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"American Tabloïd" sur la scène de la MC93 : du noir plein les yeux !

Adapter au théâtre le mythique « American tabloïd » de James Ellroy, une gageure ? Nicolas Bigards prouve, sur la scène de Bobigny, qu'avec de l’ambition et de la créativité on peut soulever des montagnes. Le résultat est spectaculaire !
Article rédigé par Pierre-Yves Grenu
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
"American Tabloïd" de James Ellroy, mis en scène par Nicolas Bigards
 (Victor Tonelli / ArtComArt)

James Ellroy écrit : "L’Amérique n’a jamais été innocente. C’est au prix de notre pucelage que nous avons payé notre passage sans un regret sur ce que nous laissions derrière nous. Nous avons perdu la grâce et il est impossible d’imputer notre chute à un seul événement, une seule série de circonstances."

"American Tabloïd" est un monument de la littérature américaine. Dans l’ombre d’un président charmeur qui fait rêver le monde entier, toute une société secrète s’agite et multiplie les coups tordus. Entre l'entourage de JFK, le FBI du marionnettiste J. Edgar Hoover, la mafia, les camionneurs de Jimmy Hoffa, ou le showbiz poisseux de Howard Hughes, une grande bataille pour le pouvoir est engagée. Et tous les coups sont permis.

De ce roman noir, cynique et fascinant, Nicolas Bigards a choisi de faire un grand spectacle. Pas plus optimiste, certes, mais malin, plein de trouvailles.
  (Victor Tonelli / ArtComArt)
Son occupation de l’immense scène de Bobigny est étonnante. Lorsque le rideau se lève, c’est presque une ville qui se révèle dans la pénombre. Bureaux du FBI, d’un journal à scandales ou d'un syndicat, appartements de militants communistes sous haute-surveillance… Les couleurs d'un "Mad Men" de la nuit, version trash ! 

Avec ses faux airs d’Eddie Constantine, l’homme de main (Yann Berliet) nous met tout de suite au parfum. On ne fera pas dans la poésie ce soir… On dessoude, on salit, on fait le ménage.
  (Patrick Fouque )
Il faut parfois s’accrocher pour suivre tous ces fils qui s’entrecroisent, se mélangent dans un spectacle inévitablement bavard. Mais le plus important, c’est l’impression générale qui s’installe. Le malaise, le doute… Personne n’est épargné. On pourra chercher longtemps un monsieur propre dans cet univers gangréné où flics, politiques et mafieux dansent main dans la main.
  (Victor Tonelli / ArtComArt)
La voix off est sur scène, des écrans vidéo diffusent des images d’archives et Théo Hakola (Orchestre Rouge, Passion Fooder), installé au coeur de l'action, nous offre une bande originale live exceptionnelle. Cet « American Tabloïd » n’est sans doute pas sans défaut, mais il surprend, secoue et dégage une belle énergie communicative.

"American Tabloïd" à la MC 93
Jusqu’au 22 décembre 2013
9, boulevard Lénine 93000 Bobigny
métro Bobigny Pablo Picasso (Ligne 5)
ou Tramway T1 : Hôtel de Ville de Bobigny
Réservation : 01 41 60 72 72


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