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Avignon : "Arctique" d'Anne-Cécile Vandalem, un thriller d’anticipation servi frappé

Anne-Cécile Vandalem fait souffler un vent glacé sur Avignon avec un thriller d’anticipation qui se passe en 2025 dans le Grand Nord. La metteuse en scène belge veut alerter, avant qu’il ne soit trop tard, sur le pillage des richesses du Groenland, rendues exploitables par le réchauffement climatique.
Article rédigé par Sophie Jouve
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Christophe Raynaud de Lage/Festival d'Avignon)

Sur la grande scène de la Fabrica nous voilà embarquant sur le Crystal-Serenity, qui a depuis longtemps perdu de sa superbe. Dans le salon Art Déco moquetté, quelques chaises se battent en duel. Un homme bourru et une jeune fille, Sila, accueillent les passagers.  

  (Christophe Raynaud de Lage/Festival d'Avignon)
Ils sont sept à monter à bord (un journaliste, une ancienne ministre du Groenland, une ancienne activiste…), conviés par une mystérieuse lettre anonyme. On découvrira que tous ont un lien avec l’accident qui dix ans plus tôt provoqua la mort d’une militante écologiste, dont l’organisation fut reconnue coupable du sabotage du navire. Le paquebot en cale sèche depuis lors, est aujourd’hui remorqué jusqu’au Groenland pour être transformé en hôtel de luxe..  

 Huis clos oppressant

La metteuse en scène belge mène son intrigue à tiroirs avec clarté, très à l’aise avec son huis clos oppressant où chacun avance masqué et lutte pour sa survie, le capitaine ayant, de manière mystérieuse, disparu.
  (Christophe Raynaud de Lage/Festival d'Avignon)

La vidéo démultiplie les situations

Sur un écran placé au-dessus de la scène, Anne-Cécile Vandalem filme en direct tout ce qui se passe dans les couloirs et les cabines, démultipliant les angles et les situations mais aussi les références aux grandes épopées maritimes, y compris les plus tragiques, comme quand elle reprend un dialogue de DiCaprio dans Titanic.  
  (Christophe Raynaud de Lage/Festival d'Avignon)
Le tout accompagné par des airs de jazz ou des chansons d’amour joués par un orchestre qui trône dans le salon : ces musiciens, qui sont tous des vieux messieurs, semblent avoir exécuté ces standards depuis la nuit des temps et continuent à le faire quoiqu'il arrive. 

Burlesque, humour noir et suspense

Dans l’ambiance de fin du monde de ce bateau fantôme, Vandalem emprunte à tous les genres, manie le burlesque comme l’humour noir, crée un vrai suspense autour de ses personnages. Dommage qu’elle mette si longtemps à installer l’intrigue et que son message politique, les dégâts irréversibles dans ces territoires du Nord, finisse par se diluer dans sa narration.
  (Christophe Raynaud de Lage/Festival d'Avignon)
On aura en tout cas apprécié sa liberté, sa vraie singularité, ainsi que sa troupe à fortes personnalités : Jean-Benoît Ugeux, Véronique Dumont, Zoé Kovacs... Epona Guillaume qui interprète Sila Thuring, la fille de l’activiste décédée, est épatante (et elle a en plus un joli brin de voix). Vandalem en fait la métaphore d’autres victimes, les générations à venir. Bouclant la boucle entamée par Thomas Jolly dans "Thyeste", où déjà les futurs adultes étaient menacés par la nuit du monde. 
 

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