Coronavirus : dans un paysage théâtral restreint par la crise, les pièces à voir cet été à Paris et en régions
Paysage théâtral quasi désert cet été, la plupart des salles enjambent la belle saison pour ne reprendre qu'en septembre. Tour d'horizon de ce que l'on peut malgré tout se mettre sous la dent en juillet-août.
Sale temps pour les amateurs de théâtre : malgré le déconfinement des salles, quasi aucune d'entre elles n'a véritablement repris une programmation. Un été engourdi, pour un automne exalté ? Vu le contexte, rien n'est moins sûr.
Le poids des mesures sanitaires
La crise sanitaire est toujours là, et la probabilité d'une deuxième vague aussi, a fortiori à l'automne. Les théâtres doivent gérer les précautions sanitaires imposées. Drastiques, celles-ci sont le frein à toute franche reprise."On envisage la prochaine saison avec beaucoup d'incertitudes. C'est très difficile de se projeter et la distanciation physique pose des problèmes psychologiques allant à l'encontre de la communion des spectateurs, celle qui se fait épaules contre épaules...", nous a concédé Bertrand Thamin, président du Syndicat National du Théâtre Privé.
"Il n'y a pas de touristes cet été, c'est une raison pour laquelle il n'y a rien de prévu, d'autant qu'on nous a permis de rouvrir au moment où tout le monde part habituellement à Avignon...", regrette l'homme qui est aussi co-directeur du théâtre Montparnasse. Et en effet, c'est surtout avec l'annulation de ce grand rendez-vous que le sixième art semble si désoeuvré cet été. Avignon est le point de convergence mondial de tous les acteurs du métier, et de tous ses amoureux. Mais certaines salles n'oublient pas ces privés de scènes qui rongent leurs freins depuis mars : à Paris comme en province, quelques propositions sont tentées et mises à l'affiche.
À Paris, quelques oasis en plein désert
Dans la capitale, rares sont les théâtres qui ont relevé le rideau pour juillet-août. Parmi les rares exemples, Littoral, de Wajdi Mouawad, se jouera au théâtre de la Colline du 7 au 18 juillet. Alors que le théâtre de Belleville propose Hedda de Lena Paugam, visible jusqu'au 5 juillet et Une vie de Gérard en Occident, mis en scène par Gérard Potier, du 8 juillet jusqu'au 27 septembre. Le théâtre de la Ville affiche quant à lui cinq spectacles au mois de juillet, à un tarif unique de 10 euros, histoire de rééclairer le chemin des salles. On citera notamment Alice et le miroir, où l'auteur Fabrice Melquiot et le metteur en scène Emmanuel Demarcy-Mota revisitent l'oeuvre de Lewis Caroll entre théâtre et cinéma.
Hors salles, les alternatives restent tout de même plurielles cet été dans la Ville Lumière. Notons le Parisoffestival du 13 au 18 juillet avec 15 propositions artistiques au Gymnase Auguste Renoir et au Théâtre 14. Trois spectacles sont aussi programmés au lycée Jacques Decour dans le cadre du festival Paris l'été qui se tiendra du 29 juillet au 2 août. À Stains (Seine-Saint-Denis), le Studio théâtre ouvre ses espaces pour proposer un panel d’activités participatives. Des ateliers donc, ou des répétitions publiques, c'est majoritairement ce en quoi consistent les programmes de réouverture de ces quelques théâtres combatifs.
De Villeurbanne à Marseille, les germes d'une reprise
L'horizon n'est pas moins aride en régions. Les quelques reprises s'y font la plupart du temps sous forme de résidences, de rencontres et de visites. Les choses vont rarement plus loin. Cela se passe dans quelques théâtres de grandes villes, comme à Rennes, où le TNB a conçu un programme d'activités d'été en recevant plusieurs artistes comme Gisèle Vienne ou le groupe Catastrophe. Même état d'esprit à Villeurbanne ou le Théâtre National Populaire propose des ateliers d'initiation pour les jeunes, ce qui fait écho, à l'autre bout de l'Hexagone, avec l'initiative "Rêvons au théâtre" de la Criée de Marseille, des ateliers ludiques à destination de la jeunesse phocéenne. À Angers enfin, le nouveau directeur du Quai, le metteur en scène et comédien Thomas Jolly, a conçu une programmation de quinze spectacles modulables en privilégiant le théâtre de plein air avec gradins dédoublés.
Des propositions à pas feutrés donc, qui assurent le protocole sanitaire, en attendant la reprise, la vraie : celle des levers de rideaux et des feux de la rampe, celle des jeux et des bravos.
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