"Les Bâtisseurs d'empire" de Boris Vian : rire féroce à la Comédie de Picardie
"L'écume des jours", "L'arrache-coeur" ou "L'automne à Pékin" sont entrés dans la légende Boris Vian. Mais on connaît moins "Les bâtisseurs d'empire" que nous propose la Comédie de Picardie.
C'est en 1957, en pleine Guerre d'Algérie que Boris Vian écrit "Les bâtisseurs d'empire". Une pièce qui met en scène une famille bourgeoise qui a toutes les apparences de la normalité mais qui est, en fait, rongée par la peur et le surgissement d'un "refoulé violent". Celui-ci est symbolisé par le Schmürz, une créature silencieuse et torturée qui devient le souffre-douleur de la famille.
Une famille qui vit dans un immeuble et déménage à l'étage au dessus chaque fois que "Le Bruit" qui monte de la rue les effraie. Plus la famille s'éloigne du bruit plus elle se retrouve dans un espace réduit, confiné. On est entre Ionesco et Beckett
La peur et le non-dit
"C'est une pièce sur la peur et sur le non-dit, analyse Vincent Ecrepont La peur d'une famille qui, effrayée par un bruit venant de la rue, monte, migre d'étage en étage pour se retrouver à chaque fois dans un appartement plus petit, plus étriqué. C'est la thématique récurente que l'on connaît bien dans 'L'écume des jours'".Reportage : France 3 Picardie : J. Guéry / A. Barège / S. Boré / G. Guillot
Laurent Terzieff disait que le propre du théâtre c'est de se mettre à l'écoute du monde pour s'en faire caisse de résonnance. Pour moi c'est une incroyable machine à rire mais aussi à penser notre société dont nous sommes chacun bâtisseur
Vincent EcrepontEn filigrane : le migrant et l'opprimé
"Les Bâtisseurs d'empire" est un portrait au vitriol d'une famille et plus largement de la société. Pour le metteur en scène "le Schmürz est un blessé de guerre autant qu'une figure de l'opprimé et du migrant".
Une métaphore qui n'a pas échappé au public. "C'est très contemporain par rapport aux événements politiques autour de l'immigration constate ce spectateur. C'est pas étonnant non plus car on a toujours connu ça aussi"
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