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Comédie-Française : un "Faust" de cabaret à la magie 2.0 pas si envoûtante
Deux fers de lance de la "magie nouvelle", Valentine Losseau et Raphaël Navarro, mettent en scène "Faust" à la Comédie-Française. Un projet audacieux pour un résultat qui laisse le spectateur perplexe.
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La pièce s’ouvre sur le dialogue en apesanteur entre Dieu (Elliot Jenicot) et Méphistophélès (Christian Hecq). Ils décident de tester la résistance à la tentation du docteur Faust (Laurent Natrella), lui faisant miroiter de nouveaux pouvoirs en échange d’un pacte avec le diable.
Une succession de saynètes
S’en suit une succession de saynètes où Christian Hecq fait la démonstration s’il en était besoin de son talent burlesque. La rencontre entre Faust et la sorcière (Elliot Jenicot là encore) est l’une des plus réussies. Celle-ci, avec l’assistance de ses lutins, lui concocte une potion de rajeunissement, puis lui présente dans un miroir magique la jeune Marguerite dont il tombe follement amoureux.Reportage JL.Serra, M.Tafnil, G.Bezou
Toute la panoplie des magiciens 2.0
Tout cela est assez amusant mais on se croyait dans un drame métaphysique alors qu’on est plutôt dans Blanche-Neige ! Diablotins, hologrammes, effets visuels comme dans un film d’animation… Les metteurs en scène ont recours à toute la panoplie des magiciens 2.0. Mais en cherchant à trop faire ressortir l’humour de l’œuvre, on en perd la chair et on ne sait plus très bien ce que l’on est venu voir.Par exemple la nuit des Walpurgis, qui dans Goethe est un sabbat de sorcières, se transforme ici en grande fête des esprits du théâtre avec l’apparition des silhouettes de la troupe du Français : on ne voit pas très bien le rapport avec l’histoire de Faust.
On finit par se détacher de ces personnages, de ce Méphistophélès-Hecq trop farceur, de ce Faust-Natrella assez fade. Bien sûr certains s’amusent et nous distraient. Elliot Jenicot jubile dans différents rôles à transformation : Dieu, un vieux paysan, l’étudiant, la sorcière… Benjamin Lavernhe est aussi drôle quand il imite Eric Ruf dont il porte le masque, qu’émouvant en Valentin, le frère de Marguerite qui mourra en duel.
Dans le rôle de Marguerite, Anna Cervinka fait passer avec délicatesse une belle palette de sentiments. Elle est enfin le vrai fil conducteur du drame qui se joue, jusqu’à sa mort programmée dans les flammes du bucher (un effet visuel très réussi).
La pièce se termine ainsi, abrupte, oubliant le coup de théâtre final de Goethe qui renverse complètement la perspective de l’histoire. Et l’on se dit que plus de deux heures trente pour en arriver là, c’est tout de même un peu trop.
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