L'irrévérence, une passion française
On la défend aujourd’hui bec et ongles comme un élément essentiel de la liberté d’expression. La caricature fait partie de l'ADN de la France. De Daumier à "Charlie Hebdo", des pamphétaires aux chansonniers en passant par les humoristes, petit tour d'horizon de la satire française.
Reportage : A. Guéry / J. Pirès
Au Moyen-Âge, la caricature est présente dans les sculptures des églises avec des personnages grotesques et des animaux symboliques. Avec la Réforme de Luther, les gravures, insérées dans des pamphlets, sont utilisées à des fins de propagande pour contester le pouvoir religieux.
En 1564, toute satire ou caricature d’Henri III (qui fut selon certains « un des plus grands martyrs du genre satirique ») est systématiquement détruite, idem avec Henri IV. Dès 1629, Richelieu légalise la censure : toute représentation ou critique du pouvoir est interdite. Les caricaturistes et pamphlétaires se font les dents sur la bourgeoisie et contournent la censure. Jean de La Fontaine notamment, qui, avec ses contes moralisateurs, se sert « des animaux pour instruire les hommes ».
Idem pour Molière avec ses comédies de mœurs qui croquent avec férocité la bonne société, les faux esprits et faux dévots, l'intolérance religieuse (déjà !). Il fait rire mais son rire est une arme. Son "Tartuffe" sera d’ailleurs interdit en 1664 et 1667, et "Don Juan" interrompu après la 15e représentation.
Avec l’arrivée de la philosophie des Lumières, le XVIIIe siècle sera riche en écrits corrosifs. Les Voltaire, Diderot, Montesquieu et Rousseau connaissent l’interdiction de publier. Certains iront jusqu’à un séjour à La Bastille, d’autres comme Voltaire s’exileront. La Révolution française et la vulgarisation de la presse marqueront ensuite, avec des hauts et des bas, la naissance de cette notion qui nous est si chère aujourd'hui, la liberté d'expression.
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