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La crise des intermittents un an après en 4 questions

Où sont passés les intermittents du spectacle ? Un an après la grève qui avait perturbé les grands festivals de l'été, la situation s'est apaisée sur le terrain et des milliers d'entre eux sont à pied d'oeuvre sur les grandes manifestations de l'été.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
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Manifestation des intermittents à Avignon en juillet 2014
 (BORIS HORVAT / AFP)

Pourquoi la crise ?

En juin 2014, on frôle l'annulation pure et simple des grands festivals, comme en 2003. Les intermittents votent la grève et exigent du gouvernement qu'il ne signe pas la convention chômage conclue en mars entre les partenaires sociaux - à l'exclusion de la CGT - qui durcit leurs règles d'indemnisation. Confronté à un "bis repetita" des grandes crises qui secouent la profession du spectacle à chaque remise en cause de son régime spécifique d'indemnisation (1992, 2003, 2014) le gouvernement intervient le 19 juin en prenant à sa charge la mesure la plus pénalisante de la nouvelle convention chômage (différé d'indemnisation) et en lançant une concertation avant l'été.

Où en est-on ?

"Nous avons répondu à la principale revendication, c'est-à-dire la reconnaissance des annexes 8 et 10 de la convention chômage", souligne Jean-Patrick Gille, à la tête de la concertation menée pendant six mois. Les deux annexes, qui définissent les règles d'indemnisation des salariés du spectacle en tenant compte du caractère intermittent de leurs métiers, ont été inscrites le 29 mai par les députés dans la loi, suivant les conclusions de la concertation.

"C'est symbolique mais ça compte, on ne va plus entrer dans des négociations où le Medef dira aux représentants des intermittents 'on va faire sauter vos annexes'", souligne le député PS. La loi prévoit en outre que les salariés et employeurs du spectacle se mettront autour d'une table, en amont de la négociation de la convention chômage.

"C'est le principe de subsidiarité", explique Jean-Patrick Gille. Une des raisons des crises à répétition tenait à la méthode de négociation de la convention, qui associe seulement les grandes confédérations (Medef, CFDT, FO, CGT etc.) qui connaissent mal de sujet, à l'exclusion des principaux intéressés. "On fait le pari que la profession saura s'entendre sur un accord", souligne le député. Un comité d'experts doit venir en appui aux négociateurs, afin de sortir des querelles de chiffres.

Le conflit est-il résolu ?

"Ce n'est pas la panacée, mais c'est un progrès", estime Denis Gravouil, secrétaire général de la CGT Spectacle. "Ne boudons pas notre plaisir : nos luttes ont obligé le gouvernement à prendre des mesures pour nous écouter, maintenant, il faut voir ce qui se passera dans la négociation. Pour Samuel Churin, porte-parole de la coordination des intermittents et précaires, "la loi ne règle rien sur le fond, c'est de la communication". "Le patronat peut parfaitement maintenir les annexes et les vider de leur contenu", dit-il.

La loi prévoit que les partenaires sociaux fixeront une "trajectoire financière" pour le régime, afin de maîtriser une dérive éventuelle des coûts. "Ce cadrage financier est un vrai problème", reconnaît la CGT Spectacle. Si l'enveloppe est trop serrée, la négociation professionnelle risque de capoter, ce qui renvoie la balle au niveau interprofessionnel... et ouvre la voie à une énième crise. L'actuelle convention chômage vient à échéance le 30 juin 2016 et la négociation interne à la profession devrait débuter à l'automne. "Si ça se passe mal, c'est l'été 2016 qui se passera mal", met en garde Denis Gravouil.

Quid des festivals cette année ?

Si le calme règne sur le front social, "l'inquiétude s'est déplacée sur l'emploi", constate Denis Gravouil. Face à la baisse - 11 milliards sur trois ans - des dotations de l'Etat, les collectivités locales réduisent leurs subventions, contraignant beaucoup de manifestations à réduire la voilure, voire à mettre la clé sous la porte.

"L'Etat demande en quelque sorte aux collectivités de choisir les économies à faire entre la cantine, la crèche et la culture!" s'insurge Samuel Churin. Selon la "cartocrise" réalisée par une médiatrice culturelle du Nord de la France, 195 festivals, structures et associations ont été supprimés depuis mars 2014.

Même si d'autres se créent en parallèle, la crise est bien là et la ministre de la Culture, Fleur Pellerin, l'a implicitement reconnu en confiant une mission de "diagnostic" à l'ex-maire de Toulouse, Pierre Cohen.

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