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A la Comédie-Française, une "Double Inconstance" de Marivaux au goût très frais

C'est un Marivaux rafraîchissant que nous offre Anne Kessler, sociétaire de la Comédie-Française. Une friandise qui se déguste avec délectation et même si la pièce perd un peu de sa cruauté, avouons que nous n'avons pas boudé notre plaisir.
Article rédigé par Sophie Jouve
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
"La Double Inconstance" de Marivaux, mise en scène d'Anne Kessler
 (Raymond Delalande / SIPA)

Mais reprenons. Un prince charmé par une paysanne au doux nom de Silvia, décide de la retenir en son palais pour qu'elle se déprenne de son amoureux, Arlequin. Les manœuvres de sa complice Flaminia vont faire merveilles. Silvia tombe sous le charme du prince déguisé en officier, tandis qu'Arlequin tombe sous celui de Flaminia.  

Eric Génovèse (Trivelin), Stéphane Varupenne (Arlequin) et Florence Viala (Flaminia)
 (Raymond Delalande / SIPA)
Ce complot, Anne Kessler imagine de le situer dans un foyer de théâtre qui ressemble fort à celui de la Comédie-Française, pendant que des comédiens répètent la pièce de Marivaux.

Il y a un grand miroir avec une barre de danse, les fenêtres ouvrent sur un balcon et sur Paris. Les dates de répétition apparaissent.

Ce jeu de miroirs, de théâtre dans le théâtre est d'autant plus charmant qu'il est servi par de jolis décors de Jacques Gabel et des costumes délicieusement décalés qui mélangent les époques.

Des trouvailles musicales accentuent la fluidité du spectacle. On entend du Mozart, Arlequin joue de la guitare brésilienne et soudain Silvia et le prince se prennent pour Fred Astaire et Ginger Rogers.

C'est frais, pétillant et ironique, mais il y a aussi ces moments de vertige et d'aveuglement d'un petit monde paysan qui perd pied, contaminé par la coquetterie, les faux semblants et les honneurs des puissants. L'amour qu'on pensait éternel est finalement bien peu de chose. 

La distribution est aussi pour beaucoup dans la réussite de ce spectacle : Florence Viala est une Flaminia subtile et intense qui tire les ficelles sans illusions sur les hommes et sur le monde, Loïc Corbery un prince capricieux et insolent, Eric Genovèse un troublant Trivellin, valet inquiétant et entremetteur, petite réserve en revanche sur l'Arlequin de Stéphane Varupenne, quant à Adeline Hermy, elle est merveilleuse en Silvia, alliant la candeur et la cruauté de l'enfance.  
Adeline d'Hermy (Silvia) et Loïc Corbery (Le prince)
 (Raymond Delalande / SIPA)
Cette "Double Inconstance", qui date de 1723 et qui nous parle de l'amour et de ses perversions, n'est encore qu'un doux prélude aux "Liaisons dangereuses" qui seront publiées cinquante ans plus tard…

"La Double Inconstance" de Marivaux à la Comédie-Française
Du 29 novembre 2014 au 1er mars 2015
Salle Richelieu Place Colette, Paris Ier
Réservation : 0825 10 1680




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