L'humour féroce et détraqué de Redouanne Harjane
Il dit des choses comme "j'ai tapé Google sur Google et mon ordinateur a eu une crise d'épilepsie." Ou "Je n'ai jamais vu une pub télé pour des multiprises". Ce gars-là se pose beaucoup de questions, sa tête n'est jamais au repos.
"Je me demande si les enfants nés pas césarienne ont un bon sens de l'orientation ?". "Pourquoi ça s'appelle les Alcooliques Anonymes alors que la première chose qu'ils font c'est de se présenter par leur nom ?". "Quand un schizophrène se suicide, est-ce qu'on peut l'accuser de meurtre?".
Redouanne Harjane à Montreux
Il ponctue ses considérations absurdes de "wouh wouh", "ouai ouai". Et en cas de méchants traits d'humour noir, il ajoute "c'est cadeau" avec un ricanement. Parfois il ne termine pas ses phrases, ou bien il bégaye. Le personnage que joue Redouanne Harjane a quelque chose d'inquiétant, de mentalement détraqué. Il donne régulièrement l'impression d'être sur le point de dérailler. Ce léger inconfort, ce demi-suspense, garde en éveil le spectacteur.
Sans jamais le cerner, le public a vite fait de l'apprivoiser. Même quand il nous traite de "chouettes empaillées". Car le personnage est attachant et tout à fait cohérent dans son délire. Arriver à garder le fil et à déclencher l'hilarité avec une affaire saugrenue de révolte de bébés prématurés en couveuses, avec trafic de bracelets de naissance et dealers de tétines hallucinogènes à la clé, tient franchement de la gageure. Mais ce n'est rien comparé aux quatre murs de la prison et au morceau de bravoure du spectacle que constitue la chanson "Coup de foudre carcéral".
Raconter un spectacle de Redouanne Harjane est tout simplement impossible. Son comique radical et désespéré ne s'explique pas, ne se raconte pas. Il s'expérimente.
"Dans la tête de Redouanne Harjane"
Au Comedy Club jusqu'à fin juin
42 bd Bonne Nouvelle Paris 10e
Du jeudi au samedi à 21h30
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