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Intermittents : la CGT durcit le ton avant une semaine cruciale

La CGT, fer de lance du combat des intermittents pour la défense de leur régime, a haussé le ton vendredi, mettant en garde François Hollande contre une extension de la grève à toute la saison des festival, à l'aube d'une semaine cruciale.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Des intermittents occupent la Chambre de Commerce du Vaucluse à Avignon
 (BERTRAND LANGLOIS / AFP)

Sur le terrain, les salariés d'Aix-en-Provence, premier festival d'opéra français, ont brandi la menace d'un arrêt de travail, comme l'avaient fait quelques jours plus tôt le personnel du "In" d'Avignon. En 2003, lors du précédent conflit des intermittents, ces manifestations, deux temps forts des festivals d'été, avaient dû être annulées.

"La colère, le désespoir, mais surtout la détermination vont entraîner la généralisation des mobilisations et des grèves", a prévenu la CGT-Spectacle dans une lettre ouverte au président de la République. "Si nous n'étions pas entendus, alors ce légitime mouvement de contestation continuera de s'étendre, tout particulièrement à l'occasion des festivals et des spectacles d'été. Ce n'est pas notre souhait, mais nous y serions contraints", a averti le syndicat. La confédération demande que le gouvernement n'agrée pas la nouvelle convention d'assurance-chômage, issue de l'accord signé le 22 mars entre le patronat et trois syndicats (CFDT, FO et CFTC) et qui durcit les conditions d'indemnisation de plusieurs catégories de chômeurs, dont les intermittents. Pour le moment, la CGT-Spectacle a déposé un préavis de grève couvrant seulement le mois de juin, le gouvernement ayant théoriquement jusqu'au 30 juin pour décider d'agréer ou non la convention.

La semaine qui vient s'annonce cruciale. Lundi, les intermittents appellent à une nouvelle journée d'action nationale, avec rassemblement à Paris et grèves. Mercredi, le Conseil national de l'emploi (CNE) doit se réunir pour examiner la convention d'assurance-chômage. A cette occasion, le ministère du Travail répondra aux arguments avancés par la CGT et à la CFE-CGC, opposées à l'accord. "On est en train d'écrire le rapport qui sera formellement envoyé aux membres du CNE ce (vendredi) soir", a déclaré Emmanuelle Wargon, déléguée générale à l'emploi au ministère, devant l'association des journalistes sociaux (Ajis). "Il est écrit mais pas encore complètement finalisé et, à ce stade, il n'y a pas de surprise majeure", a-t-elle dit, laissant entendre qu'il n'y aurait pas d'objection légale ou d'ordre d'intérêt général à l'agrément du texte.

Une voie étroite

Parallèlement, le médiateur nommé par le gouvernement dans le dossier, le député socialiste Jean-Patrick Gille, poursuit ses discussions avec les partenaires sociaux. Une voie étroite est évoquée en coulisses pour tenter de sortir de la crise. Le gouvernement pourrait agréer la convention d'assurance-chômage, en demandant que les dispositions concernant les intermittents ne s'appliquent qu'à partir du 1er octobre. Dans l'intervalle, une concertation serait organisée entre l'Etat et les partenaires sociaux. Mais avec quel périmètre ?  

"Un report de l'application (des dispositions concernant les intermittents, ndlr) ne nous poserait pas de difficultés, à condition que ça ne signifie pas que pendant ce délai, on renégocie l'accord", a déclaré à l'AFP la négociatrice de la CFDT, Véronique Descacq. La concertation doit aborder "tout le reste: la précarité dans les métiers du spectacle, le financement de la culture, un fonds de mutualisation qu viendrait soutenir certains professionnels, le recours aux CDD... C'est l'occasion d'interpeller l'Etat sur sa responsabilité dans ces questions", a-t-elle ajouté.

Un agrément, avec un simple report au 1er octobre, ne serait qu'une "manoeuvre" pour "tenter d'éteindre l'incendie des festivals" et éviter des annulations, estime de son côté Denis Gravouil, numéro un de la CGT-Spectacle.

Occupations, annulations... et gratuité 

Vendredi, les intermittents ont maintenu la pression en multipliant les occupations de directions régionales du travail et de chambres de commerce, à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), Toulouse, Lille, Avignon, Brest, Lyon ou encore Grenoble.

A Toulouse, ils sont sont revenus sur leur décision de bloquer totalement la troisième journée du festival de musiques du monde Rio Loco à Toulouse, préférant comme la veille décréter la gratuité de la programmation. A Paris, le Théâtre de l'Odéon a annoncé l'annulation de la représentation de "Cyrano de Bergerac" mardi prochain.

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