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Un des "Frères Moustache", trio de satiristes birmans, est mort
Les "Frères Moustache", l'une des troupes de satiristes les plus célèbres de Birmanie n’ayant pas hésité à défier l'ancienne junte, ne sont plus que deux. Leur troisième membre, Par Par Lay est décédé ce vendredi.
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Tout le monde les connaît en Birmanie. Le trio d’humoristes le plus célèbre du pays a perdu un de ses membres. Par Par Lay est mort à 67 ans des suites d'une maladie des reins, a précisé son jeune frère Lu Maw, autre membre du trio qu'ils composaient avec leur cousin (depuis la retraite du troisième frère).
"Je suis triste de l'avoir perdu. Il aimait les blagues politiques et était très actif dans le mouvement pour la démocratie", a déclaré celui qui était devenu bon an mal an le porte-parole des “Moustache Brothers” du fait de sa maitrise de l’anglais.
Satiristes, les Frères Moustache comptaient parmi les détracteurs les plus courageux de la dictature militaire birmane, qui leur avait interdit de se produire. Malgré cette interdiction jamais officiellement levée, ils jouaient régulièrement dans leur ville de Mandalay, notamment devant des touristes de plus en plus nombreux depuis la dissolution de la junte en mars 2011.
Plusieurs emprisonnements, et des travaux forcés
Ces artistes de scène ont défié la junte avec leurs sketches, n’hésitant pas à railler les militaires et ébranler les tabous. En pleine dictature, leur franc-parler étonnant (ils vont jusqu’à se moquer de la famille du leader de la junte) leur attire des ennuis, mais ils n’ont jamais renoncé.
En 1996, deux des trois frères sont arrêtés pour s'être moqués de la junte lors d'une représentation chez l'opposante Aung San Suu Kyi à Rangoun. La blague de trop, pour Par Par Lay, qui racontait au Monde, dans un portrait du trio, avoir fait "des plaisanteries sur les pannes d'électricité, le travail forcé, et le manque de moyens dans les écoles".
La satire n’est pas du goût des militaires déguisés en sympathisants, qui arrêtent la troupe. Après des interrogatoires poussés, leur famille est relâchée, mais Par Par Lay et Lu Zaw - le troisième frère - sont condamnés à sept ans de travaux forcés, où ils “cassent des pierres avec des barres de fer à longueur de journée”. Malgré les appels de la communauté internationale, ils ne sont libérés qu’en 2001, après avoir signé un papier leur interdisant de se produire.
Engagé politiquement avec le parti d'Aung San Suu Kyi
Loin de les faire taire, cette expérience affûte leurs piques contre le gouvernement. Ils recommencent leurs sketches - uniquement devant les touristes, les espions du gouvernement y veillent -, et en 2007, Par Par Lay est de nouveau emprisonné pendant un mois, lors de la répression de la "révolte safran" emmenée par des moines bouddhistes. Par Par Lay s’est ensuite investi dans la campagne de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) de Aung San Suu Kyi lors des élections partielles d'avril 2012 lors desquelles l'ancienne prisonnière politique fut élue députée. "Son principal souhait avant de mourir était de voir la LND gagner les élections de 2015", a souligné Lu Maw, dont la blague favorite concluait les spectacles du trio : "L'autre fois j'avais mal aux dents. Je suis allé à Bangkok chez le dentiste. Le dentiste m'a dit : "Mais pourquoi donc venir si loin pour soigner vos dents ?" Je lui ai répondu : "Parce qu'en Birmanie on n'a pas le droit d'ouvrir la bouche."
Le spectacle des Moustache Brothers sera suspendu pendant une semaine, avant de reprendre avec le cousin, a expliqué Lu Maw, regrettant que Par Par Lay ne puisse jamais entendre la levée officielle de l'interdiction de la troupe par les autorités.
Plusieurs emprisonnements, et des travaux forcés
Ces artistes de scène ont défié la junte avec leurs sketches, n’hésitant pas à railler les militaires et ébranler les tabous. En pleine dictature, leur franc-parler étonnant (ils vont jusqu’à se moquer de la famille du leader de la junte) leur attire des ennuis, mais ils n’ont jamais renoncé.
En 1996, deux des trois frères sont arrêtés pour s'être moqués de la junte lors d'une représentation chez l'opposante Aung San Suu Kyi à Rangoun. La blague de trop, pour Par Par Lay, qui racontait au Monde, dans un portrait du trio, avoir fait "des plaisanteries sur les pannes d'électricité, le travail forcé, et le manque de moyens dans les écoles".
La satire n’est pas du goût des militaires déguisés en sympathisants, qui arrêtent la troupe. Après des interrogatoires poussés, leur famille est relâchée, mais Par Par Lay et Lu Zaw - le troisième frère - sont condamnés à sept ans de travaux forcés, où ils “cassent des pierres avec des barres de fer à longueur de journée”. Malgré les appels de la communauté internationale, ils ne sont libérés qu’en 2001, après avoir signé un papier leur interdisant de se produire.
Engagé politiquement avec le parti d'Aung San Suu Kyi
Loin de les faire taire, cette expérience affûte leurs piques contre le gouvernement. Ils recommencent leurs sketches - uniquement devant les touristes, les espions du gouvernement y veillent -, et en 2007, Par Par Lay est de nouveau emprisonné pendant un mois, lors de la répression de la "révolte safran" emmenée par des moines bouddhistes. Par Par Lay s’est ensuite investi dans la campagne de la Ligue nationale pour la démocratie (LND) de Aung San Suu Kyi lors des élections partielles d'avril 2012 lors desquelles l'ancienne prisonnière politique fut élue députée. "Son principal souhait avant de mourir était de voir la LND gagner les élections de 2015", a souligné Lu Maw, dont la blague favorite concluait les spectacles du trio : "L'autre fois j'avais mal aux dents. Je suis allé à Bangkok chez le dentiste. Le dentiste m'a dit : "Mais pourquoi donc venir si loin pour soigner vos dents ?" Je lui ai répondu : "Parce qu'en Birmanie on n'a pas le droit d'ouvrir la bouche."
Le spectacle des Moustache Brothers sera suspendu pendant une semaine, avant de reprendre avec le cousin, a expliqué Lu Maw, regrettant que Par Par Lay ne puisse jamais entendre la levée officielle de l'interdiction de la troupe par les autorités.
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