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Au centre pénitentiaire de Meaux, du théâtre pour une rare aventure collective avec les détenus

L'Orchestre de chambre de Paris participe à un atelier au centre pénitentiaire de Meaux-Chauconin pour une création, "Un homme qui marche", d'après l'"Histoire du soldat" d'Igor Stravinsky. La pièce sera donnée samedi et dimanche au théâtre de l'Athénée à Paris, avec les détenus qui ont participé à cette aventure étonnante.

Article rédigé par Yann Bertrand
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Musiciens, comédiens et détenus ont répété ensemble pendant plusieurs semaines au centre pénitentiaire de Meaux-Chauconin. (Orchestre de Chambre de Paris)

Au bout du couloir, dans une aile du centre pénitentiaire de Meaux-Chauconin, la musique résonne depuis plusieurs semaines. L'Orchestre de chambre de Paris répète avec ses musiciens, dont Jean-Édouard Carlier à la contrebasse. "L'univers carcéral est une espèce d'idée qu'on se fait depuis la naissance, mais il y a un rapport très humain avec eux", note ce dernier. Franck Della Valle, au violon, grand habitué de ces ateliers avec l'OCP, complète : "Parce qu'ils viennent avec des espoirs !"

"Il y a quelque chose de très enfantin, on s'amuse beaucoup."

Armand, détenu et participant au projet

à franceinfo

Devant eux, sept détenus ce jour-là, et deux comédiens. Ils répètent inlassablement, se trompent, recommencent, s'encouragent. À la mise en scène, Héloïse Sérazin. L'Histoire du soldat d'Igor Stravinsky lui a inspiré cette pièce, Un homme qui marche : "Aucun d'eux n'est jamais monté sur scène", précise-t-elle. Et parmi les détenus, il y a Armand : "J'ai voulu essayer, et ça m'a plu, on s'amuse beaucoup, on rit".

Le théâtre comme une responsabilité citoyenne

Pas très loin derrière, toujours, la coordinatrice culturelle du centre pénitentiaire, Irène Muscari : "Ils sont capables de le faire, mais le plus compliqué, c'est de les convaincre eux-mêmes". Cela fait près de quinze ans qu'elle organise ces activités, en lien avec le SPIP de Seine-et-Marne : "Très régulièrement, je les vois partir en promenade avec leur texte. Il y a quelques années, on a monté l'Iliade et à l'intérieur du bâtiment, ils se faisaient appeler Patrocle ou Agamemnon".

"Participer à ce projet, c'est aussi leur dire : 'Vous êtes tombés dans un trou sur la chaussée, de quelle manière je peux vous aider aujourd'hui ?'"

Héloïse Sérazin, metteure en scène d'"Un homme qui marche"

à franceinfo

Pour Héloïse Sérazin, qui a aussi accepté le projet par conviction, il y a donc une responsabilité à faire entrer du théâtre ici. Samedi et dimanche, tous joueront sur les planches du théâtre de l'Athénée, dehors. Il y a de l'attente, et une pointe d'anxiété. "Franchement, ce sentiment-là, je ne l'ai pas encore. Je vous répondrai après la prestation", avance prudemment Armand. L'essentiel, évidemment, est ailleurs, dans l'aboutissement d'une rare aventure collective entre les murs de la prison.

"Un homme qui marche", un atelier avec l'Orchestre de Chambre de Paris et des détenus de Meaux-Chauconin - Reportage de Yann Bertrand

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