Des Molières 2015 saupoudrés et consensuels
"Les Particules élémentaires" d'après Michel Houellebecq, mise en scène par Julien Gosselin, était favori avec 5 nominations. La pièce est repartie bredouille. Evincée par "La Vénus à la fourure" de l'américain David Ives (d'après le roman de Sacher-Masoch), doublement récompensée : meilleure pièce du privé et meilleure comédienne pour Marie Gillain qui a poussé un tonitruant "Putain !", que n'aurait pas renié son personnage de séductrice hyper sexy. Pour le reste on a eu droit à un saupoudrage de récompenses
L'audace on l'a trouvé du côté de Sébastien Thiéry, monté sur scène tout nu sous le regard interloqué de Fleur Pellerin, la ministre de la Culture pour interpréter un syndicaliste CGT en lutte pour le statut des intermittents du spectacle. Sébastien Thiéry auteur et un des comédiens de la pièce à succès "Deux hommes tout nus", nommée deux fois aux Molières, est reparti aussi nu qu'il était arrivé, sans récompense.
La ministre décidément gâtée, a été remplacée sur scène un peu plus tôt par un faux ministre de la Culture joué par François Morel vociférant : "Vous n'ètes que des bouffons et des homosexuels refoulés".
Premier Molière pour Emmanuelle Devos et André Dussollier
L'émotion de Dussolier, immense acteur, était palpable, presque surpris de décrocher à 69 ans son premier Molière (théâtre public) pour son rôle dans "Novecento". Le comédien et metteur en scène s'est beaucoup investi dans ce solo qui allie paroles et musiques, pour conter le destin de ce pianiste né et abandonné sur un paquebot. La pièce reprend le texte d’Alessandro Baricco, nous narrant l’étrange destin de cet enfant élevé par les matelots. Il deviendra pianiste de jazz dans les années 20 et ne quittera jamais le navire malgré toutes les sollicitations.
Emmanuelle Devos, elle aussi, décroche son premier Molière à 50 ans, mais il est vrai qu'elle est plus rare au théâtre, pour son rôle dans "Platonov" d'après Tchekhov, mise en scène par Rodolphe Dana et le collectif "Les possédés" (théâtre public). Elle y campe une femme amoureuse avide de brûler sa jeunesse alors qu'elle se sent dépérir dans un trou perdu.
Le Molière du théâtre public a créé la surprise, en récompensant une saga familiale pendant la guerre de 14-18, "Les coquelicots des tranchées", de Georges-Marie Jolidon. Pièce que nous avions découverte en Avignon l'été dernier.
Thomas Jolly, le jeune metteur en scène (33 ans) de "Henry VI", saga haletante de 18 heures nommée deux fois, est distingué par le Molière du metteur en scène, récompense méritée pour 4 ans de travail avec une troupe éblouissante qui nous a emportés jusqu'au bout de la nuit.
Au nez et la barbe de Claude Brasseur et François Berléand, Maxime d'Aboville emporte le trophée du meilleur comédien dans un spectacle privé pour "The Servant", de Robin Maugham, mis en scène par Thierry Harcourt.
Le Molière de l'auteur francophone vivant a été décerné au prolifique Eric Assous pour "On ne se mentira jamais !". Le Molière du théâtre musical a ravi une bande de 4 filles et 8 garçons bourrés d'énergie des "Franglaises", irrésistible transposition en français des grands tubes anglo-saxons.
Nicolas Bedos maitre de cérémonie a été diversement inspiré pour sa deuxième Nuit des Molières. A plusieurs reprises on le voyait ainsi courir dans les loges après Pierre Arditi qui refusait systématiquement de venir remettre un trophée, lançant à Bedos : "Ton texte c'est de la merde !". Un sketch un peu masochiste, tendance "Vénus à la fourure" ?
Le best of de la soirée :
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