Le cirque Romanès, une belle histoire de famille
Douleur
Il y a un an, Alexandre Romanès s'étranglait presque. Plusieurs de ses musiciens roumains n'avaient plus de permis de travail. Ils avaient été annulés dans un contexte bien particulier de chasse à l'immigration clandestine rom, lancée en grande pompe par Nicolas Sarkozy. Dans un cirque, difficile d'aborder un nouveau spectacle dans la tradition tzigane sans violon ni accordéon. Difficile, aussi, de voir son peuple ainsi stigmatisé. Ce fut, de plus, la seule fois où le campement Romanès reçut quelques jets de pierres. Blessure à l'âme. Artistes, élus, presse, pétition, la mobilisation fut importante pour soutenir la famille, et finalement la vie artistique pû reprendre son cours, de l'hiver en résidence, au printemps et à l'été sur les routes dans l'Europe entière.
Un toit
Alexandre aurait pu devenir grand patron du cirque Bouglione, sa famille d'origine. Mais à 25 ans, il rêve d'autre chose, trouve l'entreprise trop grosse, quasi "industrielle". Il s'installe dans un campement tzigane, abandonne l'art pour des activités plus traditionnelles. Celui qui n'a passé que trois ans à l'école, dans la douleur, croise la route d'hommes de lettres, parmi lesquels Jean Genêt. Les deux hommes se lient d'amitié, l'écrivain partage un temps la caravane de Romanès. Mais on n'oublie pas le cirque comme cela. En 1994, avec Délia sa nouvelle épouse, Alexandre remonte un chapiteau, qu'il nomme "Romanès", "la langue des hommes " chez les Tziganes. C'est une entreprise familiale, dans laquelle chacun trouve son rôle. Les débuts sont modestes, mais quinze ans plus tard la reconnaissance est totale. Le cirque Romanès est devenu le premier cirque Tzigane de France.
Une plume
Mais le fondateur du cirque Romanès n'a jamais oublié son autre passion, plus secrète, plus modeste : les lettres. Il publie un premier livre, un recueil de poèmes, avec son ami écrivain Jean Grosjean, en 2004, il s'appelle "Paroles Perdues" (Gallimard). Un second ouvrage, "Sur l'Epaule de l'Ange" est publié en 2010. En 2011, finie la poésie, momentanément, pour une sorte de réponse à ce qui fut vécu comme un acharnement, un an auparavant. Ce sera "Un peuple de promeneurs" (toujours Gallimard), hommage aux Tziganes, aux Roms, à travers les anecdotes et aphorismes qui se transmettent en itinérance.
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