Les intermittents manifestent et maintiennent la pression
"Vous aimez le cinéma ? Vous aimez les intermittents !", "Pas d'intermittents, pas de télévision", "Filippettitanic", "Nous avons des propositions", pouvait-on lire sur les banderoles des manifestants qui remplissaient la place du Palais Royal, égayée par des marionnettes géantes.
La CGT claque la porte de la réunion avec Filippetti
Cette manifestation se tenait à l'occasion d'un Conseil national des professions du spectacle autour de la ministre Aurélie Filippetti. Les représentants de la CGT-Spectacle, syndicat fer de lance du mouvement des intermittents, sont sortis de cette réunion "en claquant la porte", selon le secrétaire général du syndicat, Denis Gravouil. "La ministre a fait un discours d'où il ressort que le budget de la Culture sera encore amputé en 2014, et a refusé de dire que la convention chômage ne serait pas agréée", a-t-il expliqué.
Selon lui, la CGT devrait appeler à "une poursuite du mouvement" lors de l'assemblée générale prévue lundi soir à La Villette.
Une délégation devrait être reçue auparavant par le cabinet du Premier ministre à Matignon.
Soutiens de personnalités
Le comédien Philippe Torreton, le metteur en scène Alain Françon, des artistes de la Comédie-Française voisine et du Théâtre du Soleil étaient présents à la manifestation parisienne. Plus tôt dans la journée, l'ancien ministre de la Culture Jack Lang, le romancier Daniel Pennac et le metteur en scène Stanislas Nordey ont également exprimé leur soutien aux intermittents , à l'appel du directeur du théâtre du Rond-Point, Jean-Michel Ribes.
"Si la gauche assassine le festival d'Avignon et les autres festivals en signant cet accord, ce sera vraiment la fin d'une certaine idée de la gauche", estimait lundi matin le directeur du festival d'Avignon, Olivier Py, en appelant à Manuel Valls.
Manifestations à Marseille, Montpellier et Rennes
Entre 1.500 et 2.000 intermittents selon les organisateurs, un millier selon la police, ont manifesté lundi après-midi à Marseille et 400 autres à Montpellier.
A Marseille, ils se sont d'abord regroupés sous les fenêtres du Medef, près du Vieux-Port, scandant "Medef, Medef, on t'encul-ture!". Des représentants des festivals d'Avignon et d'Aix-en-Provence et de la série télévisée populaire "Plus belle la vie" ont ensuite pris la parole. Les manifestants, accompagnés de percussions, ont ensuite pris la direction de la gare Saint-Charles.
A Montpellier, la manifestation a réuni 400 manifestants, selon la police et les organisateurs, derrière une grande banderole "ce que nous défendons, nous le défendons pour tous". Parmi eux, les intermittents du Printemps des Comédiens en grève depuis le 3 juin, leurs collègues de "Quand je pense à Fernande", dont le concert dans la soirée de Bernard Lavilliers a été annulé pour cause de grève, mais aussi le monde du cinéma, de la télévision ou des théâtres de Montpellier.
Jean Varela, patron du théâtre Sortie ouest à Béziers et directeur du Printemps des comédiens d'où est parti le mouvement de contestation ainsi que son collègue Jean-Paul Montanari, directeur du festival Montpellier danse (22 juin - 9 juillet) sont venus soutenir les manifestants.
A Rennes, environ 450 intermittents ont manifesté dans les rues avant d'investir la direction générale des affaires culturelles (Drac) dont les poetes étaient restées ouvertes. Ils sont entrés dsans rencontrer d'opposition, en jouant de la musique, ont pénétré dans les bureaux avant que la majeure partie ne se disperse. Ceux qui restaient ont décidé d'occuper la Drac "jusqu'à mercredi, date du conseil national pour l'emploi".
A Strasbourg, une centaine d'intermittents a également manifesté.
Annulations et perturbations se multiplient
Plusieurs éditions régionales des journaux de France 3 ont été annulées ainsi que celle de la mi-journée sur Arte, et les marionnettistes des Guignols de l'Info ont décidé de ne pas participer à l'émission du soir sur Canal Plus. Une trentaine de studios d'animation et de post-production sont en arrêt de travail.
Le Printemps des Comédiens de Montpellier, premier festival affecté depuis son ouverture le 3 juin, est en grève, tout comme les Nuits de Fourvière à Lyon ce lundi. A la Comédie-Française, la représentation de "Phèdre" n'aura pas lieu.
Si la liste des manifestations perturbées depuis début juin est déjà longue, Uzès Danse (13-18 juin) est le premier festival à être formellement annulé. Sa direction en a annoncé la déprogrammation ce week-end.
Le festival d'Aix sera vraisemblablement affecté : "On a pris la décision de se mettre en grève pour les premières lyriques qui ont lieu le 2 juillet", a déclaré l'un des porte-parole du Festival lors de la manifestation de lundi à Marseille.
A "Montpellier Danse", lundi matin, sur 36 votants, 32 personnes (1voix contre et 3 abstentions) avaient voté en faveur d'une journée de grève. Le festival est actuellement en plein montage.
La question se pose aussi pour le "in" d'Avignon. Les personnels de cette manifestation phare de l'été ont menacé la semaine dernière de se mettre en grève dès l'ouverture le 4 juillet si le gouvernement agréait la convention.
Le gouvernement va valider le texte contesté
Les intermittents du spectacle demandent au gouvernement de ne pas agréer la nouvelle convention d'assurance-chômage qui prévoit un durcissement de leurs conditions d'indemnisation, comme celles d'autres catégories de chômeurs.
Le gouvernement a confirmé à la mi-journée qu'il allait valider le texte, mais le Premier ministre a envisagé une remise à plat du système pour "ouvrir une voie d'espoir" pour les intermittents.
"Prêts à aller au clash"
"Manuel Valls a l'air de dire que nos propositions sont intéressantes, c'est une ouverture. Mais je voudrais savoir comment articuler ces propos avec un agrément du texte au 1er juillet", a déclaré à la presse Denis Gravouil, le secrétaire général de la CGT-Spectacle, fer de lance du combat des intermittents côté syndical.
"Le texte ne peut pas être signé, ni aujourd'hui ni au 1er octobre", a-t-il ensuite lancé aux manifestants. Un report de l'application du texte à la rentrée est parfois évoqué en coulisses pour sauver la saison des festivals.
"La balle est dans le camp du médiateur nommé par le gouvernement. On le revoit mercredi et il fera des propositions à la fin de la semaine", a-t-il expliqué aux journalistes, faisant référence au député socialiste Jean-Patrick Gille.
"Il ne s'agit pas de bloquer les festivals, la grève est votée sur place par les artistes et les techniciens. Mais c'est vrai qu'on est prêt à aller au clash si on n'écoute pas nos propositions", a ajouté le secrétaire général de la CGT-Spectacle, fer de lance du combat des intermittents côté syndical.
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