Cet article date de plus de dix ans.

Ouverture le 6 septembre d'un Festival d'Ile de France qui s'encanaille

"Tabous, musiques et interdits" : le festival d'Ile-de-France présente du 6 septembre au 12 octobre une trentaine de spectacles de musiques transgressives, qui ont choqué ou choquent encore l'ordre établi, des villancicos de l'Espagne baroque au punk-rock en passant par le maloya ou le cabaret.
Article rédigé par franceinfo - franceinfo Culture (avec AFP)
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Le Cabaret New Burlesque est invité au Festival d'Ile de France.
 (Guy Vivien)

"Le but n'était pas tant de dénoncer les tabous contemporains que de voir comment ces notions de tabous et d'interdits ont évolué sur 800 ans d'histoire et comment ce qui maintenant peut paraître anodin suscitait à l'époque des débats plus qu'agités", a expliqué Olivier Delsalle, le directeur du festival.

L'ensemble De Caelis
 (Guy Vivien)
Le chant polyphonique du Haut Moyen Âge fut ainsi frappé d'interdiction par l'Eglise au prétexte qu'il détournait de la prière. L'Ensemble vocal De Caelis (13 septembre à Saint-Loup-de-Naud) se penchera sur ces chants polyphoniques du XIIe au XIVe siècle dans l'Occident chrétien, où apparurent la notion de plaisir de chanter, voire de volupté, et certaines dissonances.

Certains villancicos furent aussi interdits dans le "Nouveau monde" hispanique au XVIIIe siècle, du fait de leur théâtralité et de l'apport d'éléments populaires dans ces chants d'église. Plus proches de nos sociétés contemporaines, le tango et le rebetiko, musiques urbaines de la marge nées dans des lieux interlopes échappant à tout  contrôle, et le maloya, une forme de chant emblématique de la Réunion née dans  la communauté des anciens esclaves de l'île, auront chacun droit à une soirée. Le maloya, désormais classé au Patrimoine culturel immatériel de l'Unesco, fut ainsi censuré par le pouvoir central français, qui jugeait sa pratique  hautement subversive, jusqu'en 1981.

Même admis, le cabaret dérange

"Ces expressions artistiques, même si elles sont désormais autorisées, admises, et si l'on peut aller les écouter librement, questionnent toujours", remarque Olivier Delsalle. Et dérangent, comme le cabaret, type même de spectacle où les frontières disparaissent et le public s'encanaille. Le festival lui consacrera plusieurs  soirées dont celle d'ouverture, samedi à Paris au Trianon. "Mais le monde est plus liberticide qu'il n'y paraît, rappelle Olivier Delsalle, et pas mal de tabous sont encore bien présents."
La chanteuse iranienne Parissa.
 (EDT)
"La venue de la chanteuse iranienne Parissa n'est pas non plus anodine, parce qu'elle pose le problème de la place de la femme, de l'artiste et de la chanteuse dans la société en Iran, où elle a été souvent interdite de scène", rappelle-t-il.

Rencontres

 Au-delà de sa thématique, le festival d'IDF a vocation à susciter des  rencontres. "Nous avons toujours cette idée de mise en regard des répertoires,  d'établissement de filiation entre les différents répertoires et différentes formes de musiques", insiste son directeur. 
Le groupe d'électro-rock français Poni Hoax.
L'Ensemble de musique baroque de la Grande Chapelle de Madrid dialoguera ainsi avec un ensemble de musique traditionnelle dominicaine, et les créatures  du Cabaret New Burlesque avec Poni Hoax, jeune groupe français d'électro-rock, et le chanteur Arthur H.
Plusieurs spectacles associeront diverses formes d'expression artistique, comme Yumé, un oratorio lyrique contemporain japonais inspiré d'un récit millénaire où se mêleront la danse, le théâtre de poupées munraku et la musique contemporaine.

Le Festival offre aussi un voyage dans le riche patrimoine de l'Ile-de-France et ses huit départements: la Rotonde des locomotives à Longueville servira ainsi de cadre à un concert-lecture consacré à Jack Kerouac et la contre-culture.  

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.