Semaine décisive pour les intermittents du spectacle
A l'approche de la saison des festivals, perturbée en 2014 par un précédent mouvement, ils ont lancé un avertissement lors de la conférence de presse du Festival de Cannes : "le Medef a la responsabilité de la bonne tenue des festivals, ce serait dommage qu'ils n'aient pas lieu". La CGT-Spectacle et la Coordination des intermittents et précaires (CIP) appellent à un rassemblement lundi à 17H devant le ministère du Travail où se tiendra la négociation interne à la profession. Un autre rassemblement doit se tenir jeudi 28 avril à 13H devant le Medef qui héberge les discussions de la convention chômage, avant de rejoindre la mobilisation contre la Loi Travail.
Claire Guillemain, qui pilote la négociation pour la Fédération des entreprises du spectacle vivant (Fesac) met toute son énergie pour aboutir à un accord : "On nous a confié une reponsabilité historique", dit-elle. "Il y a une chance d'aboutir à un accord interne à la profession", estime Denis Gravouil, secrétaire général de la CGT-Spectacle, tout en prévenant que "s'il y a un accord, il ne rentrera pas dans le cadrage financier imposé par le Medef".
Le cadrage financier, proposé le 24 mars par la partie patronale et signé par la CFDT, la CFTC et la CFE-CGC (syndicats minoritaires dans le spectacle) impose un effort global de 185 millions d'euros d'économies en année pleine d'ici à 2018 aux intermittents mais suggère que l'Etat en compense une partie, à hauteur de 80 millions. Ces conditions sont jugées "inacceptables" par la CGT et la Coordination des Intermitttents et précaires, qui ont réussi à mobiliser leur base lors d'assemblées générales très suivies à Paris et en province. Ni la Fesac ni la CGT-Spectacle ne souhaitent que l'Etat mette la main au porte-monnaie, comme il l'a déjà fait en 2014 en prenant en charge pour 100 millions d'euros en année pleine le "différé d'indemnisation" dénoncé par les intermittents, pour apaiser le conflit qui menaçait les festivals de l'été.
En 2014, le Premier ministre Manuel Valls avait réussi à sortir de la crise avec cette prise en charge ponctuelle et en introduisant par la loi une nouvelle méthode de négociation, qui fait confiance au secteur culturel pour arrêter ses propres conditions d'indemnisation mais dans le cadre d'un budget fixé par la Convention paritaire. Il était alors entendu que l'aide de l'Etat était transitoire, et que la somme irait nourrir un "Fonds pour l'emploi", auquel tient la Fesac. De leur coté, la CGT-Spectacle et la CIP craignent que la reconduction de la participation de l'Etat ouvre la voie à une "caisse autonome", qui sortirait les intermittents de la solidarité interprofessionnelle. Le risque serait alors considérable d'un désengagement de l'Etat lors d'une alternance politique.
La ministre de la Culture, Audrey Azoulay, a qualifié de "provocation" la lettre de cadrage mais s'est gardée de dire que l'Etat n'interviendrait pas, car le Premier ministre Manuel Valls a déjà laissé entendre que l'Etat était prêt à financer une partie des économies.
Si la profession aboutit à un accord acceptable par les négociateurs de la convention d'assurance chômage et que l'Etat met 80 millions au pot, la CGT Spectacle comme la CIP savent qu'il leur sera difficile de mobiliser leur base pendant l'été, avec des blocages ou prises de parole lors des festivals, comme en 2014.
Lors de la dernière AG au Théâtre de la Ville à Paris, Samuel Churin pour la CIP comme Denis Gravouil pour la CGT ont exhorté les intermittents à ne pas lâcher la proie pour l'ombre : "l'assurance chômage doit rester dans le cadre de la solidarité interprofessionnelle".
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.