"Combat de Nègre et de Chiens", la puissance de Koltès toujours aussi actuelle
La compagnie du Bredin, installée à Mancieulles (Meurthe-et-Moselle), revisite "Combat de Nègre et de chiens" de Bernard-Marie Koltès. "Un miroir de notre époque, de notre début de siècle, confus, en manque de repères. Trop souvent violent", raconte Laurent Vacher, le metteur en scène de la pièce.
Reportage : Franck Gaillet, Jean-Pierre Petitcolas et Alain Thiery
Le chaos du monde
L'intrigue, un huis clos avec quatre personnages troubles, s'étire pendant toute une nuit de violence, d'amour et de désir. "Combat de Nègre et de Chiens évoque le chaos du monde, le chaos de notre humanité. Les personnages se dressent tour à tour tels des pépites d'amour ou de haine, constituant chacun une part d'un naufrage annoncé." C'est ainsi que le metteur en scène Laurent Vacher envisage le texte de Bernard-Marie Koltès.Les troubles du langage
Ecrite en 1980, la pièce du dramaturge lorrain résonne aujourd'hui encore avec puissance. Chaque personnage parle son propre langage et reflète les égoïsmes et les lâchetés propres à l'être humain qui se cache et qui a peur. "On retrouve encore beaucoup d'interrogations sur la langue, la violence, sur le désir de l'autre, le rejet et l'obstination", relate encore le metteur en scène.Le noir et le blanc
Dans cette pièce, comme dans tant d'autres de Koltès, le dramaturge interroge une fois encore avec intensité, la thématique de la différence. Il y a deux thèmes frappants dans "Combat de Nègre et de Chiens" : d’une part la différence entre hommes et femmes et d’autre part la différence entre Noirs et Blancs. "C'est pas l'essentiel mais c'est une chose très importante, le rapport entre les Noirs et les Blancs. Comment ça peut fonctionner ou comment ça ne fonctionne pas. Ça reste une grande interrogation de Koltès", explique Laurent Vacher.Résumé de "Combat de Nègre et de Chiens"
Dans un pays d’Afrique de l’Ouest, un chantier de travaux publics, d’une entreprise étrangère. Alboury, un “Noir mystérieusement introduit dans la cité” où vivent les Blancs, est venu réclamer le corps de son “frère”, prétendument mort dans un accident de travail, en fait tué d’un coup de revolver par l’ingénieur Cal. Son intrusion coïncide avec l’arrivée de Léone, tout juste débarquée de l’hôtel de Pigalle où elle travaillait pour épouser Horn, le chef de chantier. Cal, intrigué qu’elle ait pu accepter de suivre un homme “à qui il manque l’essentiel”, tourne autour de Léone tandis que Horn tente de négocier avec Alboury : il veut à tout prix éviter que la vérité soit connue. Mais celui-ci refuse de quitter les lieux avant d’avoir obtenu ce qu’il demande, ce qui l’amène à rencontrer Léone à plusieurs reprises. La jeune femme lui déclare son amour devant Horn, et lui conseille d’accepter la contrepartie financière qu’on lui offre. Alboury crache au visage de Léone et s’obstine. C’est l’impasse : Horn et Cal tentent alors d’organiser le meurtre d’Alboury, mais c’est finalement Cal qui sera exécuté par les sentinelles noires qui montent la garde autour de la cité. Léone rentre à Paris après s’être scarifié le visage avec un tesson de bouteille, à l’image du visage d’Alboury.
Texte de Bernard-Marie Koltès
Mise en scène : Laurent Vacher
Avec : Quentin Baillot, Daniel Martin, Stéphanie Schwartzbrod, Dorcy Rugamba
- Du 19 au 23 janvier 2016 Théâtre Jean Arp
22 rue Paul Vaillant Couturier 92140 clamart 141901702
- Du 27 au 30 janvier 2016 Théâtre Ici&Là
11 rue du Parc 54790 Mancieulles 03 82 21 38 19
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