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Accusé par "Marianne" de promouvoir l'islamisme, l'humoriste Yassine Belattar affirme que plusieurs salles ont annulé ses spectacles

L'artiste a annoncé que certaines de ses représentations avaient été annulées à la suite de son portrait à charge paru dans "Marianne". Vendredi, les places étaient toujours en vente et les salles contactées par franceinfo n'étaient pas au courant de telles annulations. Mais Yassine Belattar soutient que les accusations de l'hebdomadaire "le fragilisent professionnellement". 

Article rédigé par franceinfo
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Yassine Belattar, à Paris, le 21 septembre 2015. (MAXPPP)

"C'est très certainement l’un des pires moments de ma carrière..." L'humoriste Yassine Belattar a annoncé, jeudi 21 décembre sur Facebook, que plusieurs salles avaient annulé ses représentations. "Les villes de Marseille, Nancy, Sausheim ou encore Bordeaux ne recevront donc pas mon spectacle Ingérable pour le moment, précise-t-il. Certains tourneurs ont décidé de céder à une image sulfureuse dont je suis victime ces dernières semaines à la suite d'un article mensonger."

L'artiste a récemment fait l'objet d'un article à charge de Marianne (lien abonnés), titré "Yassine Belattar, faux clown et vrai danger". L'auteure de l'article raconte avoir assisté à une représentation de son dernier spectacle et affirme que Yassine Belattar y a déclaré : "Je ne suis pas Charlie, je ne suis pas Nice. J’ai le droit de choisir mes deuils." Or, des journalistes et des internautes ayant assisté au spectacle accusent l'hebdomadaire d'avoir déformé ses propos. L'humoriste a en effet dit le contraire en interview, le 14 novembre sur franceinfo : "Je ne choisis pas mes deuils. Je ne suis pas Charlie, je ne suis pas Nice, je suis français et tout ça fait que je suis toujours en deuil quand il y a un malheur sur le territoire français."

"Pour nous, le spectacle est toujours en vente" 

Contactées par franceinfo vendredi après-midi, deux des quatre salles évoquées par Yassine Belattar sur Facebook – Nancy et Sausheim (Haut-Rhin) – contestent l'annonce de l'humoriste et assurent n'avoir eu vent d'aucune annulation. "Nous n'avons pas eu cette information, explique la salle Poirel de Nancy. Pour nous, le spectacle est toujours en vente."

L'espace Dollfus et Noack, à Sausheim, tient le même discours. La salle explique avoir été informée de cette annonce par un journaliste. "Nous vendons toujours des places pour son spectacle", assure son équipe vendredi. Même réponse du côté de l'Espace Julien à Marseille, rapporte un journaliste de l'AFP sur Twitter. 

Arrêt sur images (lien abonnés), qui a joint Yassine Belattar vendredi après-midi,  explique que "la production et les diffuseurs auraient décidé dans la journée [de jeudi] d'annuler des dates de spectacles en avril 2018 (…) pour des raisons économiques". Mais pour l'artiste, ce motif ne tient pas. "Ma promo pour ces salles-là commençait début janvier. La réalité, c'est que ce qu'infuse l'article de Marianne dans mes réseaux me fragilise professionnellement", assure-t-il au site d'information. Ce dernier ajoute que "selon l'humoriste, [les spectacles] ont été finalement rétablis, car pris en charge intégralement par la production, et non plus par les diffuseurs."

"Libé" prend la défense de l'humoriste

Après la parution de l'article dans Marianne, le site Arrêt sur images (article abonnés) avait pris la défense de Yassine Belattar, accusant l'hebdomadaire de prendre "quelques libertés avec l'exactitude" et rappelant que l'humoriste "ne cesse de clamer son amour de la France".

Dans un éditorial cinglant, Libération condamne lui aussi le "portrait à charge" de Marianne. "A lire ce papier, [Yassine Belattar] serait une sorte de nouveau Dieudonné, et donc forcément antisémite", commente le quotidien. "Il se trouve que Yassine Belattar a fait partie de la trentaine de personnalités de la société civile (intellectuels, artistes, écrivains, membres d’ONG et d’associations) qui ont accompagné Libération pendant la dernière campagne présidentielle. (…) Si Yassine Belattar était celui décrit par Marianne, il n’aurait évidemment pas été invité à le faire", poursuit-il, affirmant que l'humoriste "rêve de tolérance religieuse et de bienveillance républicaine. Il se dit avant tout et en dernier ressort français."

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