: Interview L’humoriste Élodie Poux de retour au festival off d’Avignon : "Ça me permet de me confronter à mon évolution année après année"
Découverte par le grand public lors de son passage au Marrakech du Rire en 2018, Elodie Poux connait presque Avignon comme sa poche. Elle est venue y jouer son premier one-woman-show il y a six ans et revient cette année au théâtre Le Palace avec son nouveau spectacle, "Le syndrome du Papillon".
Son expérience d’animatrice périscolaire, Élodie Poux en a fait le ciment de son premier spectacle, Le syndrome du Playmobil. Les enfants qui peuplent ses sketchs, notamment l’incroyable Kimberley et son legging léopard, ont déjà fait rire des milliers de spectateurs à travers la France. De retour à Avignon cette année, elle y présente son dernier one-woman-show : Le syndrome du papillon. L’humoriste revient sur son expérience de jeune maman mais aussi sur sa nouvelle notoriété… Autour d’un verre de grenadine bien frais, elle nous a raconté son expérience au festival d’Avignon dont elle est déjà une habituée.
Franceinfo Culture : Que représente pour vous le festival d’Avignon ?
Elodie Poux : A chaque fois, le festival me permet de me confronter à ma propre évolution. Je peux comparer chaque édition à la manière dont mon année s’est déroulée. Le premier soir de la première année, ils étaient six à venir me voir dans un tout petit théâtre. Là, je suis dans la salle 1 du Palace, plus grande salle de spectacle avignonnaise consacrée à l’humour. Mais Avignon c’est aussi pour moi l’occasion de recroiser tous les copains qu’on a pas eu le temps de voir le reste de l’année.
Cette année, c’est votre cinquième participation au festival. A chaque fois, ce fut un succès ?
Non, la première fois était quand même compliquée. Pour faire venir les gens qui ne savent absolument pas qui vous êtes, il faut tracter toute la journée. Après, hop une petite douche, une petite sieste et on va jouer. Les douze personnes qui vous ont dit qu’elles viendraient, ne viennent pas et finalement il n’y a que deux personnes dans la salle... Et le lendemain, ça recommence ! Le deuxième festival était un peu plus facile mais il y avait quand même du boulot. Au fur et à mesure des années et de la médiatisation, qui donne quand même un sacré coup de pouce, les gens commencent à savoir qui vous êtes et ils reviennent. Certains me disent aujourd’hui "Ça fait trois années de suite que je viens voir votre spectacle". Ça fait super plaisir. Mais pour cette édition, le rythme est différent : j’ai un grand logement hors les murs, dans un endroit au calme. La première année, on était quatre dans la même chambre… Je préfère la version 2022 ! (Rires)
Avez-vous déjà vécu ce festival en tant que spectatrice ?
J’ai toujours participé au festival en tant qu’artiste. L’année dernière, j’étais au festival de la Sorgue pendant Avignon et je suis seulement venue une après-midi. J’ai détesté ça. C’est comme aller à une fête à laquelle vous n’avez pas été invitée ! On ne peut pas parler avec les copains parce qu’ils sont en train de tracter…Je crois que je préfère vraiment faire partie du game et jouer.
Quel est votre meilleur souvenir à Avignon en tant que comédienne ?
Il y en a beaucoup… Mais je crois que mes meilleurs souvenirs sont les premières fois où j’ai commencé à faire des complets. Dans ces moments-là, on arrive le soir devant le théâtre et on voit une énorme file d'attente. On se dit alors "Ohlala, qui joue ce soir ?" et on se rend compte qu’ils sont venus pour moi. C’est assez ouf.
Et le pire ?
Les pires souvenirs sont, à l’inverse, les soirs où il n’y avait pas un rire. Après les gens sortent et disent "On a bien aimé" et tu te dis "Ah bon ? Tu n’avais pas l’air". Dans ces cas-là, ton heure de spectacle paraît durer une semaine... Tu vas voir les commentaires, tu te rends compte que tu en as eu trois, quatre mauvais alors que tu as donné tout ce que tu avais sur scène… Mais si je peux donner un conseil à ceux qui font leur premier Avignon : on ne sait jamais qui il y a dans la salle. Ils sont six ? Ce n’est pas grave ! Il faut se donner comme s’ils étaient 140.
Avignon est-il une étape importante dans le processus de création de vos spectacles ?
Au début, oui ! Quand on vient avec son premier show à Avignon, ça permet de bosser un peu parce qu’on le joue tous les soirs et on rentre au même domicile, sans train à prendre ou calage technique à faire. Ça me laissait du temps pour tester de petits passages que j’avais écrit la veille. "Tiens je vois qu’ici ce n’est pas efficace, je vais essayer de résoudre ça". Surtout, ce sont des créneaux d’une heure. Sauf que parfois on arrive avec 1h20, 1h30 de spectacle... On est obligé de condenser ou de supprimer certains passages pour ne garder que le meilleur. On repart d’ici avec un spectacle d’une efficacité redoutable ! Je sais que le fait de le jouer à Paris et à Avignon m'a beaucoup aidé à rendre mon premier spectacle efficace. Les gens n’ont pas le temps, ils sont là pour rire et vite.
Cette année, vous présentez votre spectacle mais vous avez également mis en scène celui de Charlotte Boisselier.
Je fais un double Avignon cette année, effectivement. J’assiste à toutes ses représentations le matin et l’après-midi, on revient ensemble sur ce qui a été fait. Il y a une scission, qui me permet de manger, et après je passe à ma partie à moi. Et la dedans, il faut caser la petite famille, parce que je suis venu avec l’enfant, caser des moments pour se reposer et aussi profiter de la piscine à côté de la maison...Un vrai marathon !
L’enfant est là mais votre compagnon aussi ! Il joue dans la comédie Les égoïstes anonymes au théâtre des Brunes. Un chamboulement en plus ?
Non, du tout, au contraire c'est super ! On officie dans des domaines assez différents : moi je suis dans le one-woman-show, lui il est dans une pièce à sketchs. Je suis très heureuse de ce qu’il fait, lui l’est aussi pour moi, et on a chacun notre petit univers. Il ne vient pas forcément voir ce que je fais, moi non plus. On se retrouve à la maison le soir et on est très contents de se raconter nos journées. Et merci belle-maman qui garde la progéniture pendant qu’on fait des interviews ! (Rires)
En vérité, c’est le seul moment de l’année où on dort tous les soirs dans le même lit, où on prend tous nos petits-déjeuners ensemble. Ce sont des semi-vacances.
Est-ce que vous trouvez qu'Avignon a beaucoup changé au fil des années ?
Quand je me balade dans les rues d’Avignon aujourd’hui, je vois les mêmes choses qu’il y a cinq ans. Je pensais qu’à cause du covid, il y aurait beaucoup moins de spectacles et même pas. C’est notre bon vieux festival d’Avignon. Et je pense que c’est ce qui nous plait à tous : c’est une petite bulle qui se recrée chaque année.
Le syndrome du Papillon d'Elodie Poux
Au théâtre Le Palace (38 cours Jean Jaurés, à Avignon).
Jusqu'au 17 juillet, à 20h30.
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