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Avignon Off : Jean-François Derec formidable dans "Le jour où j’ai appris que j’étais juif"

Le drôle et touchant Jean-François Derec joue l’adaptation de son roman éponyme, "Le jour où j’ai appris que j’étais juif" au théâtre du Chêne Noir, sous la direction d’un grand homme de théâtre, Georges Lavaudant. Un très beau moment.
Article rédigé par Sophie Jouve
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Jean-François Derec dans "Le jour où j'ai appris que j'étais juif"
 (Philippe Hanula)

Georges Lavaudant et Jean-François Derec se retrouvent, toujours aussi complices, 50 ans après avoir débuté ensemble à Grenoble dans un trio de clowns, avec Ariel Garcia-Valdès. Grenoble, c’est là que Derec a grandi, c’est là qu’il découvre, dans les années 60 qu’il est juif, alors que ses parents, des survivants juifs polonais, ont tout fait pour le lui cacher.

"Un zizi coupé en deux"

J’ai 10 ans, Christine, 11 ans, me propose de me montrer ses seins si je baisse mon pantalon, Je suis timide, je décline la proposition. Elle me lance : "Je sais pourquoi tu ne veux pas me le montrer. Parce que tu es juif et que tu as le zizi coupé en deux !" Le ciel m’est tombé sur la tête. Ma mère était-elle au courant qu’elle avait mis au monde un enfant juif ? 

Jean-François Derec dans une adaptation de son livre autobiographique
 (Philippe Hanula)

Derec nous conte son enfance à l’ombre de la Grande histoire, avec un joli sens de la formule, alliant gravité et humour, délicatesse et distance. Avec un rien, il nous fait replonger dans la France des années 60.

 Le trou de mémoire

"Le devoir de mémoire, c’était plutôt le trou de mémoire pour ma mère" confie-t-il. Sa mère qui a toujours voulu être plus française que les Françaises, Grenobloise ! Le petit Derec ira donc au catéchisme où il est peu réceptif. La découverte tardive de sa religion juive, vécue comme un retour à la maison, donne lieu à une scène savoureuse. 

C’est en cherchant dans les souvenirs de ses parents, que Derec découvrira des petites photos et quelques pauvres documents qui lui feront comprendre que sa famille, grand-parents, oncles, tantes, cousins, ont été décimés pendant la guerre.  
  (Philippe Hanula)
"Mes parents sont comme les grottes de Lascaux, pleines de souvenirs, mais interdites au public". On rit, on est touché jusqu’aux larmes aussi, par les regrets de l’auteur-acteur qui aurait tant aimé avoir une grande famille, des cousines à couettes comme ses copains, lui qui n’avait qu’un frère et une soeur. Jean-François Derec doit se résigner : "pour mon arbre généalogique, un bonsaï suffit". 

  (Philippe Hanula)

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