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"Art" de Yasmina Reza fait toujours un tabac 24 ans après

"Art" de Yasmina Reza, est de retour à Paris au théâtre Antoine. En 1994 Yasmina Reza avait connu un immense succès, non seulement en France mais aussi à l’étranger, puisque la pièce a été traduite en 40 langues. Ce fut pour l’auteur, le début d’une reconnaissance internationale.
Article rédigé par Sophie Jouve
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
"Art" de Yasmina Reza au théâtre Antoine
 (Pascal Victor/ArtcomART)

On retourne avec une immense curiosité et un peu d’appréhension voir cette pièce, qui avec Pierre Arditi, Fabrice Luchini et Pierre Vaneck nous avait tant séduits. Même décor, celui d’un intérieur chic et sobre d’un blanc immaculé, et Patrice Kerbrat a repris sa mise en scène de l’époque, précise et élégante, en la faisant à peine évoluer.

Il ne faut pas bien longtemps pour confirmer notre souvenir. Vingt-quatre ans après, cette histoire d’amitié brisée par l’achat d’un tableau "Blanc" fait toujours autant d’effet. Une acquisition qui tout à coup révèle les non-dits, les amertumes… Serge, dermatologue, fait l’achat ruineux d’un tableau et provoque la fureur de Marc, l’ingénieur rétif à toute modernité. Yvan, assiste avec incrédulité et impuissance à ce jeu de chamboule-tout.

Alain Fromager, Charles Berling et Jean-Pierre Darroussin dans "Art"
 (Pascal Victor/ArtcomART)

Le nouveau trio s'impose

Bien sûr, pendant le premier quart d’heure, nous reviennent à l’oreille les prestations de Luchini et Arditi. Mais très vite le nouveau trio s’impose. Charles Berling distille sa stupéfaction, son arrogance et sa jalousie d’ami qui s’estime trahi par une passion qu’il méprise et dont il se sent exclu. Alain Fromager, campe un esthète séduisant et exaspéré. Dans le rôle d’Yvan, le souffre-douleur à qui ses amis reprochent de ne pas prendre position, Jean-Pierre Darroussin est inénarrable, jouant admirablement la banalité d’un looser. Son monologue sur la rédaction du carton d’invitation à son mariage est déjà un morceau d’anthologie.
"Art", mise en scène de Patrice Kerbrat
 (Pascal Victor/ArtcomART)

Drôle et mélancolique

On se retrouve de nouveau suspendu à ce trio, à cette crise existentielle aussi drôle que mélancolique qui risque de bouleverser la vie à tous les trois. "Il y a eu un grand malentendu au sujet de ‘Art’. La pièce ne traitait pas de l’actualité crue, le débat sur l’art contemporain autour duquel s’articulait la dramaturgie n’était qu’un prétexte (… ) ‘Art’ est une pièce dont je n’ai jamais eu envie d’éclairer les ambiguïtés. Elle raconte la brisure d’une amitié. Je ne saurai aller au-delà". Voilà ce que déclarait Yasmina Reza tout récemment. C’est d’ailleurs avec une jolie pirouette qu’elle nous laisse à moitié rassurés sur les liens futurs des personnages, qui avec leurs défauts et leurs qualités, nous touchent chacun à leur tour. Et le talent des trois nouveaux acteurs de 2018 y est pour beaucoup.

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