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L'Opéra de Lyon et le Grand Théâtre de Bordeaux rejoignent la cinquantaine de salles occupées

Le mouvement parti le 4 mars du Théâtre de l'Odéon à Paris a eu un effet boule de neige depuis. Au moins 45 salles sont occupées et "ça s'élargit d'heure en heure", affirme la CGT Spectacle.

Article rédigé par franceinfo Culture avec AFP
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
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Une centaine d'étudiants et d'intermittents du spectacle occupent l'Opéra de Lyon depuis le lundi 15 mars, et dressent des banderoles. (ANTOINE MERLET / HANS LUCAS)

"Qu'on nous donne des perspectives" : elles sont désormais près de 50 salles à être occupées à travers la France, dont l'Opéra de Lyon et le Grand Théâtre de Bordeaux depuis le lundi 15 mars. Intermittents et étudiants réclament la réouverture des lieux culturels et le retrait des projets de décret de la réforme de l'assurance-chômage.

Effet boule de neige

A l'Opéra de Lyon, l'une des principales scènes lyriques françaises, une cinquantaine d'étudiants issus des filières artistiques de la ville sont entrés lundi 15 mars au matin dans le bâtiment icônique du XIXe siècle. "On fait un métier qui, en dehors de l'école, est totalement à l'arrêt et on se demande bien ce qui va se passer à notre sortie", s'inquiète Kainana Ramadani, comédienne en dernière année de formation. Comme dans certains théâtres, fermés depuis le 30 octobre, les étudiants concentrent leur présence dans le hall car des répétitions - qui sont autorisées - ont lieu dans la salle. La direction de l'Opéra s'est dit "à l'écoute" des inquiétudes des étudiants "qui seront demain les artistes et les artisans de notre vie culturelle".

A Bordeaux, plusieurs dizaines de personnes ont occupé en fin d'après-midi (lundi) le hall du Grand Théâtre de Bordeaux, et une quinzaine d'entre elles avaient prévu d'y passer la nuit. La mairie, qui gère ce monument historique, a demandé le respect d'une jauge de 30 personnes. "On occupe un bâtiment classé et fragile, alors on en prend soin ! Et on respecte le protocole Covid, on ne veut pas être traités d'irresponsables", a lancé un membre de la Coordination des intermittents et des précaires (CIP) locale aux personnes présentes.

Une occupante de l'Opéra de Lyon peint le lundi 15 mars 2015 une banderole brocardant la gestion de la Culture par la ministre Roselyne Bachelot, depuis son arrivée aux affaires.  (ANTOINE MERLET / HANS LUCAS)

Clermont-Ferrand, Toulouse, Pau, Lorient, Dijon...

"Le mot culture n'est même plus prononcé lors des rendez-vous de MM. Castex et Véran", regrette Dimitri Boutleux, adjoint au maire de Bordeaux pour la culture. Même son de cloche à Pau, où les intermittents occupent désormais le Zénith, après avoir quitté le Théâtre Saragosse pour des raisons de sécurité et de distanciation sociale. "Qu'on nous donne des perspectives, car le monde de la culture n'en a aucune", a déclaré Martin Patris (SYNPAC-CGT).

La ministre de la Culture Roselyne Bachelot a jugé la semaine dernière "inutile" et "dangereuse" l'occupation des théâtres. Le gouvernement a débloqué 20 millions d'euros supplémentaires en soutien au monde de la culture, mais cela n'a pas empêché le mouvement d'occupation de s'intensifier. Lundi également, à Clermont-Ferrand, le hall de La Comédie était occupé pour "se battre et dénoncer les choix arbitraires sur ce qui essentiel et ce qui ne l'est pas", selon Sébastien Guerrier (CGT-Spectacle).

Et à Toulouse, où l'occupation du Théâtre de la Cité se poursuit depuis jeudi, on pouvait lire sur les banderoles "il y a ceux qui font les réformes et ceux qui en crèvent". Le Théâtre de Lorient était occupé lundi par une vingtaine de personnes qui réclament le "retrait pur et simple des projets de décret de la réforme Macron de l'assurance-chômage", explique Youen Paranthoën, représentant du Syndicats d'Artistes Musiciens de France-CGT. "Depuis un an, on ne génère pas de cotisations sociales, nos caisses sont en péril".

Le mouvement a également gagné le Grand Théâtre de Dijon, le Théâtre National de Nice, le CDN de Montpellier, la scène de Musiques actuelles Paloma à Nîmes ou encore le Théâtre Gérard Philipe à Saint-Denis. Dans le sillage, la maison de la culture de Grenoble, la MC2, est occupée depuis mardi midi. Quant à la réouverture des musées qui faisait la une il y a trois semaines, et devait être "prioritaire", elle est restée lettre morte, personne n'en parle plus.

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