Des détenus jouent "Hamlet" au centre pénitentiaire d'Avignon, sous la direction d'Olivier Py
Ce partenariat entre le Festival d'Avignon et la prison est ancien : traditionnellement un spectacle était présenté aux détenus mais l'arrivée d'Olivier Py à la tête de la manifestation a fait évoluer le dispositif. "Il est venu faire un atelier pendant une semaine (en février 2015, Ndlr) et les gars n'ont pas voulu que ça s'arrête", explique Philippe, l'un des détenus-acteurs.
"Ca m'a beaucoup parlé politiquement, ça parle d'un homme enchaîné"
Le metteur en scène a ensuite animé un premier atelier de deux heures par semaine autour de la tragédie "Prométhée enchaîné". Jean-Michel confie "(qu')au début (il n'a) rien compris" au texte d'Eschyle: "Je l'ai lu, relu, puis ça m'a beaucoup parlé politiquement, ça parle d'un homme enchaîné".Le quadragénaire explique qu'après plusieurs mois de travail, il s'est senti vide après la fin de la représentation: "J'étais habité par mon personnage", dit ce gaillard au crane rasé et aux bras couverts de tatouages. Mamar, qui est aujourd'hui en semi-liberté, s'est inscrit au conservatoire d'Avignon après cette première expérience de comédien. Le jeune homme explique que la rencontre avec le directeur du festival l'a profondément bouleversé, lui ouvrant l'horizon de la lecture.
"Il faut pouvoir le jouer dehors, pour Olivier..."
L'expérience suscite l'engouement des participants, mais a également été très applaudie vendredi après-midi par la quarantaine de prisonniers venus comme spectateurs dans le gymnase du centre pénitentiaire converti en théâtre avec un matériel scénique réduit à un rideau noir. "Je ne connaissais pas le théâtre mais c'est super", dit Adil, âgé d'une vingtaine d'années, le pouce levé avec une moue de respect. Avec son camarade Mohamed, il envisage d'intégrer l'atelier.A la fin de la représentation, Olivier Py a promis que l'atelier serait reconduit. Philippe, Claudius dans "Hamlet", en a profité pour interpeller le directeur régional de l'administration pénitentiaire: "Il faut pouvoir le jouer dehors, pour Olivier...". Une évolution difficile, tempère le directeur Paca-Corse, Philippe Peyron, puisque trois détenus seulement sur la dizaine qui ont monté Hamlet cette année, auraient pu prétendre à une permission de sortie, affirme-t-il, mais pas impossible conclut-il.
"On va tout faire pour que ce soit possible", lance de son côté Enzo Verdet, le jeune assistant d'Olivier Py dans ce projet. Il souligne la grande qualité "d'écoute et la conviction" de ces stagiaires qui découvraient le théâtre et ont réussi, en quelques mois, à devenir acteurs.
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