Théâtre : quand les dîners de Noël montent sur les planches avec leurs tensions et leurs mensonges
À une semaine du réveillon, Noël s'invite au théâtre avec "Jusqu'ici, tout va bien" du collectif "Le grand cerf bleu", à découvrir au 104 à Paris. Une pièce tragi-comique qui réveille des bons et des mauvais souvenirs chez les spectateurs.
Trois grands enfants, les parents, la grand-mère. Le sapin est en bord de scène, les acteurs se sont faits beaux : le public est invité à passer le réveillon dans une famille comme les autres. "Alors, qui veut du champagne ?", lance l'un des comédiens au public. Une forêt de bras se lève. "T'as un verre ?, demande-il. Pas de verre, pas de champagne !"
Avec la pièce Jusqu'ici tout va bien, Noël c'est du théâtre. "Le réveillon de Noël, c'est une mise en scène, insiste Laureline Le Bris-Cep, l'une des comédiennes. On s'habille, on se déguise, on décore. Chacun reprend son rôle dans la famille". Avec Gabriel et Jean-Baptiste Tur ils forment le trio du collectif "Le grand cerf bleu". Ils ont écrit ce spectacle dans lequel ils jouent les enfants.
Un Noël universel
L'histoire de cette famille vient de souvenirs des acteurs, de témoignages, du travail d'un sociologue ou de rencontres dans des Ephad. "Il y a certainement des choses qui remontent au passé, il y a aussi des choses qui renvoient au présent, au futur de chacun, de s'affirmer en tant que personnalité, analyse Jean-Baptiste Tur. Et en même temps d'essayer de se prouver un amour peut-être, de vouloir faire bien, trop bien. et d'oublier de se dire l'essentiel. On essaie de faire consensus, donc de faire taire les endroits qui seraient le plus radicaux et le plus divergeant entre nous."
Ça commence sur un ton de théâtre de boulevard, puis, le décor est retourné, la pièce recommence derrière un mur et devant le public, c'est la cuisine, lieu des confidences. "Il y a aussi le préjugé du spectateur, explique Gabriel Tur. Il voit quelque chose, une version d'une soirée. Puis après quand on va renverser le décor et lui montrer ce qu'il se passe dans la cuisine, ce n'était peut-être pas ce qu'il attendait. Le personnage a une face plus sombre ou alors, il n'y a pas une seule ligne directrice dans sa vie, sa trajectoire".
Drôle et touchante, cette pièce touche forcément le public, d'autant plus que le mélange sur scène entre jeunes acteurs du théâtre contemporain et trois anciens, au parcours plus classique, fonctionne à merveille : "Pour rendre cette histoire universelle on avait quand même besoin qu'ils nous amènent des choses qu'entre jeunes on n'aurait jamais pu avoir", précise Laureline Le Bris-Cep. "Par exemple, Martine Pascal, qui a presque 80 ans, elle a perdu des gens. Forcément plus que nous qui avons une trentaine d'années, complète Gabriel Tur. Donc quand elle parle de ça sur un plateau je pense que c'est plus concret. Et je pense que les spectateurs aussi de tout âge dans les théâtres se reconnaissent un peu aussi à chaque génération présente sur le plateau."
Jusqu'ici tout va bien, au 104 à Paris jusqu'au 22 décembre.
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