cas pour les chanceux qui ont pu y assister.

Car débutées au printemps 2019 à l’Européen, les représentations de cet hilarant one man show avaient dû être interrompues et reportées pour cause de pandémie. Le voilà de retour presque deux ans plus tard, pour une douzaine de dates au Casino de Paris (jusqu’au 16 janvier 2022). Une longue parenthèse durant laquelle nous avons tous vieilli (Kyan a désormais 39 ans) alors que le spectacle, resté intact, n’a pas pris une ride.

L'acteur, humoriste, scénariste et réalisateur Kyan Khojandi est seul en scène dans "Une Bonne Soirée", son second one man show. (LAURA GILLI)

Un tourbillon de gags

Avec Une bonne soirée, spectacle inracontable qu’on s’en voudrait de déflorer, Kyan nous embarque sans sommation dans un déluge de saynètes, de situations, de réflexions et d’anecdotes, un tourbillon sans temps mort qui déroule sa vie, de l'enfance à aujourd'hui, un âge où il se sent désormais décalé en boîte de nuit, en passant par le "con" qu’il était en débarquant à Paris à l’âge de vingt ans, en provenance de son Reims natal.

Faussement laconique et détaché, son complice Navo, qui a une nouvelle fois co-écrit le show, sème en première partie une poignée de graines que fera habilement germer Khojandi plus tard avant de cueillir en beauté les spectateurs. Un jeu de ping-pong cérébral hautement jubilatoire qui se joue jusqu’au bout et ajoute une couche d’hilarité et de finesse à l’ensemble.

De flash-backs en digressions

Kyan est le maître de la narration en flash-back et des digressions qui s’emboîtent façon poupées russes et se redéploient de façon élastique. S’il sait imiter à merveille OrelSan et Jacques Chirac, que l’on croise très brièvement dans le show, il excelle aussi dans les bruitages, du son électronique au poum tchac de boîte de nuit, en passant par la voix fantomatique de la vapeur de verveine qui lui chuchote à l’oreille. 

En déballant à un rythme d’enfer ses peurs, ses doutes, ses lâchetés, où chacun trouvera sans mal matière à s’identifier, il explore sans en avoir l’air, de petites victoires en grandes frustrations, la filiation, la construction de l’identité et l’acceptation de soi.

Comme les rappeurs et les meilleurs conteurs, son récit est presque cinématographique : il convoque en peu de mots, avec son débit de mitraillette, des images très précises dans le cerveau, un véritable film qui se déroule sous nos yeux. On y croise notamment son père Aziz, réfugié politique ayant fui la révolution iranienne, obsédé de scotch marron. Son copain Christophe Schneider, qui aime la peau du lait. Son frère et ses flatulences non assumées. Sa collection de figurines des Chevaliers du Zodiaque qui le rassure au quotidien. Son pote Rémi et son accorte colocataire avec lesquels il se déniaise un soir au Banana Café…

Un show rythmé à pleurer de rire

Les personnages, on les perd, on les retrouve : Kyan retombe toujours sur ses pattes. Le show est parfaitement rythmé et les blagues tombent juste, dans une partition chorégraphiée au millimètre qui a su conserver comme par miracle la saveur de la spontanéité (signe distinctif de la crème du stand-up).

En parallèle à ces vraies-fausses histoires intimes (la part d’authenticité de certaines renforçant la crédibilité des autres), le spectacle cultive les running-gags et l’auto-citation, de sorte qu’il suffit à Kyan aux deux-tiers du show de prononcer un mot ou d’esquisser une simple mimique pour réactiver une idée et déclencher l’hilarité : alors mûre et bien dressée, la salle lui mange dans la main et l’ovationne longuement.

Quinze heures après avoir quitté le Casino de Paris, on a toujours des yeux de cocker (trop pleuré de rire) et la machoire endolorie, mais on en redemande : on a plus que jamais besoin de cet humour tendre et de ces fous rires qui rassemblent.


"Une bonne soirée" de Kyan Khojandi (co-écrit avec Bruno Muschio) au Casino de Paris du 4 au 16 janvier 2022.
A noter que Kyan Khojandi sera à l'affiche de la pièce "1h22 avant la fin" de Mathieu Delaporte avec Eric Elmosnino et Adèle Simphal à La Scala (Paris), à partir du 27 janvier 2022.

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