"Ça a été une édition exaltante" : le directeur du Festival d'Avignon se défend des critiques sur la programmation
Olivier Py a fait le bilan de l'édition 2019 du Festival d'Avignon sur franceinfo mardi.
Alors que le 73e festival d'Avignon (le "in") se termine mardi 23 juillet, c'est l'heure du bilan pour son directeur, Olivier Py. "Ç'a été une édition totalement exaltante", affirme-t-il à franceinfo alors que les critiques n'ont pas été tendres pour cette édition 2019.
Malgré des critiques, le public au rendez-vous
La billetterie reste l'un des points positifs de cette édition. Comme lors des précédentes années, le taux de remplissage est élevé et atteint 95%. Au total, 138 000 entrées pour 43 spectacles ont été comptabilisées. "Le monde entier nous envie la ferveur du public qu'il y a à Avignon", assure Olivier Py.
En revanche, plusieurs pièces sont loin d'avoir convaincu la presse, et ce jusqu'aux États-Unis. Le festival avait d'ailleurs mal commencé avec le trop long et trop bavard Architecture de Pascal Rambert dans la cour d'honneur du Palais des papes. Quand le festival rate son début, c'est toujours mauvais signe. Mais "je ne l'ai pas vécu comme un spectacle qui a déçu. Je l'ai vu comme un spectacle de très grande ambition qui a beaucoup plu au public en dépit d'une très grande ambition poétique", défend Olivier Py. "Sur la fin de la représentation, j'ai vu un public debout, acclamant la parole du poète, poursuit-il, tout en affirmant qu'il n'y a pas eu beaucoup de sorties par rapport à d'autres fois".
Un théâtre trop politique avec François Hollande sur scène
Cette année le thème était l'odyssée, d'Homère aux migrants, ce qui permettait de donner une connotation très politique aux spectacles. La sidération est venue de Nous l'Europe, banquet des peuples de Laurent Gaudé mis en scène par Roland Auzet. Un spectacle dans lequel sont venus sur scène, comme un cheveu sur la soupe, des politiques comme François Hollande. Les belles idées font-elles les belles œuvres d'art ? Non, on le sait depuis longtemps. Le théâtre est politique par essence, mais quand il n'est que politique, il enfonce des portes ouvertes, flatte un public convaincu qui semble oublier les émotions passées, quand le politique surgissait de l'intime, de l'esthétique, de la dramaturgie.
Dans ma vie je pourrais me flatter d'avoir découvert certains des plus grands artistes de la scène
Olivier Py, directeur du festival d'Avignonà franceinfo
Autre reproche souvent entendu dans les rues d'Avignon : l'absence des meilleurs metteurs en scène européens, comme Roméo Castellucci, Simon Mc Burney ou Christoph Marthaler. Là encore, Olivier Py défend ses choix : "Quand j'étais à l'Odéon [il a dirigé ce théâtre parisien de 2007 à 2012] j'avais programmé Ivo Van Hove, Ostermeier, Joël Pommerat... Et j'avais eu des critiques disant 'Pourquoi ne voit-on plus Peter Stein, Luc Bondy ?' C'est une éternelle histoire. Je pense que dans ma vie je pourrais me flatter d'avoir découvert certains des plus grands artistes de la scène."
À Avignon l'année prochaine, le thème sera Eros et Thanatos, l'amour et la mort. A priori, on devrait échapper aux poncifs entendus cette année.
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