Les Français à moitié rassurés par les dispositifs de sécurité dans les salles de spectacle
La fréquentation des salles de spectacle (concerts, humour, festivals, comédies musicales) s'était littéralement effondrée dans les semaines suivant les attentats du 13 novembre 2015, où 90 personnes ont trouvé la mort au Bataclan.
"S'ils ont marqué les Français, les attentats de Paris de novembre ne semblent pas avoir modifié en profondeur le rapport au secteur du spectacle", souligne le Prodiss, qui compte parmi ses membres le Bataclan, salle qui doit rouvrir ses portes en novembre avec des concerts notamment de Pete Doherty, Marianne Faithfull et Yael Naim.
"Juste après les attentats, les gens avaient moins le coeur à la fête, et on a eu une baisse de fréquentation de l'ordre de 15 à 20% dans nos salles pendant les quinze premiers jours", confirme Jean-Marc Dumontet, patron des salles du Point-Virgule, du Grand Point-Virgule, de Bobino et du Théâtre Antoine à Paris. "Les choses se sont ensuite rétablies. Notre activité est redevenue normale", estime-t-il.
Presque un an après les attentats, un quart (26%) de ceux qui sont retournés voir un spectacle depuis (concert, festival ou humour) avouent ne pas se sentir en sécurité, selon une enquête Harris Interactive pour le Prodiss (syndicat national du spectacle musical et de variété) publiée à l'occasion de l'ouverture du Marché des musiques actuelles (MaMA) mercredi à Paris.
"Impact négatif limité"
Selon le Prodiss, la baisse "lissée" de fréquentation des spectacles reste faible (-2%) sur un an, avec une fréquentation qui est restée "supérieure aux résultats de 2014". La baisse a surtout concerné "les artistes en développement", selon le syndicat. L'"impact négatif" des attentats de novembre 2015 apparaît ainsi "limité", "du moins du point de vue du ressenti et des attitudes déclarées des Français interrogés", estime l'organisation.Dans l'ensemble, le théâtre privé, qui avait baissé de 35% fin 2015, s'est ensuite repris début 2016, affichant une progression de 1% de janvier à août par rapport à la même période de l'année précédente. "Les gens ont envie de sortir, c'est encourageant", a récemment commenté Bernard Murat, le président du syndicat du théâtre privé (SNDTP), en remarquant que les tournées de spectacles en province ont repris, avec une hausse de 8% du nombre de spectateurs. Le public a également été au rendez-vous pour les festivals d'été : le "Off" d'Avignon, qui se revendique "le plus grand théâtre du monde", a vendu davantage de cartes d'abonnement (+1% environ) qu'en 2015.
Côté musique, les Vieilles Charrues à Carhaix ont battu leur record de fréquentation cet été avec 278.000 entrées, malgré un contexte sécuritaire alourdi par l'attentat de Nice du 14-Juillet. Solidays a également fait son meilleur score cette année avec 202.000 festivaliers en 3 jours à Paris. Les Eurockéennes de Belfort ont affiché complet pour la cinquième année consécutive (104.000 entrées).
Si les Français continuent de plébisciter les spectacles, un "moyen de se changer les idées" et de "lutter contre l'ambiance de crise", ils se montrent en revanche plus vigilants, la sécurité étant au centre de leurs préoccupations, selon l'enquête publiée mercredi par le Prodiss.
Pas assez de sécurité à l'extérieur des salles
Si les trois-quarts des spectateurs assurent se sentir en sécurité, plus de la moitié des Français (54%) se disent plus attentifs à la sécurisation des lieux, en particulier les extérieurs. Environ 45% des personnes interrogées estiment que les mesures de sécurité ne sont pas suffisantes à l'extérieur des salles de concert, un chiffre qui monte à 48% pour les extérieurs de festivals.Les amateurs de concerts et spectacles comiques se plient en revanche "volontiers" et en grande majorité (94%) aux mesures de sécurité, renforcées depuis un an. Elles jouent même un rôle rassurant pour 73% d'entre eux et n'"énervent" que 12% des personnes interrogées.
L'enquête a été réalisée en ligne du 20 au 22 septembre sur un échantillon de 1.010 personnes parmi des Français de 15 ans et plus.
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