La justice autorise le spectacle de Dieudonné à Perpignan
Jean-Marc Pujol (UMP) ne voulait pas voir Dieudonné se produire dans sa ville, du fait de ses prises de position. "M. Dieudonné a développé des propos racistes et antisémites à plusieurs reprises - il a d'ailleurs été condamné pour cela - et je considère qu'il n'est pas acceptable que quelqu'un qui tient des propos racistes et antisémites puisse s'exprimer librement", avait-il déclaré début mai. "Je ne peux pas accepter que quelqu'un qui a fait venir sur scène (Robert) Faurisson, qui est un négationniste qui se répand en propos racistes et antisémites, puisse s'exprimer." Le maire invoquait en outre des risques de troubles à l'ordre public.
La décision judiciaire
"Il est enjoint au maire de Perpignan de suspendre l'arrêté du 16 mai 2013 interdisant la tenue du spectacle 'Foxtrot'", a déclaré Me Verdier à un correspondant de l'AFP.
A l'annonce de la décision, Jean-Marc Pujol a estimé que le tribunal a cassé son arrêté "parce que M. Dieudonné s'est engagé à ne pas chanter la chanson Shoahnanas", objet de polémique. "Je suis un maire républicain, j'applique la loi, (...) je me plie à la décision de la justice." Selon lui, le tribunal administratif a tout de même "dit que la position du maire de Perpignan est fondée".
"J'avais déjà annoncé l'impossibilité de perdre ce type de dossier dans la mesure où il s'agit d'un acte de censure caractérisé", s'est réjoui de son côté Me Verdier.
L'annulation du spectacle avait été demandée aux producteurs
Jean-Marc Pujol avait demandé dans un premier temps à la Régie municipale du palais des Congrès et des expositions, qui avait signé le contrat pour le spectacle, "d'essayer de trouver un arrangement à l'amiable avec la productrice" en vue d'une annulation. Et il avait prévenu : Si le spectacle est maintenu, "je prendrai un arrêté municipal interdisant le spectacle pour risques de troubles à l'ordre public. Je me suis rapproché des services de la préfecture et des services juridiques du ministère de l'Intérieur à ce sujet." Il s'était exécuté.
La productrice, Chrystel Camus, avait assuré d'emblée que la représentation aurait lieu. "La tournée s'est très bien passée. Il n'y a pas eu de violences ni d'incitation à la haine", a-t-elle souligné, mettant en garde l'édile contre les éventuelles conséquences financières pour la ville et ses administrés d'une tentative d'annulation du spectacle qui, selon elle, serait invalidée par un tribunal administratif.
Dieudonné est en tournée en France depuis février avec son spectacle "Foxtrot", qui fait régulièrement l’objet de demandes d’annulation.
Nombreuses demandes d'annulation
En mars, le maire de Bordeaux Alain Juppé avait envisagé d'interdire le spectacle, mais la préfecture de Gironde avait estimé qu'il ne représentait pas de risque sérieux de trouble à l'ordre public justifiant de demander son interdiction. Celle-ci était réclamée par la Licra. Mi-février, le sénateur-maire PS de Saint-Étienne, Maurice Vincent, avait demandé l'annulation du spectacle de Dieudonné, prévu le 16 mars dans sa ville, sans toutefois prendre d'arrêté municipal.
Humoriste controversé, Dieudonné M'Bala M'Bala a notamment été condamné en novembre 2012 à 20.000 euros d'amende par le tribunal correctionnel de Paris pour diffamation, injure et provocation à la haine et à la discrimination pour des propos et une chanson dans deux vidéos diffusées sur internet. La Cour de cassation a par ailleurs rejeté en octobre 2012 l'un de ses pourvois, rendant définitive sa condamnation pour des propos tenus lors d'un spectacle où il avait convié sur scène le négationniste Robert Faurisson.
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