Christiane Taubira, oratrice et comédienne, fait un carton au Festival d'Avignon
Dès 11h ce samedi matin le jardin Ceccano au cœur d’Avignon était littéralement pris d’assaut, les bancs étant archi-complets, on s’assoit sur le sol poussiéreux. A peine sonné midi au clocher de l’église voisine, Christiane Taubira s’avance au milieu d’une meute de photographes. Le calme revenu, elle monte sur scène, et dans un silence complet sa voix si particulière commence à retentir : "Écoute, écoute, dans le silence de la mer, il y a comme un balancement maudit qui remet le coeur à l'heure".
Un extrait du poème de Léo Ferré, "plein de rage et parsemé d'horreurs", selon ses mots, en guise d’introduction à ce feuilleton politique. "J’ai cédé à mes penchants dit-elle dans un sourire, je vais parler des femmes, leurs combats, nos combats, leurs regards, nos regards et aussi parfois des hommes, les hommes idiots, condescendants, parfois perspicaces" (éclat de rires de l’assemblée). Et voilà l’ancienne Garde des sceaux dans une envolée dont elle a le secret, énumérant les thèmes des jours à venir : droits des femmes, conquête sociales, laïcité, peine de mort…
Reportage : Christian Tortel, Albane Lussien, Philippe Champenois
Une "hôtesse privilégiée"
Je serai une hôtesse privilégiée conclut-elle sous des applaudissements nourris, avec cette voix et ce charisme à rendre jaloux les comédiens présents.Après cette prise de parole d’une quinzaine de minutes, Christiane Taubira s’éclipse dans la foule jusqu’au salut final. Des élèves du conservatoire, et des comédiens plus âgés, se lèvent un a un pour lire son choix de textes du jour qui évoque l’immigration, l’exil forcé, la peur irrationnelle de l’autre et ce paradoxe des réfugiés : leur espoir.
Sur le plateau, de simples chaises avec des pancartes portant le nom des auteurs : "Senghor", "St John Perse", "Neruda", ou la somalienne Warsan Shire a qui l’on doit ces propos sur l’exil : "Personne ne quitte sa maison à moins que sa maison soit devenue la gueule d'un requin".
On regrette cependant de ne pas toujours identifier les auteurs. Malgré cette lacune, le public concentré prend un réel intérêt à entendre ces textes incarnés de façon si différente, et à faire partie de ce moment de partage.
Après “La République de Platon” du philosophe Alain Badiou qui avait démarré ce rendez-vous il y a deux ans et les grandes heures du festival racontées par Thomas Jolly l’année dernière, ce nouveau feuilleton s’annonce comme le hit d’Avignon 2017 !
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