Raymond Devos aurait cent ans : pour François Morel, c’était un "homme de volume et de légèreté"
Aux yeux de François Morel, Raymond Devos est quelque peu oublié aujourd’hui. L’humoriste aurait cent ans ce mercredi 9 novembre. L’occasion d’évoquer ce prince de l’absurde avec un inconditionnel qui lui consacre un spectacle en tournée et à Paris.
François Morel reprend en tournée son spectacle J’ai des doutes consacré à Raymond Devos, avec deux dates au Théâtre des Champs-Elysées à Paris, les 14 et 15 février. Regrettant ce qu’il considère comme une "mise aux oubliettes", comparé à un Coluche ou Pierre Desproges, il le voyait comme un "homme de volume et de légèreté".
Franceinfo Culture : Raymond Devos tient une place à part dans le music-hall, par son comique de situation teinté d’absurde. Est-il pour vous une source d’inspiration ?
François Morel : Raymond Devos n’était pas uniquement un monsieur sur scène qui faisait des jeux de mots. C’était un artiste qui jonglait avec tout ce que le music-hall pouvait lui offrir. Il nous embarquait vers l’imaginaire. C’était un exemple. Quand je l’ai vu à 18 ou 19 ans, je me suis dit : c’est ça que je veux faire comme métier, je veux être sur scène et je veux embarquer les gens vers le rêve, vers des choses plus rigolotes que le quotidien.
Sur scène, sa présence était prétexte à des images, c’était beau à regarder. Les lumières étaient belles, il évoquait au débotté les hommes sur la Lune, et hop, il y avait un changement de lumière, ses spectacles étaient à entendre mais aussi à voir.
Vous êtes membre du jury du prix Raymond Devos qui récompense un jeune humoriste chaque année. Avez-vous décelé des héritiers parmi les concurrents, ou chez les humoristes actuels ?
Je ne pense pas que l’on puisse refaire du Devos. C’est quelqu’un de tellement singulier, si on s’y risquait, on se planterait. Reste quand-même l’élégance d’un humour qui ne vise jamais bas. Le refus de toute vulgarité, ce que nombre d’humoristes d'aujourd'hui respectent. Il ne faut pas essayer de l’imiter, parce qu’on irait à tous les coups à l’échec.
Votre spectacle, "J’ai des doutes", qui part en tournée avant deux dates à Paris en 2023, remonte à 2019 : est-ce le Covid qui l’a interrompu ?
J’ai arrêté le spectacle après 2019, parce que j’aime passer de l’un à l’autre, j’alterne beaucoup mes représentations. Là, je sors de Tous les marins sont des chanteurs avec lequel on a beaucoup tourné. J’ai des doutes, cela fait six mois qu’on ne l’avait pas joué avant ce soir [7 novembre 2022]. On a toujours envie de le jouer parce qu’il fait plaisir au public et à nous aussi.
C’est aussi parce que Devos est un peu oublié, comme les chanteurs de sa génération d'ailleurs, les Brel, Brassens ou Ferré. Les gens ne savent plus qui ils sont, et Devos c’est encore pire. Quand on demande des noms de comiques en France, les gens répondent souvent Coluche ou Desproges, et il semblerait que tous les autres ont disparu, alors que Devos était essentiel, important. Ce que je garde de lui, c’est surtout la générosité. Il donnait des spectacles qui duraient une heure et demi, suivis d'un entracte. Puis il reprenait en restant une heure sur scène. Il vous prenait par la main et vous entraînait dans son imaginaire. On n’avait pas envie de le quitter.
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