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Intermittents : course contre la montre gouvernementale pour sauver les festivals

Le gouvernement a engagé une course contre la montre pour sauver les grands festivals de l'été, en lançant dès cette semaine la concertation promise avec les intermittents, qui menacent toujours de perturber, voire d'empêcher les spectacles. Début des travaux, demain mardi 24 juin.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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A Marseille le 18 juin dernier.
 (BERTRAND LANGLOIS / AFP)
Le ministre du Travail, François Rebsamen, a appelé ce lundi 23 juin "à la raison et au calme" les intermittents qui restent mobilisés et menacent toujours de perturber les festivals, malgré les gestes  d'apaisement du gouvernement. Le différé d'indemnisation, qui focalisait les crispations, "sera assumé par l'État, selon le ministre. Les négociations s'ouvrent, elles sont sans tabou", "le budget de la culture a été sanctuarisé jusqu'en 2017", "c'est un appel au retour à la raison et au calme, au dialogue, que je lance", a déclaré François Rebsamen lors d'une conférence de presse. 
De leurs côtés les trois personnalités nommées par le gouvernement pour organiser la concertation débutent leurs travaux mardi 24 juin, selon le député PS Jean-Patrick Gille, l'un des membres du trio, qui faisait office ces dernières semaines de médiateur dans le conflit. "Le point positif, c'est vraiment que les parties en présence ont confirmé leur participation", a-t-il indiqué.

Risques de blocage

Les trois sages - Jean-Patrick Gille, l'ancienne directrice du festival d'Avignon, Hortense Archambault, et l'ancien directeur du Travail, Jean-Denis Combrexelle  - vont "mettre en place dès que possible un calendrier", a ajouté le député. Le médiateur ne cache pas que "les choses sont un peu suspendues" aux grèves sur le terrain, le risque étant que "les uns disent qu'ils vont maintenir la pression tandis que les autres refuseront de discuter sous la  pression". Mais "c'est la configuration classique d'un conflit social",  tempère-t-il.

Pour la première fois, les  partenaires sociaux, mais aussi les intermittents et les employeurs du spectacle qui n'avaient pas participé à la négociation de la nouvelle convention d'assurance-chômage, au centre de la contestation, sont invités à remettre à plat l'ensemble du régime avec l'Etat. La CGT-Spectacle, fer de lance du conflit, "ira à la concertation, mais en continuant la grève", reconduite pour tout le mois de juillet, selon Denis Gravouil, son secrétaire général. "Sans rapport de force, nous n'obtiendrons rien", a-t-il affirmé. Le Syndeac (employeurs de la culture), réuni lundi en Conseil national exceptionnel, a affiché sa volonté de "contribuer avec intransigeance et responsabilité à la concertation". Le gouvernement a multiplié les appels à l'apaisement pendant le week-end, à l'instar de Manuel Valls dimanche dans l'Aude, appelant à "se mettre autour  de la table et à ne pas faire peser de menace sur les festivals".

Grèves maintenues, mais divisions sur le terrain

Sur le terrain, la contestation ne faiblit pas mais des divisions commencent à apparaître. Plusieurs spectacles ont été annulés à la suite du vote du personnel au  festival de Marseille. A Montpellier Danse, le personnel a voté contre la grève, ce qui n'a pas empêché le spectacle d'ouverture d'être annulé dimanche soir sous la pression de plusieurs centaines d'intermittents, pour la plupart  extérieurs à la manifestation. Le bureau du festival Off d'Avignon, qui accueille 1.307 spectacles en  marge du "in", a réaffirmé lundi que "le festival Off aura bien lieu (...) l'immense majorité des compagnies affirmant vouloir jouer". 

La coordination des intermittents et la CGT ont rejeté dès jeudi soir le geste d'apaisement du Premier ministre, qui s'engageait à prendre  temporairement à la charge de l'Etat le fameux "différé d'indemnisation" qui  cristallisait le mécontentement. Les intermittents, comme les employeurs du  spectacle, craignent que ce financement d'une partie du régime par l'Etat ne préfigure une sortie de la solidarité interprofessionnelle. "Le discours de Manuel Valls est déséquilibré", martèle Denis Gravouil.  "D'un côté, le Medef obtient que l'Etat s'engage à financer le régime de façon durable, et de l'autre nous obtenons une concertation sans piste d'atterrissage".

Test

A Montpellier, l'incertitude demeure sur la tenue des spectacles à venir, malgré la tenue d'une assemblée générale organisée par les intermittents au festival Montpellier Danse. D'un côté, la direction du festival a refusé un scrutin arguant que les intermittents n'avaient pas respecté le résultat du vote la veille. De l'autre, les intermittents ont reproché à la direction d'avoir "tout verrouillé" et de ne pas "respecter le droit de grève". Le festival Montpellier Danse avait été le premier grand festival annulé lors du dernier grand conflit des intermittents en 2003.

Après Montpellier Danse, le festival lyrique d'Aix-en-Provence constitue le prochain test, avec un vote du personnel à bulletins secrets mercredi 25 juin. Les directeurs des trois festivals d'Aix, Avignon et Arles ont mis tout leur poids dans la balance appelant samedi à "ne pas manquer l'occasion (de refonte du  régime) qui nous est offerte". La coordination a aussitôt reproché à "Mesdames et Messieurs les directrices et directeurs de festivals" d'"essayer de sauver les festivals d'aujourd'hui en fermant les yeux sur l'obscène": "9 millions de pauvres" en  France et "six chômeurs sur dix non indemnisés".

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